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La tension monte en Thaïlande alors qu’un parti risque la dissolution

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Lillian SUWANRUMPHA / AFP - Ruengkrai Leekitwatana, un responsable du parti Puea Thai tient une reproduction de la candidature du chef de la junte, Prayut Chan-O-Cha, au poste de Premier ministre, après avoir soumis une pétition à la commission électorale
Écrit par Agence France Presse
Publié le 14 février 2019, mis à jour le 14 février 2019

Un premier pas a été franchi mercredi en Thaïlande vers une dissolution du parti qui avait présenté la soeur du roi au poste de chef du gouvernement, une mauvaise nouvelle pour le clan de l'ex-Premier ministre Thaksin Shinawatra à l'approche des législatives de mars.

Le fait de proposer la princesse Ubolratana comme candidate doit être interprété comme "hostile à la monarchie constitutionnelle", a indiqué la commission électorale dans un communiqué.

La commission a donc "demandé à la Cour constitutionnelle de dissoudre le parti Thai Raksa Chart", sous l'étiquette duquel la soeur du roi devait concourir. Ce mouvement est très proche de l'ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra, bête noire des militaires au pouvoir.

"Notre parti va continuer à aller de l'avant" pendant cette campagne, a réagi son dirigeant Preechaphol Pongpanit, s'étonnant de la rapidité avec laquelle la procédure avait été enclenchée.

La Cour annoncera jeudi si elle se saisit ou non du cas. On ignore combien de temps il lui faudra pour prononcer une éventuelle dissolution.

Mais si un tel scénario était acté avant les élections du 24 mars, les candidats du parti seraient dans l'incapacité de se présenter au scrutin. Et ses dirigeants pourraient être interdits d'activité politique pendant 10 ans.

Une telle hypothèse serait un coup dur pour Thaksin Shinawatra. Renversé en 2006 et aujourd'hui en exil, le milliardaire espérait avec ce mouvement nouvellement créé revenir au centre du jeu politique.

Si le parti est dissous cela "réduira les chances du clan Shinawatra de remporter un grand nombre de sièges au Parlement", note Titipol Phakdeewanich de l'université Ubon Ratchathani.

L'annonce de la commission électorale intervient alors que les tensions entre les militaires au pouvoir depuis le coup d'Etat de mai 2014 et les partisans, encore nombreux, de l'ancien magnat des télécommunications, se sont intensifiées ces derniers jours.

Vendredi dernier, la divulgation du nom d'Ubolratana comme candidate avait provoqué une onde de choc dans le pays où les membres de la famille royale sont traités avec un statut quasi-divin et échappent à toute critique.

Mais, quelques heures plus tard, le roi avait torpillé les ambitions de sa sœur, qualifiant cette candidature d'"hautement inappropriée" dans un royaume où "le monarque et les membres de la famille royale sont au-dessus de la politique".

"Je regrette que mon intention, qui était d'apporter mon aide au pays et à mes compatriotes thaïlandais, ait causé un problème. Cela ne devrait pas être le cas à notre époque", a déclaré mardi soir la princesse sur Instagram.

- Chaîne de télé suspendue -

Autre coup dur pour Thaksin Shinawatra, la chaîne Voice TV, fondée par ses enfants, a été suspendue d'antenne mardi pendant deux semaines par la commission nationale de radiodiffusion et de télécommunications (NBTC).

Cette dernière a estimé que plusieurs de ses programmes auraient pu provoquer de l'agitation dans le pays à l'approche des élections. Elle a même fait poindre la menace d'une suspension d'antenne plus longue voire d'une interdiction.

En réaction, le PDG de Voice TV a annoncé qu'il allait saisir la justice.

Reporters sans frontières a vivement critiqué la décision de la NBTC qui envoie "un message désastreux sur le pluralisme". Cela soulève "des doutes quant à l'équité avec laquelle les médias sont traités avant les élections", a renchéri l'ONG Human Rights Watch.

Au total, 69 candidats au poste de Premier ministre provenant de 45 différents partis ont été approuvés par la commission électorale pour ces législatives, les premières depuis 2011.

Le chef de la junte au pouvoir depuis 2014, Prayut Chan-O-Cha, est lui-même candidat pour prendre la tête du futur gouvernement élu.

Il y a encore moins d'une semaine, les observateurs prédisaient une élection sans surprise à l'issue de laquelle ce dernier avait de grandes chances de conserver le pouvoir grâce notamment à un Sénat nommé entièrement par les militaires.

Mais les récents événements ont fait ressurgir les interrogations au sein de la population.

Des rumeurs d'un renversement du régime sont même apparues sur les réseaux sociaux du pays qui a connu douze coups d'Etat depuis 1932. Elles ont été rapidement démenties par la junte.

Les lignes politiques ont bougé en Thaïlande depuis le décès du roi Bhumibol en 2016 et l'accession au trône de Maha Vajiralongkorn.

Il s'est octroyé davantage de pouvoirs et a nommé un nouveau chef de l'armée, Apirat Kongsompong, issu d'une faction rivale à celle du général Prayut Chan-O-Cha.

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