Des macaques sauvages ont appris à utiliser des outils différents selon qu’ils veulent ouvrir des noix ou des coquillages, ont déclaré des chercheurs le 27 mars, mettant en évidence des capacités rares attribuées jusque-là uniquement aux humains et aux chimpanzés.
Des scientifiques thaïlandais et britanniques ont observé en Thailande des singes qui utilisent des pierres de tailles différentes pour effectuer deux tâches bien distinctes.
Le macaque à longue queue (Macaca fascicularis) se nourrit d’amandes de mer, d’huile de palme et occasionnellement de mollusques comme des palourdes, des huîtres ou des moules.
Des spécimens observés sur l’île de Piak Nam Yai, dans la province de Ranong (sud Thaïlande), utilisent des pierres pouvant peser jusqu’à deux kilogrammes comme un marteau pour casser les noix, et ils se servent de pierres plus fines et tranchantes comme leviers pour ouvrir les coquillages.
Avant que cette étude ne soit menée, seuls les chimpanzés et les capucins barbus étaient connus dans le monde sauvage pour utiliser des pierres afin de décortiquer leur nourriture.
Le professeur Tomos Proffitt, de l’University College London, co-auteur de l’étude, estime que cette découverte pourrait avoir un grand impact sur l’étude des primates.
Il s’agit là d’une nouvelle preuve que « les grands singes et les humains ne sont pas les seuls à varier les outils selon les tâches," explique-t-il.
"Nous devrions considérer les macaques comme très intelligents et capables de résoudre des problèmes, au même titre que les chimpanzés, les capucins et les premiers humains", ajoute-t-il.
En 2016, des scientifiques brésiliens ont observé des capucins barbus sauvages en train de tailler des pierres pour créer des outils similaires à ceux utilisées par les ancêtres de l’humain.
Mais l’une des sources de nourritures des macaques, l’huile de palme, a été introduite sur leur île au cours des dernières décennies seulement, ce qui signifie que les singes ont appris à utiliser des outils pour accéder aux fruits pour se nourrir très rapidement du point de vue de l’évolution.
"Ce que nous voyons, c’est qu’ils adaptent l’utilisation de cet outils de pierre pour d’autres sources de nourriture éloignées de la côte", explique Proffitt.
"Dans de nombreux cas d’utilisation d’outils par des primates, ces comportements sont appris par les jeunes au travers de plusieurs années d’observation et ne sont pas quelque chose d’ancré génétiquement en eux."
L’étude a été publiée dans le journal Royal Society Open Science.