La confiance des entreprises asiatiques a fortement rebondi ce trimestre pour atteindre son niveau le plus haut en 18 mois, les entreprises faisant état d’une reprise des ventes, bien que la plupart retardent l'embauche, alors que l'incertitude de la guerre commerciale pèse toujours, selon une enquête de Thomson Reuters/INSEAD.
L'indice Thomson Reuters/INSEAD du climat des affaires en Asie, qui suit les perspectives à six mois des entreprises, a bondi de 13 points pour s’établir à 71 sur le quatrième trimestre. Ainsi, par rapport au trimestre précédent, la confiance est passée du niveau quasiment le plus bas en une décennie à son meilleur depuis juin 2018. Un indice supérieur à 50 signifie que les répondants optimistes sont plus nombreux que les pessimistes.
Ce regain est également le plus important depuis la fin de la crise de la dette de la zone euro en 2011, lorsque la Chine stimulait à plein son économie.
Ce trimestre révèle un changement notable de neutre à optimiste, et affiche le meilleur résultat en un an sur la question de la croissance des ventes. Toutefois, la majorité des entreprises ne sont pas encore suffisamment confiantes pour envisager d'embaucher.
"Les conditions, les attentes, et une partie de l'incertitude, se sont améliorées au cours du dernier trimestre", note Antonio Fatas, professeur d'économie à la Global Business School INSEAD de Singapour, soulignant un apaisement des tensions entre la Chine et les États-Unis.
"Mais je ne vois pas cette incertitude disparaître, je pense que certaines de ces tensions vont persister peut-être pendant des années voire des décennies."
Les répondants ont pointé comme principal risque la guerre commerciale sino-américaine, qui a été un élément récurrent de l'enquête pendant l’essentiel des deux dernières années, le conflit ayant pesé sur la croissance mondiale.
Au total, 102 entreprises ont répondu à l'enquête -les entreprises interrogées peuvent changer d'un trimestre à l'autre-, menée dans 11 pays de l'Asie-Pacifique où vit 45% de la population mondiale et qui pèsent près d'un tiers du produit intérieur brut mondial.
Parmi les participants figurent des entreprises de secteurs divers tels que la construction automobile, le tourisme et l'énergie, comme le Japonais Suzuki Motor Corp, l'hôtelier thaïlandais Minor International PCL ou encore l'Australien Oil Search Ltd.
Se tenir prêt pour récolter les fruits
L'enquête a été menée du 29 novembre au 13 décembre, alors que les négociateurs chinois et américains finalisaient la "phase un" d’un accord destiné à réduire certaines barrières douanières.
Les projections de croissance mondiale les plus récentes du Fonds monétaire international (FMI) prévoient que la guerre commerciale devrait ramener l'économie mondiale à son niveau de croissance le plus bas depuis la crise financière de 2008-2009.
"Même si l'environnement extérieur reste difficile, Minor est confiant sur sa capacité à faire face à de tels défis", a déclaré Chaiyapat Paitoon, directeur financier adjoint de Minor International.
Le groupe a cherché à se diversifier, augmentant sa participation pour contrôler presque tout le groupe espagnol NH Hotels l'année dernière, et a élargi son segment alimentaire avec l'achat en novembre d'une franchise coréenne de poulet frit en Thaïlande.
"Nous déployons des efforts supplémentaires pour rester au premier plan dans l'esprit des consommateurs, afin d’être prêts pour pouvoir récolter les fruits lorsque l'environnement deviendra plus propice", a ajouté Chaiyapat Paitoon.
Ailleurs, on perçoit déjà des prémices. Après plusieurs mois de fébrilité, la croissance en Chine des secteurs industriels et de la grande distribution a dépassé les attentes en novembre, le soutien du gouvernement ayant soutenu la demande.
L'indice de référence des fabricants de puces électroniques, le Philadelphia SE Semiconductor Index - considéré comme un indicateur de l'économie mondiale étant donné que la demande de puces est un indicateur fiable de la croissance et de la consommation - a atteint un sommet sans précédent cette semaine.
Cependant, les chiffres clés restent modérés, dans un contexte de protectionnisme ambiant, avec par exemple la croissance économique chinoise à son plus bas depuis environ une génération.
"Au moins pour ce qui est de l’année prochaine, je pense que la prudence est tout à fait justifiée", estime Howie Lee, économiste à l'OCBC Bank à Singapour.
"Nous ne sommes pas encore sortis du bois ... mais un peu plus tard dans le cours de la décennie, je pense que la dynamique va quelque peu changer, en supposant que cette première vague de la guerre commerciale se sera complètement dissipée."