Une personne a été tuée et vingt-deux manifestants anti gouvernementaux ont été blessés par l'explosion d'une bombe à l'aéroport national de Bangkok, la nuit dernière, a annoncé le site internet du quotidien The Nation, citant des sources hospitalières. Cet attentat intervient alors que les manifestants venaient de lever le siège autour de la maison du gouvernement
Un attentat a eu lieu à l'aéroport Don Muang hier soir un peu après minuit, quelques heures après que les opposants de l'Alliance du peuple pour la démocratie (APD) ont évacué le siège du gouvernement qu'ils occupaient depuis plus de trois mois. "Il y a eu un attentat à la bombe à Don Mueang juste après minuit"a déclaré un porte-parole des services de sécurité, en faisant état d'un premier bilan de six blessés.
Le site de The Nation n'a pour sa part pas pu immédiatement préciser si la personne tuée dans l'attentat faisait partie des manifestants. En quittant le siège du gouvernement, les manifestants avaient déclaré vouloir renforcer le blocus des aéroports de Bangkok qui a déjà empêché environ 350.000 passagers de quitter le royaume depuis près d'une semaine.
"Nous allons nous rendre aux aéroports de Don Muang et Suvarnabhumi", avait annoncé à l'AFP une porte-parole de l'APD, Anchalee Paireerak. Les manifestants avaient ajouté qu'ils quittaient le siège du gouvernement en raison des récentes attaques à la grenade dont ils avaient été la cible sur le complexe abritant les bureaux du Premier ministre. Ces attaques avaient fait deux morts et des dizaines de blessés dans leurs rangs.
Le campement établi le 26 août par les opposants avait forcé le Premier ministre Somchai Wongsawat à aménager en septembre des bureaux temporaires à l'aéroport de Don Muang. Somchai est aujourd'hui retranché avec son gouvernement à Chiang Mai en raison des troubles.
Le camp des rouges met en garde contre un "coup d'Etat déguisé"
L'APD avait commencé mardi dernier à occuper les aéroports civils de Bangkok, ce qui a entraîné leur fermeture et constitué une escalade majeure dans la crise thaïlandaise qui dure depuis des mois.
Alors que l'APD annonçait son repli stratégique, environ un millier de partisans du gouvernement sont restés mobilisés devant le siège de l'administration métropolitaine de Bangkok. La veille, ils avaient été 15.000, vêtus de rouge, à entamer une contre-manifestation à cet endroit, affirmant vouloir rester jusqu'au 4 décembre, la veille de l'anniversaire du roi Bhumibol Adulyadej, dont le discours annuel, jeudi, est très attendu.
Le "camp des rouges"pourrait également manifester aujourd'hui devant la Cour constitutionnelle (quartier Pahurat) qui doit boucler un dossier susceptible d'aboutir à la dissolution du parti au pouvoir et de deux formations alliées pour fraude électorale. Les supporters du gouvernement notent que la procédure a brusquement été accélérée sans même que tous les témoins aient été entendus. Ils dénoncent une "conspiration".
La police a sollicité l'assistance de l'armée pour prévenir toute obstruction de l'audience de mardi, selon un porte-parole de l'armée.
Redoutant un verdict négatif de la cour, les partisans du gouvernement ont d'ores et déjà mis en garde contre cet éventuel "coup d'Etat déguisé"qui pourrait pousser M. Somchai vers la sortie.
P.Q. avec AFP mardi 2 décembre 2008