Plusieurs centaines de personnes ont défilé mercredi devant le Parlement thaïlandais pour exprimer leur opposition aux appels à la réforme de la Constitution lancés par les manifestants anti-gouvernementaux alors que la chambre se réunissait pour débattre sur le sujet.
Une session extraordinaire du Parlement a été convoquée après deux mois de manifestations - dont la plus importante a attiré plusieurs dizaines de milliers de personnes ce week-end dans le centre historique de Bangkok.
Les manifestants veulent obtenir la réforme d'une Constitution qui, selon eux, a été conçue pour garantir que l'ancien chef de la junte, Prayuth Chan-O-Cha puisse conserver son siège de Premier ministre à l’issue des élections l'année dernière.
Les protestataires demandent sa démission et certains d’entre eux affirment également que la Constitution donne trop de pouvoir au roi Maha Vajiralongkorn.
La Constitution de 2017 a été rédigée par un comité nommé par l'armée et a été approuvée en 2016 par un référendum national au cours duquel l'opposition n’a pas été autorisée à faire campagne.
Warong Dechgitvigrom, qui a dirigé la marche du groupe royaliste Thai Pakdee en direction du Parlement, mercredi, a déclaré qu'il avait soumis une pétition contenant 130.000 signatures s'opposant à un changement constitutionnel.
"Pour amender la Constitution de 2017, un autre référendum national doit être organisé", a-t-il déclaré à Reuters. "Rien de bon ne sortirait de cet amendement. Cela ne profitera qu'aux politiciens."
L’initiative de Thai Pakdee intervenait un jour après que le groupe de veille juridique thaïlandais iLaw a soumis un projet de Constitution au Parlement juste avant que ce dernier se réunisse pour débattre.
Mais le secrétaire du Parlement a déclaré que le projet, soutenu par plus de 100.000 signatures, ne serait pas discuté cette semaine car les signatures doivent d'abord être vérifiées.
Le Parlement doit décider jeudi comment et quelles parties de la Constitution seront amendées. Les manifestants anti-gouvernementaux prévoient de se rassembler devant le Parlement pour faire pression.
Le Parlement est composé d’une chambre basse avec des députés élus, parmi lesquels les partisans de Prayuth Chan-O-Cha ont accru leur majorité à la faveur de la dissolution d'un des principaux partis d'opposition en début d’année. Une décision de justice mal perçue par l’électorat jeune du parti Anakot Mai qui a déclenché le mouvement de protestation étudiant en février.
Les membres du Sénat, la chambre haute du Parlement, ont tous été choisis par l'ancienne junte.