

Invités pour une expo sur l’île de La Réunion, deux graffeurs thaïlandais ont séjourné en prison pour défaut de visa puis ont failli y retourner pour avoir immortalisé à leur manière cette expérience.
En vue de l’inauguration de l’exposition “Very Miracle Show” qui devait avoir lieu le 9 janvier à La Réunion, le graffeur français Jace avait invité ses deux amis et confrères thaïlandais, Alex Face et Mue Bon.
Alex Face, de son vrai nom Patcharapol Tangruen, figure parmi les graffeurs les plus célèbre en Thaïlande, où son personnage Mardi, un caractère enfantin au costume de lapin, apparaît sur des maisons abandonnées au fin fond des campagnes ou au hasard des rues de Bangkok, Chiang Mai, Krabi, ou encore Phuket.
Le dimanche 5 janvier, alors que le duo venait d’atterrir à l’aéroport de La Réunion Roland Garros, les voilà interpellés par l’immigration française à cause d’un mauvais visa ou plutôt d’une absence de visa.
“Je m’étais rendu en France en mai 2019 et, à cette occasion, j’avais obtenu un visa Schengen valable un an", explique Alex Face à son retour à Bangkok le 12 janvier.
"Et quand Jace m’a invité à venir à La Réunion, sachant que l’île faisait partie de la France j’ai donc pensé que mon visa était valable. J’ai oublié de vérifier, c’est totalement de ma faute”.
En effet, la France d'outre-mer ne fait pas partie de l'espace Schengen, il est donc nécessaire pour les ressortissants qui ne font pas partie de l’Union européenne de faire une demande de visa spécifique pour La Réunion auprès du consulat français de leur pays de résidence.
Une erreur d'étourderie qui a conduit les deux artistes en cellule de détention. “Au départ, ils voulaient nous renvoyer directement à Bangkok... sauf qu’il n’y a que deux avions par semaine, et le suivant n’était que le mercredi! Pour passer le temps, j’ai lu et médité, c’est un lieu idéal pour ça”, plaisante Alex.
“J’étais vraiment surpris, je pensais que La Réunion faisait partie de l’espace Schengen!, raconte Jace. “J’ai essayé de négocier avec l’immigration pour qu’ils les laissent entrer, mais impossible. En plus, ils sont arrivés un dimanche quand tous les services administratifs étaient fermés. Le lendemain, j’ai appelé l’ambassade de France à Bangkok, ainsi que d’autres contacts aux affaires culturelles à La Réunion ainsi qu’un juge du tribunal de l’île, je pense que c’est la somme de ce que chacun d’eux a pu faire de son côté qui les a aidés à sortir le lundi. En tant qu’hôte, j’avais les b**les, d’autant que l’exposition commençait quelques jours plus tard”, explique le graffeur français.
En tout cas, le moins que l’on puisse dire est que cette mésaventure a inspiré les deux artistes Thaïlandais puisque deux jours après leur sortie de cellule les voilà de nouveau interpellés par la police en compagnie de leur ami français.
“Le mercredi, avec Mue Bon et Jace, alors que nous visitions l’île, nous avons aperçu une maison abandonnée et avons décidé d’y apporter notre touche”, explique Alex Face. L’oeuvre murale était un clin d’oeil aux services d’immigrations français et à leur court séjour derrière les barreaux.
Mais voilà, il se trouve que le propriétaire de la maison a appelé la police... Après quelques négociations avec les force de l’ordre locales, les trois compères ont finalement été sommés de recouvrir la sympathique fresque.
Pour autant, Alex Face ne tient pas rigueur aux agents de l’immigration. “Ils n’ont fait que leur boulot et au moment de prendre l’avion de retour pour Bangkok, nous avons plaisanté avec eux. Au final, l’exposition a eu lieu et j’ai pu visiter La Réunion, une île vraiment très belle, non pas sans un dernier petit incident, j’ai fait une chute à vélo!”, conclut l’artiste soulignant son souhait de revenir sur l'île pour des vacances en famille. Il y a sans doute à un peu de ce que l’on appelle le “Mai pen rai”, cette capacité qu’ont les Thaïlandais à glisser sur les épreuves de la vie en se disant qu'après tout, “ce n’est pas si grave”.
Alex Face participera à la prochaine Nuit des galeries à Bangkok, événement organisé par le service culturel de l’ambassade de France, où il devrait réaliser de nouvelles fresques de son personnage Mardi.
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