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La Thaïlande lève la très contre-productive interdiction de manifester

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REUTERS / Chalinee Thirasupa - L'une des leaders de la protestation thaïlandaise, Patsaravalee "Mind" Tanakitvibulpon, a été libérée jeudi après avoir été arrêtée la veille à Bangkok

La Thaïlande a révoqué jeudi le décret d'urgence imposé la semaine dernière pour mettre fin aux manifestations et qui n’aura eu pour effet que d’alimenter la colère amenant des dizaines de milliers de personnes à descendre dans les rues de Bangkok. En revanche, le décret d'urgence sanitaire imposé en mars dans le cadre de la lutte contre le coronavirus et reconduit jusqu'au 31 octobre reste toujours en place.

Les mesures d'urgence imposées jeudi dernier comprenaient l'interdiction de rassemblements politiques de cinq personnes ou plus et la publication d'informations susceptibles d'affecter la sécurité.

Le communiqué annulant le décret indique que la situation de violence ayant mené à la mise en place de cette mesure d’urgence s’est apaisée.

Le seul incident spécifique mentionné pour justifier l'interdiction de manifester en évoquant une "situation grave" est celui dans lequel le convoi transportant la reine Suthida a été raillé par les manifestants.

Le parti d'opposition Move Forward a déclaré qu'il prévoyait une motion parlementaire pour examiner les raisons qui ont bien pu amener la voiture transportant la reine et le prince Dipangkorn, le fils du roi, à sortir du parcours initialement prévu pour effectuer un détour l’amenant précisément sur le lieu de manifestation.

Une session spéciale du Parlement se tiendra lundi et mardi pour discuter de la situation générale. Il bénéficie du soutien du Premier ministre Prayuth Chan-O-Cha, dont les partisans détiennent la majorité parlementaire.

"Le Premier ministre doit partir"

Les manifestants, qui ont donné à Prayuth Chan-O-Cha un délai de trois jours pour démissionner mercredi, ont déclaré que le retrait des mesures d'urgence n'était pas suffisant.

"Il cherche toujours à rester au pouvoir tout en ignorant les demandes du peuple. Le décret d'urgence n'aurait jamais dû être mis en place", a déclaré Sirawith "Ja New" Seritiwat, l'un des leaders de la contestation.

Des dizaines de manifestants ont été arrêtés pendant cette semaine de répression, dont de nombreux chefs de file de la contestation. Parmi eux, Patsaravalee "Mind" Tanakitvibulpon, a été libérée jeudi après avoir été arrêté la veille.

"Le tribunal a jugé que je suis toujours étudiante et aussi, je pense que nous avons tous le droit à la liberté d’expression", a-t-elle déclaré. Le tribunal n'a fait aucun commentaire.

Les manifestants affirment que Prayuth Chan-O-Cha, un ancien chef de l'armée qui a mené le dernier coup d'Etat, a soigneusement préparé au cours des cinq ans de régime militaire entre 2014 et 2019, les élections de l'année dernière de manière à s'assurer à lui et son camps la continuité du pouvoir. Les manifestants accusent également la monarchie d'avoir permis des années de domination militaire.

De leur côté les contre-manifestants royalistes se sont à rassemblés par centaines, vêtus de chemises jaunes - la couleur du roi Maha Vajiralongkorn - à Bangkok et dans d'autres provinces. Le groupe Thai Pakdee (Thaïlandais loyaux) a déclaré que Prayuth Chan-O-Cha était le Premier ministre légitime de Thaïlande. 

"Les appels des opposants au gouvernement à la démission du Premier ministre ne sont que des stratagèmes pour précipiter et encourager des manifestations publiques illégales dont le but final est de nuire à l'institution monarchique de la Thaïlande", a-t-il déclaré dans un communiqué.

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