À l'occasion du 27ème sommet franco-espagnol célébré dans la capitale catalane, Emmanuel Macron a signé un traité d'amitié et de coopération avec le président du gouvernement espagnol Pedro Sanchez. Le chef de l'Etat français est aussi allé à la rencontre de la communauté française de Barcelone.
Loin du bruit des manifestations contre la réforme des retraites qui paralysaient au même moment la France, et à peine effleurés par les concentrations des indépendantistes catalans, Emmanuel Macron et Pedro Sanchez ont célébré le 27e sommet franco-espagnol comme une grande messe, à Barcelone. Les deux présidents ont communié sous le dôme à colonnades et le grand orgue du Musée National des Arts de Catalogne, devant un parterre de 250 journalistes accrédités pour l'occasion.
La cohorte des onze ministres qui accompagnaient Emmanuel Macron en disait long également sur l'importance symbolique que le président de la République voulait donner à ce rendez-vous avec son homologue espagnol. Une rencontre scellée par un traité d'amitié et de coopération (le troisième du genre pour la France, après ceux signés avec l'Allemagne et l'Italie). Ce traité de Barcelone stipule en préambule que les deux Etats s'engagent "à intensifier leur dialogue politique et leur coopération bilatérale dans tous les domaines et entre leurs sociétés, œuvrant par là même au renforcement du projet européen". Le texte garantit même qu'un membre du gouvernement de chaque pays sera invité au Conseil des ministres de l’autre pays, au moins une fois tous les trois mois et par alternance. Il est vrai que les deux présidents sont très proches sur les questions politiques et diplomatiques (ils ont rappelé à Barcelone leur volonté commune de soutenir l'Ukraine).
Très concrètement, cet accord formel signé dans la capitale catalane facilitera les échanges et les collaborations, notamment en matière d'éducation, de sécurité et d'énergie (dont le projet H2Med de pipeline d'hydrogène vert, qui reliera Barcelone et Marseille). Une façon aussi de renforcer les liens économiques entre les deux pays, déjà solides: la France est, de fait, le premier partenaire commercial de l'Espagne ; et les échanges bilatéraux de biens entre les deux pays ont atteint un chiffre record de 78,2 milliards d’euros en 2021.
La France et l’Espagne restent des partenaires privilégiés en termes d’investissements croisés : la France est le 4ème investisseur en Espagne (77,3 milliards d’euros) et l’Espagne est le 8ème investisseur en France en 2021 (30,2 milliards d’euros ; 3,6 % du stock selon la Banque de France). Par ailleurs, les investissements français génèrent 380.000 emplois en Espagne, et on dénombre en Espagne quelque 2.900 filiales contrôlées par des entreprises françaises. Ces filiales françaises sont notamment présentes dans le secteur des services (60% des filiales françaises en Espagne), en particulier dans les domaines de la grande distribution et des télécommunications, mais aussi dans le secteur manufacturier, et surtout dans l'automobile (qui représente 50% du chiffre d’affaires total de ces filiales).
L'empreinte de la communauté française en Espagne
La culture et l'éducation sont aussi au cœur de ces liens privilégiés qui justifient le traité d'amitié franco-espagnol. Au delà du réseau des 23 établissements d’enseignement du réseau AEFE et des 120 sections bilingues Bachibac (délivrant le double diplôme du baccalauréat et du bachillerato), l’Espagne est également le premier pays étranger en termes de passation des certifications de langue française (35.455 diplômes passés en 2021).
Et s'il est une figure qui symbolise la proximité culturelle entre la France en Espagne, c'est bien celle de Picasso, dont le musée de Barcelone -qui propose l'exceptionnelle exposition consacrée à la collection Kahnweiler- ne pouvait échapper à Emmanuel Macron. Une visite en guise d'hommage au travail du directeur du musée Picasso de Barcelone, Emmanuel Guigon. Preuve aussi de l'empreinte d'une communauté française que le président de la République a tenu à rencontrer au Lycée français de Barcelone: discours, Marseillaise et échanges à bâtons rompus avec une partie de ces 50.000 compatriotes de la capitale catalane. Des Français qui sont également "acteurs de la vie économique, sociale et culturelle", comme l'a souligné Emmanuel Macron, à Barcelone et ailleurs en Espagne. Le "panel" présenté au chef de l'Etat témoigne bien de cette diversité, dont Olivier Benielli (directeur de la Toulouse Business School de Barcelone), Mélody Bréchet (créatrice du festival de cinéma francophone Ohlala), Guillaume Rostand (président de la French Tech Barcelona), David Cabero et Christian Marion (respectivement président et directeur de la CCI française de Barcelone) Philippe Saman (responsable de l'association LGBT+ Le Refuge et ex directeur de la CCI française de Barcelone), ou encore Fabienne Yot (propriétaire de la galerie d'art Artevistas). Des Français qui font l'amitié franco-espagnole.
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