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HCTC: L’hôtellerie, passeport pour l’avenir de jeunes Karen de Mae Sot

Former des jeunes Karens défavorisés aux métiers de l’hôtellerie et de la restauration, tel est l’objectif chaque année de l’école hôtelière, HCTC, initiée en 2008 à Mae Sot, dans le nord-ouest de la Thaïlande. Avec l’hôtel-restaurant Passport lancé par ce centre de formation, les étudiants mettent en pratique leurs acquis et se préparent en deux ans à un brillant avenir.  

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Sophie GOUSSET - Le restaurant Passport forme les élèves aux métiers de la restauration, de la cuisine au service
Écrit par Sophie GOUSSET
Publié le 22 août 2018, mis à jour le 29 octobre 2023

L’école hôtelière HCTC, né il y a 10 ans de l’initiative de l’Institut européen de coopération et de développement (IECD), une ONG reconnue en France avec plus de 40 projets à travers le monde, s’applique à fournir des jeunes Karens défavorisés de 16 à 23 ans une formation de qualité digne des plus grandes chaînes hôtelières. 

Aux abords de la ville de Mae Sot, dans un cadre apaisant, entourés de jardins et potagers, et en face des dortoirs et salles de classe du centre de formation HCTC, l’hôtel-restaurant Passport est géré par les étudiants eux-mêmes. 

Dès l’arrivée dans l’établissement, deux jeunes garçons âgés de 23 ans, chemises bleues et pantalons noirs parfaitement repassés, se pressent de porter les bagages. Cordiaux, professionnels et le sourire jusqu’aux lèvres, Saw Bleh et N’Nut sont élèves de deuxième année à HCTC. 

A tour de rôle, ils mettent en application leurs connaissances théoriques et exercent leurs futurs métiers : chef cuisinier, commis, serveur, gouvernante, maître d’hôtel sous la surveillance des professeurs. 

Ecole et maison de désormais 71 élèves, le HCTC a bien évolué. Kasemsri, jeune mère de 23 ans, le visage souriant faisait partie de la première promotion en 2011. "Nous étions 28 à l’époque, nous n’avions pas de cantine et non plus de jardin", se souvient amusée la jeune femme, devenue enseignante dans le restaurant.

"Semeurs d’avenir" 

En Thaïlande, principalement dans le Nord-ouest, les Karens, ethnie montagnarde, sont pour la plupart écartés des services publics et vivent principalement d’une agriculture en déclin. "L’IECD avec le lancement du projet avait à cœur d’aider les jeunes Karen thaïlandais défavorisés", raconte d’une voix entraînante, Delphine Waller, directrice de l’école depuis deux ans. 

Dans l’espoir d’offrir un meilleur avenir à Neeranut, sa tante l’a envoyée dans un camp de réfugiés pour y apprendre l’anglais auprès des ONG. Puis lui a parlé du HCTC.

Enthousiaste, l’air heureux, cette jeune fille timide souhaite désormais devenir chef de cuisine à Bangkok. 

"C’est très gratifiant de voir cette évolution, leur prise de confiance et leur épanouissement. Ils sortent de l’école avec un métier mais aussi l’anglais et la confiance", explique Delphine. Sur les quatre dernières promotions, le taux d’insertion professionnelle frôle les 100%. Pour aider leur famille ou par manque, certains diplômés décident de rentrer dans leur village natal après quelques années. 

Le défi de l’ouverture

Pendant leur cursus de deux ans, chaque élève est amené à effectuer deux stages. A Chiang Mai, Bangkok, ou dans le Sud de la Thaïlande, le HCTC jouit de prestigieux partenaires à travers la Thaïlande. Parmi eux, des enseignes comme Accord Hôtels, Onyx, Rembrandt Hotel, Centara, recrutent les élèves de l’école pour un stage voire pour un contrat professionnel. Pour les étudiants en première année, l’étape du stage représente leur premier grand voyage. Pour cela, la directrice elle-même, et l’équipe enseignante accompagnent chaque année les jeunes étudiants. 

A côté des cours classiques, Lalita et Kaew, cheffes de projet, se chargent également d’enseigner aux élèves les valeurs du travail, l’intégration dans un cadre professionnel, les différentes religions etc, un ensemble de “life skills”.

Cependant, face aux difficultés croissantes de financement et à la faible rentabilité du restaurant, HCTC a mis en place des frais de scolarité. A 6.000 bahts par an, certains élèves ne peuvent pas payer. 

"Ils peuvent payer en nature, contre du riz, des légumes. On leur propose des petits jobs également", explique Lalita. Par exemple, le 14 juillet 2017, certains élèves ont eu l’occasion de s’occuper du service de la réception à l’ambassade de France, de même que lors du lancement de l’opération Goût de France en mars dernier. 

"C’est aussi qu’ils s’ouvrent l’esprit à d’autres milieux et cultures. Nous faisons venir des volontaires, ils sont un support pour nous et un moyen pour les élèves d’apprendre d’un autre monde", conclut Delphine. 

Pour contacter le HCTC, Hospitality & Catering Training Centre: 507 Moo 10 Mae Pa | Mae Sot, Tak 63110 | THAILAND ; Tel: +66 (0) 63 668 4494 ; http://hctcmaesot.org/

Publié le 22 août 2018, mis à jour le 29 octobre 2023

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