Le parti anti-junte thaïlandais Anakot Mai (Nouvel Avenir) a riposté samedi contre des accusations selon lesquelles il tenterait de "déstabiliser la monarchie constitutionnelle", une énième affaire ayant été portée contre lui devant la justice la veille.
Le parti du milliardaire Thanathorn Juangroongruangkit a été trainé dans plus d'une douzaine d'affaires de justice depuis son succès électoral du 24 mars dernier, lorsqu’il a obtenu plus de six millions de voix au grand dam des militaires et leurs alliés.
La Cour Constitutionnelle, qui avait dissout un autre parti opposé à la junte en février, a accepté une pétition contre le tout jeune parti politique "pour avoir usé de sa liberté pour déstabiliser la monarchie constitutionnelle", selon un communiqué vendredi.
Anakot Mai a 15 jours pour "clarifier" la question, a précisé la cour, même s'il reste à déterminer quelles seront les sanctions si le parti est déclaré coupable.
La porte-parole d’Anakot Mai, Pannika Wanich, a qualifié cette affaire "d’affaire politique" et a nié les accusations.
"Ceux qui déstabilisent la démocratie et la monarchie constitutionnelle sont ceux qui commettent des coups d'Etat", a-t-elle déclaré à l'AFP samedi.
Il s'agit de la 23ème affaire portée contre l'organisation, a indiqué Pannika, ajoutant qu'il était évident que "les résultats des élections ont rendu le régime de la junte très nerveux".
La Thaïlande reste extrèrement divisée après 15 années marquées par deux coups d'État, plusieurs séries de manifestations violentes et de gouvernements éphémères, sous-tendus par une rivalité grandissante entre un establishment conservateur ultra-royaliste et des partis populistes soutenus par les classes pauvres et moyennes.
Le Premier ministre, Prayuth Chan-O-Cha, a pris le pouvoir lors d'un coup d'État de 2014 avant d'être réinstallé en tant que Premier ministre civil après les élections du 24 mars.
La Cour Constitutionnelle a également accepté une autre pétition mettant en cause la qualité de ce dernier, une affaire initiée par 110 personnalités politiques issues des sept partis de l'opposition qui estiment que, étant donné que Prayuth a été un chef de junte, il n'aurait pas dû être autorisé à se porter candidat au poste de Premier ministre au moment des élections.
Toutefois, Prayuth ne sera pas suspendu de son poste de Premier ministre pendant que la cour délibérera car "il n’existe aucune preuve de dommages causés par l’accusé", indique le communiqué.
Thanathorn a pour sa part bel et bien été suspendu du Parlement en mai lorsque la Cour Constitutionnelle a accepté une affaire alléguant qu'il avait violé les règles électorales en détenant des actions dans une société de médias.
Depuis la séance inaugurale du Parlement, l'ancien magnat s'est rendu en Europe et aux États-Unis pour s'entretenir avec des officiels de l'état de la démocratie en Thaïlande.