Le numéro deux de la junte thaïlandaise a été vu sur des photos portant en tout 25 montres de luxe différentes d’une valeur totale estimée à 1,2 millions de dollars depuis le coup d’Etat de 2014, ont affirmés mercredi des enquêteurs de réseaux sociaux, un jour après que l’ancien général a promis de démissionner dès qu’une commission anti-corruption prouverait sa culpabilité.
Prawit Wongsuwan est sous pression depuis le mois de décembre lorsque la page Facebook “CSI LA” a commencé à inventorier les montres de prix portées par le vice-Premier ministre à partir de photos et d’articles postés sur Internet.
La campagne de réseaux sociaux concertée exhorte la commission anti-corruption du royaume de déterminer comment des montres aussi onéreuses ont bien pu se retrouver en possession de Prawit Wongsuwan.
La junte militaire au pouvoir a renversé le gouvernement de Yingluck Shinawatra en 2014 en promettant d’éradiquer la corruption du pays, un fléau que les militaires attribuaient aux dirigeants civils.
Parmi les figures très influentes du royaume, Prawit fait partie des architectes du coup d’Etat.
Mercredi, la page Facebook en langue thaïe "CSI LA" a remis une couche sur le registre des montres de luxe de Prawit après avoir découvert une nouvelle photo de lui portant au poignet une Patek Philippe lors d’une cérémonie dans un temple en 2014.
"Nous avons trouvé 25 montres de luxe d’une valeur équivalente à 1,24 millions de dollars, dont onze Rolex, huit Patek Philippe, et trois Richard Mille", lisait un post, demandant à ses 765.000 abonnés de mettre au jour davantage de photos.
Prawit n’a jusqu’ici pas encore contesté le nombre de montres. Mais mardi, il a déclaré aux journalistes que ses "amis lui avaient prêté des montres qu’il a ensuite rendues.
La Commission Nationale Anti-Corruption de Thailande (NACC) qui a donné un délai à Prawit pour donner une explication formelle a repoussé l'échéance plusieurs fois.
La NACC est dirigée par un ancien subordonné de l’un des hauts dirigeants de la junte.
Si la NACC juge que "j’ai tort, je démissionnerai," avait dit Prawit aux journalistes.
La série de gros titres fâcheux pour Prawit intervient au moment où son principal allié, le Premier ministre Prayuth Chan-O-Cha est a entrepris de redessiner son image, pour passer de celle de l’homme fort du régime militaire à celle d’un homme politique en vue des élections annoncées pour la fin de l’année.
Mais l’affaire des montres a échauffé les esprits des détracteurs comme des vieux soutiens de la junte dans un pays très divisé où la politique est une affaire strictement partisane.
Les observateurs estiment que le scandale reflète une forme de lassitude vis-à-vis du régime militaire, perçu comme trop hiérarchisé et inefficace, et le désir de plus en plus fort d’un retour aux élections.
"L’affaire des montres est indicateur de l’émergence d’une nouvelle proposition politique," a confie à l’AFP le commentateur politique Sirote Klampaiboon.
"C’est la première fois depuis que la junte a pris le pouvoir que des groupes politiques de divers bords œuvrent de concert, laissant de côté leurs conflits passés".