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Des manifestants thaïlandais anti-junte inculpés pour "sédition"

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Sophie GOUSSET - Nuttaa “Bow” Mahattana, l'une des leader de la manifestation du 22 mai fait partie des 15 activistes pro-démocratie inculpés
Écrit par Lepetitjournal.com Bangkok avec AFP
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 25 mai 2018

Arrêtés mardi pour avoir organisé un rassemblement pro-démocratie marquant le quatrième anniversaire du coup d’Etat, quinze militants anti-junte ont été inculpés jeudi à Bangkok pour "sédition", ce qui qualifie leur action de complot, de mouvement insurrectionnel. 

La manifestation, mardi, aux abords de l’université Thammasat était un petit rassemblement par comparaison avec ce que les mouvements politiques thaïlandais ont été capables de produire ces dernières années, mais elle a fait la Une des journaux dans un pays sous contrôle d’une junte militaire. 

Quelques centaines de personnes avaient tenté, en vain, de marcher vers le siège du gouvernement pour réclamer pour cette année des élections que la junte a continuellement repoussées depuis 2015. 

Parmi les militants arrêtés, figurent les leaders Rangsiman Rome, Ekachai Hongkangwan and Sirawith Seritiwat, épines vivaces de l’opposition à la junte qui a reversé le gouvernement élu le 22 mai 2014. 

Depuis, les militaires au pouvoir ont interdit tout rassemblement ou manifestation de plus de 5 personnes. 

En plus d’être accusés de sédition, les militants ont été inculpés pour “rassemblement illégal de plus de 10 personnes, entravant la circulation et causant un trouble de l’ordre public” a déclaré à l’AFP,  Pawinee Chumsri, avocate thaïlandaise pour les droits de l’Homme qui représente le groupe d’opposants.

Les militants ont tout de même été libérés sous caution à la condition de ne pas rejoindre de futures protestations politiques. 

Sunai Phasuk de Human Rights Watch, a affirmé que l’action en justice intenté contre les “manifestants pacifiques” représente le réflexe habituel de la junte pour “effrayer le public thaïlandais et le soumettre.”

Lundi, trois politiciens du parti Puea Thai, évincé du pouvoir en 2014 par les généraux thaïlandais, avaient déjà été accusés de sédition. 

Prayuth Chan-O-Cha, ancien chef de l’armée et désormais Premier ministre a laissé entendre que des élections auraient lieu en février prochain. 

Mais la date des élections, promise initialement pour octobre 2015 au lendemain du coup d'Etat, a été plusieurs fois reportée, et les opposants au régime ne croient pas que le scrutin aura lieu bientôt. 

Une grande partie de la société thaïlandaise, y compris la classe moyenne de Bangkok, est lasse d’être dirigée par un régime militaire conservateur qui s’est immiscé dans la vie quotidienne des gens du petit peuple pendant que l’écart de richesse entre pauvres et riches déjà abyssal ne cesse de grandir. 

Les détracteurs de la junte estiment qu’en quatre ans au pouvoir, la junte s’est montrée opaque dans ses tractations financières, elle a généré et nourri de vastes réseaux de patronage et a échoué dans sa lutte contre la corruption endémique - qu’elle avait brandie pour justifier sa prise de pouvoir aux dépens du gouvernement élu de Yingluck Shinawatra. 

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