Le président de la CCI française de Barcelone et directeur général Europe du groupe BIC publie la quatrième édition de son dernier livre (Decidiendo en tiempos de paz y de guerra, ed. Seurat): un "guide pratique" sur l'importance et les difficultés à prendre des décisions entrepreneuriales en temps de crise. Interview.
Le titre de votre livre fait référence aux "décisions en temps de paix et de guerre". Quel rapport avec l'actualité internationale ?
David Cabero : Il n'y a pas de lien direct, puisque j'ai commencé à écrire ce livre en décembre 2021, donc pendant la pandémie. On peut effectivement rattacher cet ouvrage aux conditions de la crise sanitaire qui a exacerbé les problématiques, mais je m'intéresse plus généralement à la guerre économique et aux difficultés du chef d'entreprise et des dirigeants à prendre des décisions en temps de crise.
Le livre met l'accent sur l'importance des émotions. Pourquoi ?
Les émotions pèsent pour plus de 70% sur la prise de décision en entreprise, même si c'est la partie gauche du cerveau, celle de la logique, qui devrait guider les choix. C'est pourtant un facteur qui est généralement ignoré, parce qu'il est souvent mal vu d'afficher ses émotions dans le monde de l'entreprise. Les dirigeants craignent donc d'être mal jugés. Pourtant, prendre conscience de l'importance de ses émotions, c'est déjà commencer à les contrôler, ce qui est essentiel en temps de crise, car la situation de guerre économique amplifie l'impact de toutes les décisions que l'on va prendre. Cette expression et cette maîtrise des émotions est aussi une façon de développer une faculté également négligée : l'intuition, qui nous permet de réagir plus rapidement dans un monde évoluant en permanence, et de plus en plus vite.
Qu'est-ce qui vous a incité à écrire ce livre ?
Il y a deux choses essentielles qui donnent du sens à ma vie professionnelle. La première, c'est d'amorcer la création d'activités économiques, et c'est pour cela que je suis engagé au sein de la chambre de commerce et d'industrie française de Barcelone, par vocation, pour pouvoir aider, échanger, et créer une activité économique. Le deuxième pilier important, c'est de participer à une éducation de qualité orientée vers la création d'emplois. À travers ce livre, dont le produit des ventes est reversé au Réseau Entreprendre, créé par la famille Mulliez, je concilie donc ces deux passions. Je partage mes expériences, je transmets un savoir-faire de dirigeant, et je participe activement à ce réseau de start-ups qui a déjà permis de créer plus de 500 emplois à Barcelone.
Qu'est-ce qui caractérise selon vous un bon leader en entreprise ?
Comme je l'explique dans le livre, un bon leader doit avoir cinq qualités pour réussir sur le long terme. Premièrement, il doit être capable de créer une vision pour l'entreprise ; il doit également savoir communiquer efficacement pour engager ses collaborateurs à suivre sa vision. Troisièmement, un bon leader ne peut pas être indécis : il doit être capable de prendre des décisions à tout moment. Ce doit être aussi une personne passionnée par ce qu'elle entreprend, quelle que soit la façon d'exprimer cette passion. Et le cinquième élément très important, c'est d'avoir un intérêt sincère pour les gens, pour son environnement, son entourage, une implication véritable dans le sort des équipes qui l'entourent. Ces critères là n'ont pas changé au cours des dernières décennies, et ne changeront pas, parce que c'est le facteur humain qui caractérise un bon leadership, au-delà des technologies et des organisations.