Les cimetières, des lieux de tristesse diraient certains, mais aussi des lieux de recueillement, de calme et de mémoire, qu’est venu honorer le Souvenir Français, entouré des drapeaux de la FACS et de l’UNP
[Communiqué]
Dans l’enceinte du cimetière de Santikham, l’instant est solennel. Aux sons des ordres martiaux tranchant le silence, une trentaine de membres, conduits par l’Attaché de Défense, le Lieutenant-Colonel Arnaudon, le Délégué Général du Souvenir Français, Edouard Beaudeux, le DG de la FACS Thaïlande, Dominique Collins, et le représentant de l’UNP, Gérard Porcon, perpétuaient leur devoir patriote dans le transfert de la mémoire de nos chers disparus au Siam.
C’est dans une cérémonie parfaitement organisée, à la manière accoutumée des Frères d’armes, que le Souvenir Français à une fois de plus rendu hommage à ces militaires tombés dans l’accomplissement du devoir.
Les premières victimes sont enregistrées en 1893, année de l’incident de Paknam, lorsque trois navires français forcent l’estuaire du fleuve Chao Phaya pour venir s’amarrer devant la Légation française, le 13 juillet. Afin d’enjoindre le gouvernement royal à accepter les conditions d’un traité de paix présenté par la France, une force navale venue de Saïgon s’installa dans le golfe de Siam, interdisant fermement l’accès à la capitale. Sur ce blocus, tomberont les premiers marins Français.
• Né le 02 novembre 1870 à Lanmodez, agé de 23 ans Louis, Marie, HENRY décède le 7 août 1893 à bord du vaisseau "La Triomphante", à poste devant l’île de Ko Si Chang, non loin d’une villégiature du roi Rama V Chulalongkorn. Louis sera d’abord inhumé sur le littoral. Sa dépouille ne sera rapatriée que le 27 janvier 1894, à bord de la canonnière "Aspic", pour reposer dans le cimetière de Silom.
• Né le 29 octobre 1858 à St Paul de Lizonne, le Dr. Jean-Baptiste, Henry, COMTE LAGAUTERIE, médecin de 2ème classe embarqué à bord de la canonnière française "Le Lion" décède de maladie le 21 août 1893 malgré les soins du docteur Deuntzer de Bangkok. Titulaire d’un Doctorat de Médecine de Bordeaux, il était spécialiste en médecine tropicale, et était l’auteur d’une "Étude sur l’épidémie de dengue en Nouvelle-Calédonie en 1884-1887", publiée à Bordeaux en 1887.
• Né le 12 septembre 1876 à Plouézec, âgé de 21 ans, Edmond, Marie, HELOURY, décède le 28 août 1894 à bord de la canonnière française "La Vipère" où il manœuvrait en qualité de canonnier breveté.
• Né en 1872, à l’âge de 23 ans, Louis LE TERTRE, jeune marin de la canonnière "Le Pluvier", décède à bord le 10 août 1895. Bien que nous n’ayons que peu d’informations sur les circonstances, le journal de bord du "Jeune diplomate au Siam" de Philippe Marchat indique cependant en date du 10 août 1895 : "Un marin du Pluvier, poitrinaire, est mort hier soir, dans la nuit. Pauvres marins, si à l’étroit sur leurs bateaux, privés de toute douceur. Chaque canonnière laisse quelqu’un ici…".
• A l’âge de 32 ans, le décès de Augustin, Julien, François, Jean TREGUY est enregistré au Consulat de Bangkok le matin du 12 juillet 1895. Second-maître à bord de la canonnière "La Vipère", Augustin Tréguy était né le 6 février 1862 à Ploubalay et laissera une veuve, Marie-Anne née Briand.
En 1923, le croiseur cuirassé "Victor Hugo" achève sa dernière mission en Extrême-Orient. Faisant cap vers Toulon pour y être démobilisé, il remonte lentement vers l’Europe. Un mois de mai, le "Victor Hugo" mouille à l’entrée de la rivière Mae Nam, trop imposant pour franchir la barre bloquant l’entrée vers Bangkok. C’est au cours de cette escale, que deux marins français succomberont dans des circonstances encore ignorées.
• Né le 30 septembre 1902 à Trélazé, Julien LE DOUAIRON est adopté par la Nation, le 6 novembre 1919, eut égard aux états de services de son père, Yves Le Douairon, mort pour la France le 13 mai 1916 au cours des combats de Cuperly. Julien décède le 13 mai 1923 à bord du "Victor Hugo". Il sera inhumé deux jours plus tard dans le cimetière de Silom à l’âge de 20 ans.
• Trois jours plus tard, le 16 mai 1923, Yves BELLEC, maître-mécanicien à bord du "Victor Hugo", décède à son tour. Né le 21 septembre 1881 à Lanvéoc, marié et père de deux enfants, une messe en sa mémoire est célébrée le 30 mai 1923 à Brest. Il avait 42 ans, seule information dont nous disposons.
La mémoire de ces militaires tombés sous les couleurs de la France furent retrouvés de façon incidente par la recherche d’une sépulture particulière, celle du jeune Marcel Henri, le seul qui ne soit pas marin. Marcel Henry fait partie des onze Français, résidents du Siam, ayant répondu à l’appel de la mobilisation générale, victimes de la Première Guerre mondiale. Son nom figure sur le monument commémoratif à l’Ambassade de France à Bangkok.
• Né le 2 novembre 1895 à Saïgon, fils du directeur de la Banque de l’Indochine au Siam, Marcel, Paul, Antoine, HENRY, est parti dès octobre 1914, à l’âge de 19 ans, pour rejoindre 8ème Régiment d’Infanterie Coloniale à Toulon. Promu Caporal, il est envoyé au front de Champagne et sera gazé à la Main de Massiges, terre d’effroyables affrontements de novembre 1915. Il rejoint son régiment et repart en Serbie où il passe l’hiver 1916-1917 avant d’être de nouveau hospitalisé en France, atteint de laryngite tuberculeuse. Il sera réformé en juillet 1918. Il retourne donc vers ses parents à Bangkok mais succombe le 12 octobre 1920. Il sera inhumé au cimetière catholique de Silom, accompagné par la communauté française. Marcel Henry sera déclaré "mort pour la France" à l’âge de 25 ans.
M. François Doré, ancien Délégué Général du Souvenir Français, fut le premier à rendre mémoire à ces êtres d’exception, ayant donné leur vie pour les couleurs de la Nation, et l’architecte de cet hommage. Vous pouvez retrouver son article dont nous nous sommes inspirés, illustré de photos historiques, sur le site Internet du Souvenir Français.
Je remercie notre Attaché de Défense et son équipe, le Père Brice des Missions Etrangères de Paris (MEP), les porte-drapeau de la Facs et de l’UNP, les membres des délégations et du Souvenir Français de Thaïlande, sans qui cette cérémonie n’aurait pu avoir lieu.
Grace à votre présence à tous, nos marins, notre soldat, inhumés ici, ont entendu notre devise.
A NOUS LE SOUVENIR.
A EUX L’IMMORTALITÉ
Edouard Beaudeux
Délégué Général