Une attaque contre un poste militaire attribuée à des insurgés musulmans a fait mardi soir quatre morts dans le sud de la Thaïlande en proie à la violence, ont annoncé mercredi les autorités.
Tard dans la nuit de mardi à mercredi, des militants ont attaqué un poste isolé dans la province de Pattani, lançant des grenades et se livrant à près d'une heure d’échanges de tirs à l’arme automatiques, a déclaré à l'AFP un porte-parole de l'armée.
"Quatre personnes ont été tuées, dont un sergent-major, deux volontaires de la défense et un villageois", a déclaré le colonel Thanawee Suwannarat. Les assaillants ont lancé des grenades et tiré à l'arme automatique durant près d'une heure. Ils ont volé cinq fusils mitrailleurs.
Deux autres personnes sont hospitalisées dans un état critique, selon un responsable policier provincial.
Les rebelles ont volé cinq mitrailleuses, brûlé des pneus et répandu des clous sur la route avant de fuir pour empêcher toute poursuite, a-t-il ajouté.
Des images de surveillance montrent les forces de sécurité se jetant au sol début de la fusillade entamée par une explosion.
Confirmant le bilan, un officier de police de Pattani a déclaré que deux autres personnes étaient à l’hôpital dans un état critique, il s’agit de l’un des incidents les plus meurtriers ayant frappé la région depuis des mois.
Cette attaque intervient quatre jours après l'hospitalisation d'un homme de 34 ans, suspecté d'être un rebelle musulman, inconscient après un interrogatoire au redouté camp militaire d'Inkayuth, dans la province de Pattani.
Selon Sunai Phasuk de Human Rights Watch, l'attaque pourrait avoir été menée "en représailles" à cette affaire, sur laquelle l'armée a dit enquêter. Aucune poursuite n'a jamais abouti contre l'armée, régulièrement accusée d'abus dans ce conflit, relèvent les critiques.
La région est en proie depuis 2004 à un conflit séparatiste musulman qui a fait plus de 7.000 morts en quinze ans. Les insurgés, d'ethnie malaise, s'estiment victimes de discrimination dans un pays très majoritairement bouddhiste.
Dans cette région rattachée à la Malaisie jusqu'au début du 20e siècle, la loi martiale est en vigueur et permet aux forces de l'ordre de détenir des suspects pendant six semaines sans inculpation.