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En Asie, les vendeurs de rue souffrent du confinement dans les villes

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Reuters

Les autorités des pays asiatiques doivent venir en aide aux vendeurs de rue qui peinent à gagner leur vie alors que l'épidémie de coronavirus a considérablement ralenti l’activité économique et sociale, forçant les gens à rester à l'intérieur, ont déclaré mercredi des experts du travail.

Selon un bilan, plus de 489.000 personnes ont été infectées par le coronavirus dans le monde et environ 22.000 sont décédées.

Afin de ralentir les taux d'infection, de nombreux pays et villes ont imposé des mesures strictes de verrouillage.

Même si de nombreux commerces de restauration sont restés ouvert, proposant l’achat en ligne et la livraison à domicile, peu de vendeurs de rue - qui privilégient les points de passage engorgés de piétons – peuvent se rabattre sur ce genre de services en raison du coût et aussi de leur statut informel.

"Les bouclages sont catastrophiques pour [les vendeurs de rue] car ils travaillent au jour le jour et vivent en flux tendu", explique Ajay Suri, un directeur basé à Bangkok à Cities Alliance, une organisation mondiale œuvrant pour la réduction de la pauvreté urbaine.

"Les gouvernements devraient préparer des plans d'aides pour les travailleurs du secteur informel, dont font partie les vendeurs de rue, avec des transferts d’argent effectués directement sur leurs comptes bancaires pour les aider à survivre", suggère Ajay Suri.

L'Asie est connue pour sa cuisine de rue et les vendeurs ambulants sont omniprésents dans des villes comme Hong Kong, Bangkok, Jakarta, Hanoi ou encore Bombay, servant des aliments frais et des spécialités locales. Certains restaurants de rue ont même obtenu des étoiles au Michelin.

Pour transporter et vendre leurs produits, ils utilisent selon leurs moyens et leurs besoin fourgonnettes, motos, pousse-pousse, vélos, chariots, quelques tables pliables et chaises en plastique, ou même un simple morceau de carton disposé sur les trottoirs.

En plus d'attirer les touristes, la restauration de rue contribue à maintenir un coût de la vie raisonnable dans les villes et constitue un moyen de subsistance pour les jeunes, les femmes et les migrants.

Mais il est difficile d'obtenir des données fiables sur le nombre de vendeurs de rue, cette économie informelle étant rarement soumise à l’impôt pas plus qu’elle n’est bénéficiaire des aides publiques.

Dans de nombreuses mégapoles d'Asie, ils sont estimés à plus de 300.000, selon John Taylor, conseiller pour l'Organisation pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) à Dacca.

Les gouvernements devraient contrôler les prix des denrées alimentaires pour garantir que les produits de base ne deviennent pas inabordables,  dit-il, ajoutant qu'il est vital de garantir que les filets de sécurité sociale atteignent les plus vulnérables.

«Les gens ont peur»

Au fur et à mesure que les villes asiatiques se développent et se modernisent, les autorités voient souvent les vendeurs de rue comme un obstacle au progrès et lancent des campagnes de restrictions et d’expulsions, même si certaines villes font des efforts pour les réinstaller et les aider à se conformer aux normes sanitaires.

À Bangkok, où les vendeurs de rue se sont mobilisés contre les expulsions, les revenus ont baissé jusqu'à 80% depuis le début d'un verrouillage partiel la semaine dernière, selon Poonsap Tulaphan, directrice de HomeNet Thailand, un réseau de travailleurs informels.

"Les vendeurs de rue sont toujours en mesure de vendre de la nourriture à emporter, mais il y a moins de clients", dit-elle. "Les prix des produits de base sont également beaucoup plus élevés, mais les vendeurs ne peuvent pas augmenter les prix."

Alors que certains gouvernements asiatiques ont annoncé des plans d’aides aux entreprises et aux travailleurs face aux conséquences de l'épidémie de coronavirus, beaucoup ont omis les travailleurs intermittents et informels.

Les mesures en Thaïlande comprennent des subsides en espèces et des prêts bonifiés, mais de nombreux vendeurs de rue trouvent le processus de demande difficile et préfèrent essayer de continuer à opérer leur commerce, a déclaré Poonsap Tulaphan.

"Les affaires ne sont pas bonnes car les bureaux et les magasins sont fermés et les gens ont peur de sortir", déplore Wat Laithi, un vendeur de nouilles et de fritures à Bangkok.

"Mais je n'ai pas d'autre option. Il faut bien que je gagne ma vie pour ma famille."
 

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