Deux civils thaïlandais ont été tués lundi soir dans l'explosion d'une bombe sur un marché du sud de la Thaïlande, pour "venger" la mort d'un chef de la rébellion séparatiste musulmane dans un raid le matin même, a annoncé l'armée mardi.
La bombe, attachée à une moto, a été déclenchée à distance par un système radio à une heure où le marché de Pattani était plein.
Le colonel Thanawee Suwannathat, porte-parole de l'armée dans l'extrême sud de la Thaïlande, a accusé les rebelles de s'être ainsi "vengés" d'un raid de l'armée mené dans la matinée contre un chef rebelle dans la province voisine de Yala.
Le chef rebelle, âgé de 37 ans, a été tué dans le raid et deux membres des forces de l'ordre blessés, précise l'armée.
Outre la femme et l'adolescent de 14 ans tués sur le marché, "21 personnes, dont quatre membres des forces de l'ordre, ont été blessées par la bombe".
Dimanche soir déjà, l'explosion d'une bombe dans la province de Songkhla avait tué un policier, à l'endroit où les forces de l'ordre s'apprêtaient à installer un check-point. Une caméra de surveillance montre la force de l'explosion, qui a soulevé un grand nuage de poussière.
Le même jour, dans la province de Narathiwat, un paramilitaire avait été tué dans une attaque au pistolet menée par des insurgés présumés à moto, selon Thai PBS.
Cette série d’attaques, attribuée par les autorités à l’insurrection séparatiste, intervient pendant le Ramadan qui se termine début juin.
Depuis 2004, l’extrême sud de la Thaïlande est le théâtre d’une insurrection séparatiste qui a généré des attaques à un rythme quasi-quotidien certaines années dans plusieurs provinces à majorité musulmane frontalières de la Malaisie faisant jusqu’ici près de 7.000 morts, en majorité des civils. Mais le conflit reste généralement confiné aux provinces de Pattani, Narathiwat et Yala –et certaines parties de Songkhla.
Les provinces au nord de cette région -autrefois un sultanat entre Siam et Malaisie- ont été largement épargnées jusqu’ici.
Les attentats se faisaient plus rares depuis le coup d'Etat de 2014, la junte militaire ayant renforcé les patrouilles et les couvre-feux. Au total, 218 personnes ont ainsi été tuées en 2018 contre près de 900 en 2007, d'après les chiffres de l'organisation Deep South Watch.
Malgré cela, les négociations se sont enlisées, les autorités thaïlandaises ne parvenant pas à réunir autour de la même table une rébellion éparpillée en plusieurs entités, parfois difficiles à identifier.