Pour promouvoir l’idée du recyclage en Thaïlande, deux entreprises se sont associées pour fabriquer des amulettes bouddhistes à partir d’objets plastiques usagés, symbolisant le cycle des renaissances.
La Thaïlande est estimée être le cinquième contributeur à la pollution plastique des océans du globe, selon un rapport de l’ONG américaine Ocean Conservancy.
Autant dire que les bonnes idées pour inciter les Thaïlandais à recycler leurs déchets sont les bienvenues, même si la non-utilisation pure et simple reste sans doute la meilleure option.
Dans ce pays majoritairement bouddhiste, deux entreprises se sont récemment associées pour fabriquer des amulettes en utilisant neuf types de matériaux plastiques recyclables.
Un lien entre recyclage et bouddhisme
"L'idée de l'amulette en plastique est le résultat de la recherche d'un lien entre l'environnement et la culture thaïlandaise", explique Krit Phutpim, directeur de Dots Design Studio, l'une des entreprises à l'origine du projet lancé lors du salon Bangkok design week 2022.
Les amulettes frappées d’une imagerie bouddhiste sont extrêmement populaires dans le royaume, et beaucoup de Thaïlandais en acquièrent en espérant qu'elles renforceront leur spiritualité et leur apporteront bonne fortune.
L'amulette à l’effigie du Bouddha lancée cette semaine porte au dos le mot en thaï "sati" (สติ) signifiant "conscience" pour rappeler aux gens de bien garder à l’esprit que leur consommation quotidienne ne doit pas nuire à l'environnement, explique Teerachai Suppameteekulwat, le fondateur de Qualy Design, l'autre société à l'origine du projet.
Cycle des renaissances et karma
Les amulettes, qui ont été bénies par des moines, sont distribuées en échange d'au moins 1 kg de plastique ou d'un minimum de 100 bahts (2,72€) pour chaque amulette, l'argent allant à divers organismes de bienfaisance.
"Le feedback a été positif, car les [Bouddhistes] sont naturellement sensibles à l’idée du cycle des renaissances et c’est de cela qu’il s’agit avec le plastique", confie Teerachai Suppameteekulwat. "[L’amulette] pose la question : mieux vaut-il traiter le plastique afin de le faire renaitre pour le meilleur ou le laisser mourir et ruiner l’environnement" ?
Et le journal économique Krung Thep Turakij de souligner que l’acquisition de l’amulette et surtout l’adhésion au concept associé du recyclage des déchets, s’inscrivent dans la ligne des fameux mérites qui permettent d’améliorer son karma.
Le projet a toutefois suscité une certaine controverse sur les réseaux sociaux, certains internautes mettant en cause le fait qu’une amulette soit fabriquée à partir de matériaux recyclés.
En général, les amulettes sont fabriquées à partir de matériaux tels que l'os, le bois ou le métal. Elles peuvent contenir, par exemple, la cendre de l'encens brûlé dans un temple ou encore les cheveux d'un moine dont on pense qu'ils augmenteront les pouvoirs du porteur de l’amulette.
Paramapon Suthichavengkul, 33 ans, venue visiter le stand lors de la Bangkok design week, dit adhérer à cette idée d’octroyer un nouvel usage aux matériaux usagés à travers une amulette.
"J'ai apporté 1,8 kilogramme de bouteilles en plastique. Je veux lui donner une nouvelle vie", a-t-elle déclaré.