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Hantée par ses démons, la Thaïlande prend la présidence de l'ASEAN

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archives LPJ Bangkok.com - L'annulation du sommet de l'ASEAN dans la panique en 2009 à Pattaya avait été suivie quelques jours plus tard par la déclaration de l'Etat d'urgence dans Bangkok
Écrit par Lepetitjournal.com Bangkok avec AFP
Publié le 16 novembre 2018, mis à jour le 2 août 2019

Singapour a passé jeudi le relais de la présidence de l’ASEAN à la Thaïlande. Hantée par sa dernière présidence chaotique en 2009, Bangkok espère que les troubles politiques ne gâcheront pas son année

Manifestations, vitres brisées et dignitaires forcés de fuir par hélicoptère - la dernière expérience de la Thaïlande en tant qu'hôte du plus grand sommet de l'Asie du Sud-Est en 2009 avait été dominée par le chaos politique.

Et alors que la présidence de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE) vient de passer de Singapour à la Thaïlande, Bangkok espère que les turbulences politiques ne viendront pas lui gâcher pas son année.

Le sommet annuel de l'ASEAN est devenu une étape majeure du circuit diplomatique, attirant même des dirigeants des États-Unis, de la Chine, du Japon et de la Russie.

La présidence thaïlandaise signifie que l’ASEAN sera accueillie par une dictature militaire l'année même où celle-ci compte organiser des élections. Or, le royaume est connu pour ses turbulences politiques avec des mouvements de rue imprévisibles et parfois violents.

Les généraux thaïlandais vont bien entendu se démener pour éviter une répétition de l’épisode de 2009 lorsque les manifestants du mouvement dit des "chemises rouges" s’étaient invités en nombre sur le site du sommet de l’ASEAN dans la station balnéaire de Pattaya réclamant des élections.

L’intrusion violente de dizaines de manifestants dans l'hôtel Royal Cliff Beach avait provoqué la panique. Un certain nombre de dirigeants avaient dû être évacués par des hélicoptères de l'armée thaïlandaise depuis le toit de l'hôtel tandis que d'autres avaient pu partir par bateau.

"C'était complètement chaotique", se souvient un diplomate asiatique qui avait participé à ce sommet annulé dans la panique.

La Thaïlande était alors déchirée par des tensions politiques qui opposaient les "chemises rouges" - fidèles au Premier ministre déchu, Thaksin Shinawatra - à leurs rivaux les "chemises jaunes", alliés des élites royalistes de Bangkok.

Le défi d'organiser des élections propres

En 2014, une junte militaire a repris le pouvoir au clan Shinawatra après sept mois de manifestations par des groupuscules ultra-royalistes héritiers des chemises jaunes, et a mis en place le gouvernement le plus autocratique que la Thaïlande ait connu depuis plusieurs décennies.

Le chef de la junte, Prayuth Chan-O-Cha, est aujourd'hui sur le point de lever le couvercle de la marmite politique thaïlandaise en organisant des élections prévues pour le début de l'année prochaine. 

Un scrutin très attendu qui risque de marquer le retour des turbulences politiques.

Mais Busadee Santipitaks, porte-parole du ministère thaïlandais des Affaires étrangères, a assuré que le royaume était prêt à accueillir les chefs d’Etats internationaux indépendamment des élections. "Nous prévoyons d'organiser plus de 170 réunions à différents niveaux l'année prochaine en Thaïlande", a-t-elle déclaré à l'AFP, ajoutant que des "dates provisoires" pour les principaux sommets étaient en discussion.

Un deuxième diplomate asiatique rencontré par l'AFP a estimé peu probable que le gouvernement thaïlandais laisse se reproduire la débâcle de 2009. "Je ne pense pas qu'ils laisseront un autre incident de la sorte gâcher leur présidence", a déclaré le diplomate à l'AFP.

Historiquement, l’ASEAN essaie d’éviter d’organiser des sommets dans des pays qui organisent la même année des élections nationales.

Thitinan Pongsudhirak, commentateur politique chevronné, estime que la débâcle de 2009 était un "fiasco, du niveau le plus bas des annales diplomatiques thaïlandaises". Selon lui, même si le risque de troubles politiques ne peut jamais être écarté en Thaïlande, la junte pourrait s’assurer une présidence de l'ASEAN sereine en organisant des élections propres et dans le respect du calendrier. "La junte doit s'assurer que l'ensemble de l'électorat est satisfait du processus électoral et de son calendrier", a-t-il déclaré à l'AFP. "Si la junte cherche à manipuler à tout prix pour rester au pouvoir après le scrutin, elle pourrait susciter une réaction de grogne populaire."
 

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