Isabelle Pleskoff propose et anime un cycle de conférences littéraires comme une promenade entre les jours et les pages de certains des plus grands écrivains français du XXe siècle. Il s’agit de séances jumelées, mais il est possible de s'inscrire indépendamment à l’une ou l’autre, ou aux deux. Dans "Parcours d'écrivains", Isabelle présentera un auteur et une oeuvre-clé de sa production. De courts extraits de cette œuvre seront lus par ceux qui accepteront de se prêter au jeu. Ces conférences d’1h15 auront lieu un jeudi par mois, à 10€ pour l’inscription. Ensuite dans "Le plaisir d'écrire", elle guidera les participants vers l'écriture d'un texte de création, à partir d'une proposition d'écriture inspirée par cet auteur... Pas "à la manière de", mais à partir d'une thématique ou d'un procédé littéraire chers à cet auteur. La durée est de 2h, l'inscription à 15€. Ces conférences ont lieu dans les deux librairies Jaimes de Barcelone (c/ València 318 et en lieu et place de l'ancien Centro europeo, Trias i pujol 9 ). Vous êtes fan de littérature française ? Elle vous manque à Barcelone ? Vous avez tout simplement envie de la découvrir ? N’attendez plus, voilà le programme des conférences : https://www.jaimes.cat/cycle-de-conferences-litteraires.
lepetitjournal.com : Depuis quand êtes-vous à Barcelone et qu’y faites-vous ?
Isabelle Pleskoff : J’y suis installée depuis un an. Avant j’habitais à Paris où depuis 7 ans j’animais des ateliers d’écriture au Musée d’art et d’histoire du judaïsme. Je donne toujours des ateliers d’écriture -aux librairies Jaimes de Barcelone-, et j’enseigne aussi le français 13h par semaine. Mes cours sont pour adultes et enfants, et par exemple en ce moment je donne des cours à des enfants francophones qui ont un parent français mais qui ont besoin d’aide et d’intensifier leur pratique du français.
Quelle a été votre formation ?
J’ai fait des études littéraires d’anthropologie et d’ateliers d’écriture, puis je me suis également formée en tant que biographe. J’ai d’ailleurs écrit des biographies, comme "Portrait(s) de Victor Zigelman" publié en 2009.
Ressentez-vous encore des différences entre la France et Barcelone ? Vous sentez-vous comme une expatriée ?
Je ne vis pas vraiment comme une expatriée. J’enseigne le français ici et je trouve qu’il est bien sûr important de garder un lien avec sa culture d’origine. Mais je ne fréquente pas les clubs français, je préfère être au contact des autochtones. Par exemple j’ai fait partie d’une chorale où les autres membres ne parlaient que catalan, ça n’a pas toujours été évident pour moi mais ça a été une formidable expérience ! Aussi, j’habite le quartier de Poblenou et cela m’aide beaucoup car ce n’est pas une zone envahie par les touristes, idéal pour être au plus près des locaux et de leur culture.
Pour vous Barcelone est-elle une ville idéale pour vivre ?
C’est une ville merveilleuse où les gens sont chaleureux, généreux, on sent un réel sens de la communauté ! J’adore ! Je devais rentrer en France mais finalement, je prolonge à Barcelone et je compte bien y rester un moment !
Si vous aviez un conseil à donner aux nouveaux expatriés français qui arrivent sur Barcelone ?
Surtout d’essayer de rentrer dans des associations, faire des activités artistiques par exemple qui ont un lien avec l’espagnol, être vraiment le plus possible en contact avec des locaux. Moi je suis volontaire pour l’association Oxfam, je l’ai choisie car elle est très sympathique et elle me plaît mais elle me permet surtout d’être avec des Catalans. Et il existe plein d’autres associations pour tous les goûts, il ne faut pas hésiter !
Depuis quand faites-vous ces conférences ?
L’année dernière on ne faisait que des ateliers d’écriture dans les librairies Jaimes de Barcelone. Et puisque ça a bien marché, j’ai eu l’idée des conférences cet été, qu’on a donc lancé seulement cette année. C’est le début, c’est un peu difficile puisque les gens ne connaissent pas encore beaucoup. On en a organisé une par mois, sur des grands auteurs classiques de la littérature française, toujours aux 2 librairies Jaimes de Barcelone.
Quel est votre but dans ces conférences ?
Je cherche vraiment à promouvoir les auteurs que j’aime, à donner envie aux participants de les lire, de s’y intéresser, leur permettre de les découvrir ou de les redécouvrir. Quinze jours après chaque conférence, j’organise un atelier d’écriture sur le même auteur, où je donne aux élèves des textes de cet auteur qui sont assez déclencheurs pour que l’écriture vienne facilement et pour permettre aux participants de s’exprimer librement, d’être inspirés par l’auteur.
Selon vous, est-ce que lire, c’est voyager ? Plus difficile : peut-on dire que voyager, c’est lire ? Pourquoi ?
Dans la mesure où je suis passionnée d'écrivains voyageurs, tels que Nicolas Bouvier, par exemple, dont j'ai traversé tous les livres, je dirais que oui bien sûr, lire c'est voyager. A la proposition inversée, je répondrais aussi oui, car il me semble que découvrir une ville, surtout une ville avec une histoire et un patrimoine aussi riches que Barcelone, c'est parcourir un livre ouvert, qui nous raconte des histoires multiples ; c'est aussi découvrir sa littérature, sa société, ses rituels tant religieux que laïcs. On va donc de surprises en étonnements, comme dans un bon livre.
Y a-t-il un ouvrage littéraire que vous recommandez particulièrement pour accompagner une expatriation ?
Je répondrais "Nada" de Carmen Laforêt, premier livre autobiographique écrit en quelques mois par une jeune femme, publié en 1944, et qui a obtenu le premier prix Nadal (correspond à notre Goncourt). Le roman est très fort, nous laisse une trace profonde et en plus, tout se passe à Barcelone, donc on a envie de marcher dans ses pas.
Si vous deviez recommander trois ouvrages espagnols ou catalans, lesquels mettriez-vous en avant ?
Un ouvrage de Montalban, dans la série des "Pepe Carvalho" -et aussi "Barcelones", du même auteur, un génial essai érudit et engagé sur Barcelone ; Mendoza, "La ville des prodiges", classique mais passionnant, et de Merce Rodoreda, une écrivaine catalane, "La place du diamant", un roman intimiste très émouvant sur fond de guerre civile.