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La junte accusée d’utiliser la justice pour nuire à ses rivaux

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Thanathorn Juangroongruangkit, dirigeant du parti Future Forward, salue les supporters à leur arrivée au bureau du procureur général à Bangkok le 27 février

Le jeune millionnaire dirigeant du mouvement Future Forward a dénoncé mercredi les tentatives des militaires thaïlandais de lui "briser les jambes" à l'approche des législatives du 24 mars.

Thanathorn Juangroongruangkit, milliardaire de 40 ans entré en politique pour défier la junte au pouvoir et devenu le chouchou des millennials thaïlandais grâce à son éloquence sur les réseaux sociaux, a dénoncé mercredi les tentatives des militaires de lui "briser les jambes" à l'approche des législatives du 24 mars.

Ce fils d'un richissime fabricant de pièces d'automobile est le leader charismatique de Future Forward Forward ("En avant l'avenir"), un nouveau parti ciblant le vote des jeunes citadins avec une plate-forme résolument anti-junte sans pour autant être inféodé au clan Shinawatra.

Il a ainsi bousculé la scène politique thaïlandaise, offrant une nouvelle option dans l’offre politique binaire qui existait depuis longtemps -le bloc royaliste aligné sur l'armée et les partis populistes des ex-Premiers ministres Thaksin Shinawatra et sa sœur Yingluck.

Thanathorn a attiré de nombreux adeptes des réseaux sociaux, principalement parmi les jeunes électeurs qui votent pour la première fois, séduits autant par son physique que par sa politique.

Lors d'une émission en direct l'an dernier sur Facebook, Thanathorn a accusé la junte au pouvoir depuis le coup d'Etat de 2014 de tenter d'acheter, par l’argent ou la menace, le ralliement d'hommes politiques.

Une sortie qui lui vaut d'être inculpé pour diffusion de fausses informations dans le cadre d'une affaire intentée par la junte en vertu de la loi sur la criminalité informatique.

Le jeune magnat, qui s'occupait avant sa récente entrée en politique de la gestion du groupe familial Thai Summit a comparu mercredi devant les procureurs.

Lui et deux autres responsables du parti risquent une peine de cinq ans de prison s’ils sont déclarés coupables. "Nous avons confiance en notre innocence et dans le pouvoir du peuple", a déclaré Thanathorn à la presse. "La popularité de Future Forward augmente. Il y a des efforts entrepris pour me briser les jambes. Mais nous continuerons d'avancer", a-t-il ajouté.

Les procureurs se réuniront à nouveau le 26 mars, deux jours après les législatives, pour décider s’il y a lieu de porter l’affaire devant un tribunal.

Thanathorn s'est ensuite rendu sur Twitter, avertissant ses 182.000 abonnés "que ce n'est pas le dernier obstacle qui se trouvera en travers de notre route".

Future Forward, officiellement lancé début octobre, présente des candidats dans toutes les circonscriptions.

Le parti, qui propose de dépasser les clivages politiques du royaume, espère jouer un rôle prépondérant dans une éventuelle coalition pro-démocratique si aucun parti n'arrivait à décrocher seul la victoire.

Verdict du 7 mars

La probabilité que les élections aboutissent à une impasse s'est accrue depuis que l'avenir du parti Thai Raksa Chart, un parti lié à Thaksin Shinawatra, a été remis en question par la tentative ratée de présenter la sœur du roi comme candidate au poste de Premier ministre.

Le roi Maha Vajiralongkorn a rapidement rejeté l’idée, estimant que l'utilisation de sa sœur aînée en politique était "hautement inappropriée".

Le parti se trouve maintenant embourbé dans des problèmes juridiques.

La Cour constitutionnelle se prononcera le 7 mars sur les accusations selon lesquelles la Thai Raksa Chart aurait "commis un acte hostile à l'encontre de la monarchie constitutionnelle", a annoncé mercredi dans un communiqué son président.

La Cour pourrait dissoudre le parti - comme elle l'a déjà fait avec plusieurs partis du clan Shinawatra.

Thai Raksa Chart est la pièce maîtresse de la stratégie électorale des Shinawatra, qui vise à éponger les circonscriptions situées au nord et au nord-est du pays, avec le plus grand parti Puea Thai.

L’ancien chef de l'armée devenu Premier ministre au lendemain du coup d’Etat, Prayuth Chan-O-Cha, espère conserver le pouvoir à l'issue du scrutin, à la tête cette fois d'un gouvernement civil après les élections le mois prochain, les premières depuis 2011.

Les critiques disent qu'il a chamboulé le paysage politique thaïlandais pour le faire pencher en sa faveur.

Le Sénat devrait être nommé par le numéro deux de la junte, Prawit Wongsuwan –personnage très influent qui avait beaucoup fait parler de lui en 2018 pour ses innombrables montres de luxe- alors que les règles électorales ont été redéfinies pour éviter une nouvelle victoire écrasante du clan Shinawatra.

Prayuth a rejeté cette semaine l’idée de participer à des débats politiques télévisés,  insistant toutefois sur le fait qu'il "n'avait pas peur" du discours public.
 

lepetitjournal.com bangkok
Publié le 28 février 2019, mis à jour le 28 février 2019

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