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L’héritier de l'empire Red Bull dicte sa loi à la justice thaïlandaise

Écrit par La rédaction de Bangkok
Publié le 24 juillet 2020

Les procureurs n'ont toujours pas inculpé Vorayuth Yoovidhya. Pire : pour cause de prescription des faits, le délit d'excès de vitesse a du être abandonné. Devant la lenteur et le manque de fermeté de la justice thaïlandaise, comment lui donner encore une quelconque crédibilité dans cette affaire ?

Dans le New York Times, le frère aîné du policier mortellement percuté, puis trainé sur 200 mètres sur l'avenue Sukhumvit le 3 septembre 2012 par la Ferrari de Vorayuth Yoovidhya, ne mâche pas ses mots. ?Mr. Vorayuth est une personne puissante avec beaucoup de relations et d'argent?, a ainsi déclaré Pornanand Glanprasert. ?Il met tout en ?uvre pour ne pas être inculpé et condamné. Le dossier aurait déjà été bouclé si la personne impliquée ne faisait pas partie de l'élite thaïlandaise?, a-t-il ajouté. Les derniers faits liés à l'affaire Vorayuth donne pleinement raison au frère de la victime.

Lundi 2 septembre, les procureurs ont annoncé qu'ils étaient dans l'incapacité d'inculper l'héritier de l'empire Red Bull pour excès de vitesse, car celui-ci ne s'est pas rendu à leur convocation. Raison invoquée : le prévenu, en voyage professionnel à Singapour, selon ses dires, est victime d'une grippe. Un docteur singapourien lui a fait un certificat l'exemptant de déplacement, tant que le patient n'a pas recouvré tous ses moyens. L'avocat de Vorayuth a remis ce certificat médical aux autorités thaïlandaises le 2 septembre à 15h, tout en assurant, sans rire, que son client n'avait pas l'intention de se soustraire à la justice.

Le ministère public s'est donc retrouvé dans l'incapacité d'inculper l'accusé, puisque celui-ci n'a pu se présenter à la convocation. Cerise sur le gâteau : le délit d'excès de vitesse a du être abandonné pour cause de prescription des faits. Cet antépénultième report de l'inculpation du petit fils du créateur de la boisson énergisante est fortement critiqué par les médias locaux et internationaux. Le système judiciaire thaïlandais se retrouve sur le grill pour sa propension à protéger les riches. La population locale accepte de moins en moins bien cette culture de l'impunité et son mécontentement se propage via les réseaux sociaux.

Dans l'affaire Vorayuth, les procureurs tentent de redorer leur blason en lançant un mandat d'arrêt contre l'accusé. Ils insistent aussi que les autres faits reprochés (défaut de conduite ayant causé la mort et non-assistance à personne en danger) conduiront à des peines de prison plus lourdes que le simple excès de vitesse, et qu'aucune remise en liberté sous caution ne sera autorisée. Le problème est qu'un an après les faits, et six inculpations reportées, la justice thaïlandaise n'a toujours pas montré une grande volonté de boucler cette affaire.

Pourtant les faits semblent limpides : le 3 septembre vers 5h du matin au niveau de la rue Thong Lor, Vorayuth, au volant de sa Ferrari a percuté l'agent de police Wichean Glanprasert. Il l'a trainé sur 200 mètres, avant d'abandonner le corps et de rentrer chez lui. Des proches de l'héritier ont téléphoné à un officier de police du commissariat local, pour que celui-ci fasse porter le chapeau au chauffeur de la famille Yoovidhya. Le subterfuge a été vite éventé. Vorayuth a été brièvement placé en détention, a reconnu les faits, et a été libéré, moyennant une caution de 15.600 dollars. Vorayuth a offert 97.000 dollars de dédommagement à la famille de la victime. Depuis un an, il est toujours en liberté.

LB mercredi 4 septembre 2013

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