À travers des milliers de photos personnelles ou d’archives, le groupe Siamese Memories, lancé en 2015 par un Bruxellois, invite à découvrir la Thaïlande d’antan, du royaume du Siam aux années 1980
Des fumeurs d’opium en 1953, Bruce Lee en train de manger des nouilles à Korat (Nakhon Ratchasima) en 1971, Roger Moore sur le tournage du film “L'Homme au pistolet d'or” en 1974, ou encore le Bangkok des années 1920 capturé par le photographe italien Niso Sperotti, sont autant de photographies qu’il est possible de découvrir la page Facebook Siamese Memories. Dans les commentaires, les membres du groupe ajoutent parfois des informations, des détails historiques, des analyses ou partagent leurs expériences de la Thaïlande des années 1960-70-80.
Créé en 2015, le groupe Siamese Memories comptabilise aujourd'hui 18,700 membres et quelque 100 à 200 posts sont publiés par mois par l’administrateur, mais aussi par d’autres passionnés. La page rassemble autant des Thaïlandais que des étrangers, des journalistes, des historiens, des curieux, des résidents en Thaïlande de longue date et d’anciens vétérans, autant de personnes susceptibles de partager à l’occasion des photos de vacances ou de famille.
Créateur et administrateur de la page, Georges Lemaire publie une ou plusieurs images tous les matins, une routine qui a démarré en 2015 un peu par hasard pour ce Belge qui vit en Thaïlande depuis près de 25 ans.
“Alors que je parcourais mon fil d’actualité sur Facebook, je suis tombé par hasard sur une photographie avec en légende ‘ceci n’est pas un prince, mais une princesse’. J’ai alors fait une recherche sur Internet et je me suis rendu compte qu’il y avait des centaines, des milliers d’images anciennes sur la Thaïlande”, explique Georges Lemaire.
L'envie de partager l'histoire de la Thaïlande
Désireux de partager ses découvertes, Georges crée une page Facebook dédiée à ses découvertes et pérégrinations sur la toile, en particulier sur Pinterest, une plateforme qui permet d’épingler des images avant de renvoyer sur le site d’origine de la publication. Très vite, le succès est au rendez-vous puisque dès la première année, la page Siamese Memories rassemble 10.000 fans. “Il existait déjà des pages similaires en thaïlandais mais il n’y avait pas d’équivalent en anglais ou en français”, détaille le Bruxellois.
C’est d’ailleurs sa maîtrise de la langue thaïlandaise qui lui permet de trouver des images, mais surtout de pouvoir leur ajouter un descriptif et de remonter à la source pour citer le photographe, la date et le lieu où la photo a été prise. “Au fil des années, j’ai accumulé une banque d’images de plusieurs milliers de photographies. Tous les matins, j’en choisis une et je la passe dans Google images où je trouve plusieurs sites, généralement en thaïlandais, ce qui me permet d’écrire un petit résumé sur l’histoire derrière la photo”, détaille Georges.
Le Belge est loin d’être le seul à publier du contenu sur la page Siamese Memories, au fil du temps, d’autres internautes, étrangers ou Thaïlandais s’y mettent aussi, certains publiant même leurs propres photos. “Il y a des étrangers qui vivent ici depuis 30 ou 40 ans, d’anciens militaires américains et même des Thaïlandais qui publient des photographies personnelles. J’échange régulièrement avec une personne de la famille Bunnag (une grande famille de Thaïlande) et elle me partage certaines images qui n’ont jamais été publiées nulle part, c’est génial”, s’enthousiasme ce passionné.
Au fil des années, des membres de Siamese Memories ont créé des pages similaires sur des régions spécifiques telles que Chiang Mai Memories ou Vietnamese Memories.
Georges, qui n’a pas perdu une once de son accent bruxellois, confie lors d’un entretien accordé à Lepetitjournal.com que c’est en effet la passion qui l’anime dans tout ce qui l’entreprend, avec bien entendu une touche de dérision ‘à la belge’. Si l’histoire est une passion, l’homme se définit avant tout comme musicien et auteur.
Originaire de Bruxelles, Georges a créé avec les musiciens Eric Lemaître, Phil Grouwel et Bruce Ellison le groupe PPZ30 en 1992. Jusqu’en 2012, ce groupe de fusion belge qui alliait le funk, le rock, le hip-hop et le reggae a joué un peu partout en Europe et s’est retrouvé à l’affiche de nombreux festivals.
Son coup de cœur pour la Thaïlande a eu lieu en 1993 après un voyage d’un mois en solo au pays du sourire. “Quand je suis revenu de ce voyage, j’ai dit à ma femme que nous devrions y aller l’année suivante, mais qu’avant cela nous devions apprendre le Thaïlandais”, se souvient le quinquagénaire qui maîtrise le thaïlandais et le laotien.
Blabla à la belge
Autodidacte, Georges achète un livre de thaïlandais, écoute les leçons sur son walkman jusqu’à connaître chaque phrase par cœur. Entre 1994 et 2005, Georges, son épouse et leurs enfants passent six mois de l’année en Thaïlande. En 2005, après son divorce, George décide de venir définitivement s’installer en Thaïlande, à Nong Khai dans un premier temps avant de bouger pour Sisaket, où il vit aujourd’hui.
Après avoir testé plusieurs méthodes d’apprentissage du thaïlandais, le Belge a publié en 2014 sa première édition de Thaï Blabla, un guide de conversation qui allie différentes méthodes de mémorisation dans un contexte ludique avec beaucoup de phrases à prendre au second degré. Depuis, l’auteur a également sorti une version pour apprendre le laotien, le khmer, le vietnamien et le français.
“Pour tous les livres, ce sont les mêmes phrases qui sont traduites dans les différentes langues. French Blabla, c’est rigolo. J’utilise la phonétique thaïlandaise et donc cela permet aux locaux de parler correctement le français même si bien souvent ils ne comprennent pas ce qu’ils racontent. Et donc avec les deux livres, Thaï Blabla et French Blabla, vu qu’il y a beaucoup d’expressions à prendre au second degré, d’expressions ‘à la belge’, cela donne des situations très drôles avec les amis ou avec votre compagne ou compagnon! Moi-même, je passe des heures à rigoler en écrivant ces livres”, conclut celui qui a tout de même vendu 7.000 livres de Thaï Blabla.
Tout comme la page Siamese Memories qu’il ne prévoit pas d’arrêter de sitôt, Georges continue de mettre à jour ces livres, jusqu’au jour où la passion n’y sera plus.