Le Premier ministre thaïlandais Prayuth Chan-O-Cha s’est dit préoccupé mardi par la dimension que prend le mouvement de protestation étudiant après qu'un autre groupe a lancé un appel en 10 points à la réforme de la monarchie formulé avec une franchise inhabituelle.
Trois à quatre mille manifestants rassemblés lundi soir sur le campus de l'université Thammasat à Rangsit, dans la banlieue de Bangkok, ont scandé «Vive la démocratie» sur des discours appelant à la démission de Prayuth Chan-O-Cha et à la fin de la domination militaire sur la politique du royaume.
Mais des manifestants d'un groupe pro-démocratie de l'Université Thammasat ont également lancé un appel en 10 points demandant la réforme de la monarchie. Il s’agit du troisième groupe d’étudiants protestataires au moins à franchir la ligne, taboue depuis plusieurs décennies, du questionnement du rôle de la monarchie et de ses pouvoirs.
La loi thaïlandaise prévoit des peines très sévères pouvant aller jusqu’à 15 ans de prison contre tout acte ou propos jugé diffamatoire envers le roi et les membres de sa famille.
Les responsables du palais ont refusé de commenter les manifestations étudiantes ou toute critique potentielle vis-à-vis de la monarchie qui aurait pu émerger.
Le Premier ministre Prayuth Chan-O-Cha, qui est un ancien chef de l'armée et meneur du coup d’Etat de 2014, a déclaré aux journalistes qu'il avait suivi les manifestations.
"Oui, j'ai regardé, comment aurais-je pu faire autrement ?", a-t-il dit lorsqu'on lui a posé des questions sur les demandes des étudiants.
"Je suis très préoccupé", a-t-il dit. "Il y a beaucoup de gens en difficulté qui attendent que leurs problèmes soient résolus, pas seulement les jeunes. Alors est-ce que tout cela est bien approprié?"
"C'est vraiment allé trop loin", a déclaré le Premier ministre, sans commenter directement les demandes de réforme royale.
Prayuth Chan-O-Cha avait mis en garde les manifestants sur toute implication de la monarchie dans leurs manifestations, mais il avait également déclaré que le roi Maha Vajiralongkorn lui a demandé de ne pas invoquer les lois de "lèse-majesté" pour arrêter ceux qui s’aventureraient à le critiquer.
Parmi les nouvelles demandes des étudiants figuraient l’annulation d'une ordonnance de 2019 qui prévoyait le transfert de deux unités de l'armée sous le commandement personnel du roi et d’une loi de 2017 lui accordant le contrôle total sur les vastes propriétés de la Couronne.