Dans la flemme, la tristesse ou l’impatience du retour de vacances, qu’est-ce qui est "normal" et qu’est-ce qui ne l’est pas ? À part les enfants, est-ce que pour nous, les adultes, c’est grave la flemme de retourner travailler ?
C’est un sujet rituel depuis qu’on est petit : à la fin des vacances, on a -ou pas- envie de retourner à l’école, de retrouver les copains, de sortir de l’ennui des vacances, de retrouver la liberté des routines hebdomadaires. Au contraire on craint -ou pas- la nouvelle classe, la couleur des murs et les recréations, les rires des autres.
- L’envie d’y aller c’est, dans le cas des adolescents, un indicateur de développement, un indice de réussite scolaire.
- La non-envie d’y aller peut-être un indicateur de risque, de rejet, de perte de confiance dans l’avenir.
La fin de l’été
On a la flemme et en même temps on sait que "le travail c’est la santé". Car la curiosité et les craintes du retour font partie de la vie. On ne va quand même pas faire un drame de tout ce qui perturbe nos neurones… Sans un petit effort, on perdrait le goût des vacances 😊. Les horaires et les calendriers ont du bon. Et il y a toujours des réalités à accepter, comme le chef imprévisible, la fatigue des réunions en télétravail, les plateformes de contrôle et les excès de reporting, les changements d’ERP. C’est comme les bonnes résolutions de rentrée, ça fait partie de la fin de l’été.
Des réponses préfabriquées à des questions complexes
Néanmoins, il semble que les choses ont changé. Le confinement et le télétravail ont fait surgir de nouveaux besoins, de nouvelles attentes et exigences au travail. En même temps, les situations de pressions et d’excès de charge de travail se sont démultipliées. On vit souvent au-dessus de ses moyens, et l’avenir du monde n’est pas sûr. Le questionnement sur le travail a évolué et les situations à risques aussi.
Nous sommes passés d’un regard sur la vie professionnelle basé sur "la promotion, les possibilités de succès, l’image et le statut" à une nouvelle demande où chacun découvre que ce qu’il cherche dans le travail, ce n’est peut-être pas la même chose que l’autre. Nous sommes passés des réponses préfabriquées à des questions complexes.
Comment différencier "la flemme normale" de la situation à risque ?
Le retour au boulot peut supposer l’obligation de réfléchir différemment sur son travail. Au retour de vacances, on se promet de moins travailler et la paresse de penser différemment se rajoute à la flemme du retour.
- Il y a des questions suspendues par le soleil de l’été, qui sont en lien avec la confiance en l’avenir. Elles remontent naturellement avec les pluies de septembre : le besoin de progresser professionnellement, de mieux se positionner en interne, d’améliorer ses interventions dans les réunions, de corriger certains aspects relationnels, de mieux s’organiser…
- Il y a des questions ravivées par la détente de l’été et les conversations de fin de soirée. Elles font preuve de bon sens et même de réalisme : notre âge et son impact sur nos aspirations et projet de vie, les questionnements sur les choses qui nous motivent au travail, les difficultés circonstancielles ou de fond, les envies d’un autre sens, de moins de stress, de moins de travail. Ces questions sont normales, elles ont de la couleur, elles ravivent notre esprit critique. Elles s’amenuiseront avec le rythme de l’agenda. Et si elles reviennent, elles sont rarement à risque et font partie de la pertinence de la gestion de sa vie professionnelle.
- Il y a des questions qui existaient avant, et que l’été a juste un peu rapiécées, voire escamotées. Ces questions étaient là avant de partir : elles étaient là cachées dans l’attente des vacances, elles étaient là tous les week end, chaque fois qu’on pouvait s’arrêter. C’est l’angoisse du dimanche à cinq heures à l’idée du lundi matin, démultipliée par l’angoisse du lundi matin de la rentrée. Cela peut constituer une situation à risque, impliquant épuisement, harcèlement, voire déprime. Dans ce cas-là, c’est comme le mal à la tête : si ça persiste, il faut s’en occuper.
La flemme du retour de vacances, appelée aussi le syndrome post-vacances ou le blues post vacances, est un bon symptôme, qui comme les changements de saison marque le temps et les rythmes de nos vies. Elle réveille parfois des bonnes idées, qui peut-être passeront avec le retour à la routine ou peut-être permettront de formuler certaines questions, parfois complexes, rarement inutiles. C’est en tous cas souvent un thermomètre, un mini check-up qui permet de mettre à jour des situations à régler.
Marion Suffert (Vasis Conseil).
Conseil en gestion de Carrière.
Vasis Conseil développe depuis plus de 20 ans des modèles innovants axés sur l'accompagnement des évolutions de la vie professionnelle, offrant une alternative aux services d’outplacement traditionnels.
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