La plus ancienne chambre consulaire française internationale enregistre ses meilleurs résultats en 2019 ! Malgré les troubles politiques de ces derniers mois. Interview de Philippe Saman, son directeur général.
Quel est votre bilan pour 2019 ?
Philippe Saman : C'est une année record, avec 78 nouveaux membres et l’organisation de plus d’une cinquantaine d’événements sous différents formats : déjeuners, ateliers thématiques, after-works, remises de prix... Mais ce bilan positif n'est pas seulement quantitatif. Nous avons pris en effet un virage intéressant en créant des commissions de travail sur les thèmes des ressources humaines, l'innovation et la diversité, pour faciliter l'échange de bonnes pratiques et d'expériences. Nous réalisons aussi un excellent résultat avec notre service d’Appui aux entreprises et plus particulièrement avec le recrutement, qui a effectué cette année une trentaine de missions. Ce bilan coïncide avec de nouveaux locaux plus modernes et fonctionnels, en plein centre de la ville et incluant un espace de coworking à disposition des entreprises et estampillé de la marque internationale "Le Booster". C'est un espace ouvert à de nouvelles collaborations, en accord avec notre devise : "sumar y no restar", "se compléter sans exclure".
Comment les entreprises françaises réagissent-elles aux tensions en Catalogne ?
Je dois d'abord dire que, au plus fort de la crise en octobre 2017, nous avons été la seule entité à organiser une réunion pour analyser la situation économique et politique, afin de répondre aux nombreuses sollicitations. C'était l'occasion d'apporter un éclairage technique sur ce qui était en train de se passer, comme la question des délocalisations des sièges sociaux, et de transmettre par ailleurs un message de calme et de sérénité que les sociétés françaises présentes en Catalogne ont très bien entendu.
Business as usual
Y compris après ces derniers mois d'agitation dans les rues des grandes villes catalanes ?
Soyons clairs, le monde de l'entreprise ne perçoit jamais avec une totale tranquillité des mouvements de protestations. Il faut dire tout aussi clairement que les tensions politiques qui ont conduit à ces agitations peuvent réapparaître ; le risque d'une nouvelle crise liée à la problématique de l'indépendance existe donc toujours, mais à ce jour, il n'y a pas d'inquiétude supplémentaire de la part des entreprises françaises implantées en Catalogne. C'est de toute façon un conflit institutionnel où nous devons rester neutres, à l'exception du blocages des voies de communication qui, s’ils se répétaient, auraient une répercussion sur l’activité entrepreneuriale, notamment l’autoroute AP7 et le blocage de la frontière avec la France. La Chambre de Commerce Française s'y oppose sans ambiguïté. C'est le seul bémol dans cette crise où le sentiment des entrepreneurs français peut se résumer en une formule : "Business as usual".
La Catalogne conserve-t-elle une place privilégiée pour les entreprises françaises ?
La Catalogne se maintient encore en tête de l’économie espagnole, même s’il est incontestable que Madrid a fortement progressé et fait aujourd’hui jeu égal avec elle. La présence française dans cette région est ancienne et massive, puisqu'il y a entre 700 et 1000 sociétés françaises, et qu'elle est variée étant donné que nos entreprises sont présentes dans pratiquement tous les secteurs. Particulièrement à Barcelone, ville dynamique, moderne, européenne, devenue une référence mondiale et une destination privilégiée pour les entrepreneurs ; notamment pour les entreprises du numérique qui trouvent ici un véritable écosystème avec ses pépinières, ses centres d'innovation, de design, de startups, et ses espaces de coworking, dont le nôtre ! C’est le message qu’ont transmis les responsables des groupes français à la réunion que nous avons organisée pour notre nouvel Ambassadeur lors de sa première venue officielle à Barcelone, il y a une quinzaine de jours.
N'oublions pas que la Catalogne représente près de 30 % du commerce extérieur espagnol, et reste un grand pôle touristique, secteur important pour les entreprises françaises qui ont pu encore profiter d'une augmentation des visiteurs en octobre dernier. Preuve supplémentaire d'une certaine normalité dans le monde des affaires, en marge des remous largement médiatisés.