Un peu partout en Thaïlande, des distributions de repas sont organisées par les habitants pour venir en aide aux plus pauvres et des groupes d’entraide sur les réseaux sociaux voient le jour. Aux côtés des Thaïlandais, les expatriés ne manquent pas d’initiative et tentent de contribuer eux aussi au mouvement de solidarité.
Depuis l’apparition du premier cas d’infection au Covid-19 en janvier, la Thaïlande a enregistré un total de 2.839 cas de coronavirus et 50 décès. Si le virus en lui-même n’a manifestement pas fait beaucoup de dégâts (plus de 60 personnes meurent chaque jour sur les routes), les mesures mises en place pour contrer sa propagation ont mis la société sous pression et sont clairement en train de générer une crise économique et sociale.
Selon les estimations, entre 7 et 10 millions de Thaïlandais sont au chômage et sur les quelque 27 millions de personnes qui ont déposé une demande pour obtenir l’aide du gouvernement de 5.000 bahts par mois, seulement 4 millions l’ont reçu jusqu’ici, selon le Bangkok Post. Sans source de revenus, de nombreux Thaïlandais peinent à se nourrir.
Les médias thaïlandais font état ces derniers jours de files d’attentes interminables qui se forment devant les temples et autres lieux à Bangkok ou en province où l’on sert de la nourriture gratuite pour les plus démunis. Pour aider les plus nécessiteux, la solidarité s’est en effet organisée spontanément aux quatre coins du royaume.
Qu’ils soient Thaïlandais ou étrangers, des points de distribution de plats préparés ou d’aliments en vrac essaiment un peu partout dans le royaume et attirent chaque jour une foule de plus en plus nombreuse.
À Chiang Mai, le restaurant Monsoon Tea avec Philantropy Connections qui avait commencé à distribuer 50 repas par jour le 26 mars, en est un mois plus tard à 220 déjeuners servis quotidiennement. Le Warm Up Café de Chiang Mai fourni de son côté plus de 400 repas par jour. Le Differ Club Pattaya cuisinait jusqu’au 20 avril, près de 1.000 plats quotidiennement pour les gens en difficulté.
Ces initiatives ne sont que quelques exemples parmi beaucoup d’autres. Selon la page Facebook COVID Foreign Community Support Group Chiang Mai, au 20 avril, la ville comptait au moins 35 points de distribution de nourriture dont plusieurs d’entre eux se retrouvaient dans l’impossibilité de maintenir une distance entre les gens.
À Bangkok, Phuket ou Nakhon Pathom, des distributions de nourriture ont parfois été interrompues par les autorités en raison du décret d’urgence qui interdit les rassemblements de personnes.
Pour éviter que de telles situations ne se reproduisent, le gouverneur de Chiang Mai invite désormais les gens à venir déposer leurs dons à la mairie, ceux-ci seront ensuite distribués auprès des communautés qui en ont besoin. À Phuket, le gouverneur propose que les dons et les distributions aient lieu dans les bâtiments officiels, que ce soit à la mairie ou aux postes de police pour assurer une distribution qui respecte les règles de distanciation.
Solidarité en ligne
Sur les réseaux sociaux, l’aide s’organise également. L’association Covid Thailand Aid a pour volonté de fournir des repas et des biens de première nécessité aux personnes sans abris et aux personnes âgées les plus pauvres. Outre la possibilité de faire des dons, Covid Thailand Aid met en relation les personnes qui auraient de la nourriture à donner avec des volontaires pour les aider dans la préparation et la distribution, fait part des besoins les plus urgents et partage les initiatives qui émergent un peu partout. La volonté de cette page, accessible en langue anglaise et thaïlandaise, est de connecter les volontaires et ceux qui ont besoin d’aides.
À Chiang Mai, un groupe de soutien s’est créé, le COVID Foreign Community Support Group Chiang Mai, initié par Robert King, un Canadien spécialisé dans la gestion de situation de sauvetage et par le consul britannique Ben Robert Svasti. Ce groupe soutenu par des officiels du gouvernement et par le gouverneur de la province avait pour objectif premier de fournir des informations sur l’évolution de la situation avant de réaliser que des résidents étrangers et Thaïlandais pouvaient avoir besoin d’aide que ce soit pour aller faire des courses ou aller à la pharmacie parce qu’ils ne peuvent pas sortir de chez eux… Très vite s’est posée la problématique des langues pour certaines communautés et des versions chinoises, coréennes et françaises ont vu le jour.
Des initiatives francophones
À Bangkok, l’entrepreneur français Morgan Largouet a initié une première distribution le 19 avril de 170 "lunch-box" et d’autres rendez-vous sont prévus dans les prochains jours.
L’Association Bonjour Phuket et l’agence consulaire de Phuket ont lancé un appel aux dons auprès de la communauté francophone : “Nous sollicitons toutes celles et ceux qui, touchés par les difficultés rencontrées par nos hôtes, souhaitent leur venir en aide en envoyant un peu d’argent. Les sommes récoltées seront exclusivement et intégralement destinées à offrir des repas à la population locale de Phuket défavorisée et dans le besoin”.
À Hua Hin, le restaurant L’Occitan, Paris Bakery et Elite Fight Club s’associent pour préparer des plats à emporter pour ceux dans le besoin. Le patron de L’Occitan, "Manu", estime pouvoir préparer entre 40 et 45 repas pour 1.000 bahts. Dès lors, il appelle sur sa page Facebook la communauté francophone à verser des dons pour pouvoir cuisiner le plus de repas possible. À partir du 27 avril, il prévoit de distribuer à manger tous les mardis pendant tout le mois de mai et sans doute après.
À Koh Samui, l’Association Française de Bienfaisance en Thaïlande (AFBT) a distribué des repas et de la nourriture aux locaux en difficulté pour un montant de 200.000 bahts.