Pour les familles francophones, l'expatriation est souvent l'occasion de donner une éducation bilingue à leurs enfants. Comme la langue de Molière leur est inculquée le soir et le weekend, pourquoi ne pas les inscrire dans une école anglophone au système IB, anglais ou américain ? D’autant que ces écoles sont plus nombreuses que les écoles françaises, et que ces systèmes présentent de nombreux atouts. Mais quelles difficultés un changement de système éducatif peut-il présenter pour l'enfant ?
Une expérience unique pour l'enfant...
Les expatriés francophones, désireux de donner une réelle ouverture d'esprit à leurs enfants, sont souvent séduits par les écoles internationales : dès le primaire, on y prône un développement harmonieux de l'enfant, non pas seulement sur le plan intellectuel mais aussi émotionnel et social. On y apprend le bien-vivre ensemble plutôt que le joug de l'autorité, et le respect de l'autre comme condition de sa propre réussite.
Quand Louis est arrivé à Bangkok pour y travailler, il a fait scolariser ses deux fils à l'American School of Bangkok, « car elle jouit d'une excellente réputation ». « Nous avons été séduits par l'immense respect des pédagogues pour la personnalité des enfants ». Tout est fait pour que ces derniers s’intègrent facilement et prennent confiance en eux. Par exemple, lors des « story tellings », les enfants prennent très tôt la parole devant la classe pour raconter en toute liberté un épisode de leur vie quotidienne, ce qui les gargarise et leur apprend à se connaître mutuellement. Quant aux après-midis, ils laissent une large place au sport et aux activités créatives.
Mais un effort d'adaptation supplémentaire...
Mais la découverte d'un nouveau système, aussi riche en découvertes fut-elle, n’exclut pas certaines difficultés. C'est un effort d'adaptation supplémentaire que l'on demande à l'enfant. Nouveau pays, nouvelle ville et nouveau quartier, nouvelle école, nouveaux amis, nouvelle langue d'études et nouvelle méthodologie, le changement de système éducatif n'est qu'un défi de plus à relever pour l'enfant !
Expatriée avec son époux à Bangkok, Emma a décidé de scolariser ses 3 enfants à l'école anglaise « pour qu'ils soient bilingues en anglais » et en raison de la forte probabilité de partir vivre ensuite dans un pays anglophone. « La première difficulté a été la langue » et même si l'intégration des élèves est garantie par un suivi individuel au sein de l'établissement, les parents ont eu recours à des cours particuliers en anglais le weekend pendant toute la première année, pour ne pas laisser les lacunes s'installer.
Au-delà de la langue, le système français, qui met d'avantage l'accent sur la grammaire au primaire, n’avait pas préparé les enfants aux exigences élevées du système anglais en matière rédactionnelle. ''A l'école anglaise, on demande déjà à ma fille, qui n'a que 7 ans, de raconter des histoires sur une page entière, et ma grande fille, qui fête tout juste ses 10 ans, doit déjà rédiger des essais d’au minimum 3 pages !» Des difficultés donc liées aux différences de contenu des programmes dans les différents systèmes, et que l'on retrouve en mathématiques. « A l’école française, les enfants sont confrontés de manière linéaire à une ou deux nouvelles notions mathématiques par an : addition et soustraction en CP, multiplication et division en CE, etc. Mais à l'école anglaise, toutes les notions sont introduites conjointement dès les petites classes. Ensuite, ce n'est plus que révisions et mises en pratique ».
Des solutions pour les aider dans cette transition
Face à ces décalages d'un système à l'autre, un accompagnement pédagogique individuel des enfants, au moins pendant les années de transition, reste une très bonne option : il faut combler les retards au plus vite pour éviter que l'enfant ne décroche et se décourage. « C'est dans cet esprit que nous avons créé Axiom », souligne Mathieu Choplain, fondateur de cette agence spécialisée dans le soutien scolaire aux enfants de familles expatriées, « car l'accompagnement doit être fait par des professionnels, qui connaissent bien le système scolaire en question, et deviennent de véritables « coachs » pour les enfants dans une période sensible où ils peuvent se sentir isolés ».
Si l'expatriation des enfants mérite donc d'être encadrée, il n'en est pas moins vrai du retour au pays d'origine. D'abord car les enfants arrivent alors souvent dans les grandes classes. « Intégrer le collège en France après 5 ans d'école américaine en Thailand fut une épreuve pour notre ainé. Ses difficultés en syntaxe et en grammaire l’ont malheureusement poursuivi jusqu'au bac. », confie Louis.
Suivre deux cursus en parallèle, étranger et français, en vue d'un futur retour en France, est-ce toutefois envisageable ? Ambitieux, mais possible, grâce notamment au CNED, qui fournit pour toutes les matières et tous les niveaux des fascicules permettant de suivre le programme français à distance. Recueils de documents, cours et exercices à réaliser avec un tuteur ou en autonomie, activités en ligne et évaluations à renvoyer, les envois du CNED s'apparentent à une prise en charge complète de la scolarité de l'élève. Une à deux heures par semaine et par matière suffisent à apprendre l'essentiel, ce qui représente toutefois une charge de travail supplémentaire non négligeable. Mais le jeu en vaut la chandelle, c'est la condition d'une liberté de choix, celle pour les enfants, quand ils grandiront, d'étudier où ils le souhaiteront.