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Manifs à Bangkok: des leaders pro-démocratie arrêtés par la junte

Manifestations BangkokManifestations Bangkok
LILLIAN SUWANRUMPHA / AFP - Manifestants et policiers se font face lors du rassemblement du 22 mai 2018
Écrit par Sophie Gousset avec AFP
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 23 mai 2018

Des leaders du Groupe pour la restauration de la démocratie, notamment Nuttaa “Bow” Mahattana ont été arrêtés par la police après une longue journée de contestation ce mardi 22 mai. Plus de deux cents militants pro-démocratie ont manifesté contre la junte au pouvoir, pour marquer le quatrième anniversaire du coup d’Etat

L’arrestation de plusieurs leaders pro-démocratie a mis un coup d’arrêt à une longue journée de manifestations à Bangkok, mardi. Des centaines de protestataires, dirigés par le Groupe pour la restauration de la démocratie (DRG), avaient décidé de marcher jusqu’à la Maison du gouvernement pour marquer le 4e anniversaire du coup d'Etat. Le départ du cortège s'est fait depuis l’université Thammasat, où des manifestants étaient mobilisés depuis la veille. 

Depuis le lever du jour, postés devant une barricade de barrières, 200 officiers de la police et de l’armée avaient encerclé les manifestants pro-démocratie aux abords de l’université Thammasat. Le mouvement a principalement défilé aux abords de l’université. L'établissement, barricadé par des barrières et des centaines de policiers et officiers, a été investi par plusieurs protestataires qui ont profité de l'agitation, constate le journal Khaosod.   

Les principaux axes menant à la Maison du gouvernement étaient aussi bloqués. La junte, connue sous l’acronyme NCPO (Conseil national de la paix et de l’ordre), se voulait ferme et organisée pour empêcher autant que possible la marche prévue. 

Les opposants se sont de leur côté montrés pleins d’entrain, dansant sur les airs d’un groupe thaïlandais. Parmi les manifestants, se mêlaient étudiants et partisans des “Chemises rouges”, mouvement de soutien au parti politique Puea Thai, évincé du pouvoir par le dernier coup d'Etat le 22 mai 2014. 

Dans la journée, l'une des leaders du mouvement, Nuttaa “Bow” Mahattana, a confié au petitjournal.com d’une voix empreinte d’inquiétudes : “Les forces de l’ordre menacent de nous arrêter si nous tentons de franchir la barricade.” De son côté, Rangsiman Rome, tête d’affiche de la DRG, racontait en début de journée à l’AFP : “Nous ne voulons pas manifester. Il fait chaud, c’est fatiguant. Mais, c’est le seul moyen de nous faire entendre.”

 

Photos Sophie Gousset

Deux représentants de l’armée et de la police ont prévenu les protestataires et leurs leaders à l'aide de haut-parleurs montés sur un camion, proclamant : ''L'action que vous êtes en train de mener est contraire à l’ordre du NCPO”. La déclaration fait référence à l’interdiction d’organiser un rassemblement de plus de 5 personnes, décrétée lors de la prise de pouvoir il y a quatre ans.

Dans la foule qui tentait de négocier le passage, certains brandissaient des éventails, caricaturant le Premier ministre, le général Prayuth Chan-O-Cha, avec un nez de “Pinocchio", symbole des promesses brisées. Depuis 2014, la junte militaire au pouvoir a plusieurs fois promis la tenue d’élections mais n’a cessé de les repousser, la dernière date ayant été fixée à février prochain. 

Les protestataires de plus en plus déçus ont réclamé la mise en place des scrutins d’ici novembre. "Nous voulons des élections. Rien n'est fait pour garantir qu'elles auront bien lieu en février", a critiqué Anuthee Dejthevaporn, manifestant interrogé par l'AFP.

Après plusieurs heures de face-à-face, marquées par un bref mouvement d’agitation et plusieurs évanouissements en raison de la chaleur, cinq meneurs de la manifestation se sont rendus à la police, selon des journalistes de l'AFP sur place. Trois autres ont été arrêtés, selon l'organisation Thai Lawyers for Human rights.

Pour rappel, les deux principales figures du parti Puea Thai, les anciens Premiers ministres Thaksin et Yingluck Shinawatra, écartés du pouvoir par les militaires lors de deux coups d'Etat, en 2006 et 2014, vivent en exil pour échapper à des poursuites qu'ils dénoncent comme politiques.

Le clan des Shinawatra avait systématiquement remporté toutes les élections nationales, sitôt des élections organisées, d'où les reports incessants du scrutin par les militaires, craignant la victoire de l'opposition.

Publié le 23 mai 2018, mis à jour le 23 mai 2018

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