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Monarchie : Nouveaux affrontements à Bangkok devant le Grand palais

Manifestation anti-monarchiste devant le palais royal de BangkokManifestation anti-monarchiste devant le palais royal de Bangkok
REUTERS / Matthew Tostevin - Des manifestants thaïlandais face aux forces de l’ordre ont monté leurs propres barricades lors de la manifestation le 20 mars 2021 près du Grand Palais à Bangkok
Écrit par Lepetitjournal.com Bangkok avec Reuters
Publié le 21 mars 2021, mis à jour le 22 mars 2021

La police thaïlandaise a utilisé des canons à eau et a chargé sur des manifestants qui s'étaient rassemblés près du palais royal à Bangkok samedi pour demander la réforme de la monarchie et appeler à la libération des leurs camarades emprisonnés

Plus d’un millier de manifestants étaient rassemblés samedi sur l’esplanade de Sanam Luang, devant le Grand palais, dans le quartier historique de Bangkok.

La confrontation est intervenue après que les manifestants, bloqués par un mur de conteneurs érigé par la police, ont entrepris de s’ouvrir un chemin en faisant tomber les imposants réceptacles à l’aide de cordes.

Plusieurs centaines de policiers en tenue anti-émeute déployés en différents points de la place ont avancé vers les manifestants, et des affrontements ont éclaté par endroits sous les détonations de gros pétards lancés par les manifestants.

"Nous arrêterons quiconque se trouvera dans les rues", a lancé la police via des haut-parleurs tandis que plusieurs rangées de policiers avançaient, repoussant les protestataires.

Les forces de l’ordre ont utilisé boucliers, matraques, balles en caoutchouc et gaz lacrymogènes. 
Des vidéos circulant sur les médias sociaux ont montré des policiers frappant et piétinant des personnes, d'autres fuyant les policiers en tenue anti-émeute et certains abandonnant leur moto.

Une autre vidéo montre des gens se réfugiant dans un restaurant McDonald's pour échapper aux gaz lacrymogènes.
Treize policiers et 20 autres personnes ont été blessés, selon le centre médical Erawan.

"Nous avons plusieurs fois émis des avertissements avant d'intensifier notre réponse", a indiqué samedi à la presse le porte-parole adjoint de la police, Kissana Pattanacharoen, ajoutant que les manifestants utilisaient des barres de fer et jetaient des pierres et des billes.

Dimanche, la police a assuré que ses actions étaient conformes aux règles internationales et que 20 manifestants avaient été arrêtés pour avoir enfreint la législation sur les rassemblements publics et avoir insulté la monarchie.
 

Manifestation anti-gouvernement a Bangkok
Au moins 30 personnes ont été blessées lors de la manifestation le 20 mars 2021 près du Grand Palais à Bangkok. Photo REUTERS / Chalinee Thirasupa

Le Bangkok Post rapporte également que la journée avait commencé par une descente de police vers midi à Nonthaburi, au nord de Bangkok, dans une maison d’édition où plusieurs dizaines d’exemplaires d’un livret intitulé "La monarchie et la société thaïlandaise" ont été saisis. L’ouvrage, qui devait être distribué aux manifestants dans l’après-midi, reprend un discours qu’avait donné l’avocat des droits humains, Arnon Nampa, lors de d’un rassemblement le 19 septembre dernier et qui lui vaut aujourd’hui de comparaître devant la cour pénale de Bangkok pour lèse-majesté aux côtés d’autres leaders du mouvement de contestation.

Les événements de samedi interviennent après l’échec en fin de semaine devant le Parlement d’une proposition de loi visant à réécrire la Constitution rédigée sous le régime militaire après le coup d’Etat de 2014 - l'une des principales revendications du mouvement anti-gouvernemental née l’an dernier.

Manifestation anti-gouvernement a Bangkok
Certains manifestants utilisaient des barres de fer et jetaient des pierres et des billes, selon le porte-parole adjoint de la police, Kissana Pattanacharoen. Photo REUTERS / Chalinee Thirasupa

Un procès collecctif a commencé le 15 mars contre vingt-deux militants accusés de sédition et d'insultes à la monarchie.

"Nous exigeons une vraie démocratie et non un gouvernement qui se dit élu alors qu’il vient de l'armée", a déclaré Kung, un homme de 60 ans qui a souhaité donner seulement son surnom. "Le monde a changé et nous voulons le même type de monarchie que dans les pays occidentaux".

Un portrait du roi Maha Vajiralongkorn a été dégradé, samedi soir, près de la zone de manifestation. Ce genre d'acte, qui se produit désormais quasi-systématiqement lors des manifestations, était rarissime sous le règne précédent de Bhumibol Adulyadej.

Le mouvement de protestation mené par une partie de la jeunesse thaïlandaise est une épine dans le pied du Premier ministre Prayuth Chan-O-Cha à qui les opposants reprochent d’avoir verrouillé l’échiquier politique, lorsqu’il dirigeait la junte militaire, en faisant rédiger une Constitution donnant à l’establishment militaro-royaliste des avantages décisifs pour conserver le pouvoir sur le long terme.

Manifestation anti-gouvernement a Bangkok
Une manifestante fait le fameux salut à trois doigts symbole du mouvement pro-démocratie lors de la manifestation à Bangkok, le 20 mars 2021. Photo REUTERS / Soe Zeya Tun

Ce n’est pas une coïncidence si ce mouvement inédit a démarré au lendemain de la dissolution en février 2020 par la Cour constitutionnelle du parti d’opposition Anakot Mai (Nouvel Avenir), largement soutenu par la jeunesse progressiste du royaume.

D’abord dirigées vers l’ancien putschiste et l’establishment traditionnaliste responsable du coup d’Etat de 2014, les revendications des jeunes manifestants ont inclus en août la royauté elle-même, du jamais vu en plusieurs décennies, brisant un vieux tabou sur la critique envers le roi. Ils considèrent que la Constitution rédigée par l'armée après le coup d'État donne trop de pouvoir au roi et appellent à revoir les prérogatives du souverain ainsi que son statut constitutionnel.

Aujourd'hui, le mouvement contestataire comprend certains groupes dont les revendications se concentrent principalement sur la réforme de la monarchie.

Le Palais Royal ne s’exprime jamais directement sur les manifestations, mais Prayuth Chan-O-Cha et plusieurs responsables gouvernementaux ont rappelé que critiquer le roi était illégal et inapproprié.

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