Alors que la Thaïlande s'apprête à célébrer le nouvel an lunaire et son fameux festival de l'eau avec ses orgies aquatiques, le royaume traverse la pire sécheresse depuis huit ans. 38 provinces ont jusqu'ici été déclarées zones sinistrées. Pour autant, les autorités estiment que les réserves d'eau sont suffisantes pour couvrir les besoins cette année, y compris les festivités de Songkran. En revanche, elles s'inquiètent pour 2015
La sécheresse s'est abattue avant l'heure cette année sur la Thaïlande, et a déjà lourdement affecté la moitié des 77 provinces du royaume, mettant à mal cultures de riz d'hévéa ou encore de sucre, selon le ministère de l'agriculture. Le Département de Prévention et de Gestion des Désastres (DPM) a déclaré 38 provinces zones sinistrées pour cause de sécheresse dont 15 le sont depuis fevrier, et a demandé à la coopération de la population pour ménager les réserves d'eau. Selon le Département Royal de l'Irrigation (RID), le domaine de l'agriculture occupe la plus grande part de la consommation d'eau (61,5%), suivie par le maintien des systèmes écologiques (28%), la consommation domestique (9,3%) et l'industrie (1,1%).
Les météorologues rendent le phénomène climatique El Niño responsable des faibles précipitations tombées sur le territoire ces derniers mois, tandis que les autorités accusent certains agriculteurs d'avoir pesé plus que de raison sur la consommation d'eau en étendant les surfaces cultivées malgré les recommandations officielles, rapporte le Bangkok Post. Le directeur de l'Institut d'Informatique Hydro et Agro (HAII), Royol Chitradon, a déclaré que les réserves d'eau avaient pâti d'une demande excessive causée notamment par les riziculteurs qui auraient cultivé 8,5 millions de raï de rizière pour la deuxième récolte, alors que les prévisions étaient de seulement 4,7 millions de raï.
Les conséquences de ces conditions météo se font déjà ressentir sur l'économie, les producteurs thaïlandais de sucre de canne affichant une baisse de plus de 8% cette année en raison de la sécheresse, selon Bloomberg ? la Thaïlande, qui est le deuxième exportateur mondial de sucre, devrait produire 11 millions de tonnes de sucre, soit 1 million en dessous de son objectif initial.
Le secteur industriel semble plutôt confiant, surtout les grandes usines et les zones industrielles bénéficiant de leurs réserves propres. Selon Royol Chitradon, la situation est plus incertaine pour les PME si les pluies se font trop attendre.
Le gouverneur adjoint de la production hydroélectrique d'Egat, Natchaphon Phumwiangsri, estime que si la menace de sécheresse n'est pas encore sérieuse, les industries utilisant de grandes quantités d'eau doivent se préparer. "D'ici la fin avril, le niveau d'eau dans les réservoirs devrait fortement baisser jusqu'à 3 milliards de mètres cubes. Si les précipitations sont faibles, alors ce sera vraiment la sécheresse", a-t-il déclaré au Bangkok Post.
Le 31 mars, le Département Royal de l'Irrigation (RID) et l'agence productrice de l'électricité de Thaïlande (EGAT) ont mis en place un plan de gestion de l'eau afin de garantir l'approvisionnement en eau et en électricité pour l'industrie, l'agriculture et la population jusqu'à la fin de la saison chaude.
Selon le secrétaire permanent adjoint du Ministère de l'Agriculture, Suthep Noipairoj, les réserves d'eau disponibles dans le pays sont suffisantes pour couvrir les besoins jusqu'à la saison des pluies qui commence en principe vers la fin mai, même si la quantité de précipitations à venir d'ici là reste incertaine.
Mais quoiqu'il en soit, le RID se dit préoccupé par l'approvisionnement en eau pour l'an prochain, qui dépendra du volume des précipitations de cette année. Or, sur le premier trimestre, il est 40% en dessous du niveau de 2013, selon le RID.
A.L. (http://www.lepetitjournal.com/bangkok) mardi 8 avril 2014