L'armée thaïlandaise dit mener une enquête pour déterminer dans quelle circonstances un insurgé présumé détenu dans le sud du royaume a perdu conscience seulement quelques heures après avoir été conduit dans un camp militaire tristement notoire.
Le sud a majorité malais-musulmane est aux prises avec une insurrection sanglante qui a tué près de 7.000 personnes au cours des 15 dernières années et l'État thaïlandais à majorité bouddhiste fait l’objet de moult allégations d'abus et d'impunité.
Le conflit ne suscite guère l’attention de la communauté internationale, bien que la majorité des victimes soient des civils - musulmans et bouddhistes.
Samedi après-midi, les forces de sécurité ont arrêté Abdulah Esormusor, un suspect de 34 ans, et l'ont emmené dans le tristement célèbre centre de détention d'Inkayuth, dans la province de Pattani.
L’homme a été retrouvé inconscient moins de 12 heures plus tard après son interrogatoire et emmené à l'hôpital avec un œdème cérébral grave, a déclaré le porte-parole de l'armée du Sud, Pramote Prom-In, dans un communiqué.
L'armée enquête sur l'incident et "s'il s’avère que c'est une faute des autorités, les responsables seront sévèrement punis", a-t-il déclaré, avant d'ajouter qu'il n'y avait pour le moment "aucune preuve" que les interrogateurs aient causé les blessures.
Le camp d'Inkayuth est le plus grand centre de détention de l'armée thaïlandaise dans le sud du pays où des suspects rebelles sont emmenés pour y être interrogés et détenus en vertu de l’Etat d'urgence qui régit la région minée par le conflit.
Des rebelles mènent des attaques quasi-quotidiennes à la bombe et à l’arme à feu dans leur lutte armée pour une plus grande autonomie vis-à-vis de la Thaïlande.
Mais des groupes de défense des droits de l'homme accusent également les forces de sécurité de torture et d'homicides extrajudiciaires, mais les militaires qui combattent dans le sud ne font quasiment jamais l’objet de poursuites.
L'armée nie fermement les accusations d'abus systématiques et de torture sur les détenus au camp Inkayuth.
L'armée thaïlandaise peut détenir des rebelles présumés pendant des semaines et sans chef d’accusation, en vertu de pouvoirs spéciaux régissant la région.
Certains estiment que la situation s'est aggravée sous la junte qui a dirigé la Thaïlande à partir de 2014, alors que les négociations de paix sont au point mort depuis des années.
Un nouveau gouvernement dirigé par le même chef de la junte, Prayuth Chan-O-Cha, Premier ministre et ministre de la Défense, a été investi ce mois-ci.