Alors que le Fonds monétaire international (FMI) a déclaré que le monde se dirigeait sans doute vers sa pire crise économique depuis la crise de 1929, la Thaïlande commence déjà à revivre certaines conditions de la crise asiatique de 1997 dont le royaume avait été l’épicentre.
Jusqu'à 7 millions de Thaïlandais pourraient perdre leur emploi d'ici juin en raison de la mise du blocage du pays face au Covid-19, a annoncé la semaine dernière le Comité mixte permanent au commerce, à l'industrie et au secteur bancaire (JSCCIB).
La Thaïlande, qui compte 2.551 cas d’infections au Covid-19 et 38 morts depuis janvier avec un nombre de nouveaux cas en baisse, a imposé l’état d'urgence le 26 mars jusqu’à la fin du mois d'avril, après avoir ordonné progressivement depuis la mi-mars la fermeture de la plupart des lieux et établissements accueillant du public, ainsi que des frontières terrestres et aériennes pour les flux entrants. Le Premier ministre a indiqué vendredi qu'il se pourrait que l’état d’urgence soit prolongé. Il a en revanche souligné que le gouvernement n'avait pas prévu pour l’instant de prolonger les heures de couvre-feu qui va de 22 heures à 4 heures du matin.
Plus de 140.000 employés ont d’ores et déjà perdu leur emploi le mois dernier en raison des mesures prises pour endiguer la pandémie de Covid-19, selon le ministère de l'Emploi.
Le JSCCIB estime que 4,2 millions d’employés dans la grande distribution et les centres commerciaux perdront leur emploi d’ici juin, ainsi que 1 million dans le secteur de la construction, 978.000 dans l’hôtellerie, 250.000 dans la restauration, 200.000 dans le secteur du spa et massage et 200.000 dans la confection
Le mois dernier, le gouvernement a mis en place des plans d’aide dont une allocation de 5.000 bahts ainsi que des prêts d'urgence aux particuliers de 10.000 bahts à 0,1% d'intérêt par mois, sans garantie requise, pour aider les personnes dans le besoin.
Mais force est de constater que ces mesures n’atteignent pas tout un pan de la population qui contribue à l’économie informelle. Selon un rapport récent de la Banque de Thaïlande, le nombre de travailleurs dans l’économie informelle représenterait plus de la moitié du marché de l'emploi dans le royaume, soit environ 21 millions de personnes. Et le Bangkok Post de souligner que le nombre de travailleurs en Thaïlande en grande difficulté pour subvenir aux besoins du quotidien et sans aucun filet de sécurité sociale, serait estimé à 3 millions.
L’indice de confiance des ménages a chuté de plus de 14 points entre février et mars, selon le sondage mensuel effectué par l’Université de la Chambre de Commerce Thaïlandaise (UTCC). Et il s’agit du niveau le plus bas depuis le début de l'étude en octobre 1998 durant la crise financière asiatique.
L'impact des mesures de restrictions face au Covid-19 en Thaïlande est au moins "aussi grave que" la crise financière asiatique, selon le président de l'université Thanavath Phonvichai, cité par le Bangkok Post.