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B.Odermatt: “Mental et attitude, les clés de la réussite en Thaïlande”

Bruno OdermattBruno Odermatt
courtoisie Bruno Odermatt
Écrit par Catherine Vanesse
Publié le 8 octobre 2019

Président de la Chambre de Commerce Suisso-Thaïlandaise (STCC) depuis 2016, Bruno Odermatt revient sur les relations commerciales, mais aussi historiques entre la Suisse et la Thaïlande, tout en donnant quelques conseils à ceux qui souhaiteraient investir dans le royaume. 

Installé en Thaïlande depuis 20 ans après être passé par la France, l’Allemagne, les États-Unis et l’Angleterre, Bruno Odermatt a pris la présidence de la Chambre de Commerce Suisso-Thaïlandaise (STCC) en 2016. Issu du milieu des assurances où il a effectué l’ensemble de sa carrière, il est aujourd’hui partenaire de VR Insurance Brokers. De son rôle au sein de la STCC dont il est membre depuis sa fondation en 1998, le sexagénaire originaire de Zurich revient pour Lepetitjournal.com sur les liens entre la Suisse et la Thaïlande, les secteurs d’investissements suisses dans le royaume à travers des entreprises comme Nestlé, Roche ou DKSH et Swatch Group.

Lepetitjournal.com : Quel est votre parcours au sein de la Chambre de Commerce Suisso-Thaïlandaise (STCC) ?

Bruno Odermatt : Je suis membre de la STCC depuis 1998, année de mon déménagement de New York à Bangkok. J’ai occupé le poste de vice-président de 2006 à 2015 et j’assume la présidence depuis 2016. Nous sommes une chambre de commerce indépendante autofinancée, nous bénéficions d’un soutien important de la part de l’ambassade de Suisse, des agences gouvernementales suisses et du monde des affaires. 

Depuis quand la STCC existe-t-elle et quel est son rôle ?

La STCC a été créée le 13 octobre 1998 par un groupe de personnes issues du milieu des affaires et des entrepreneurs visionnaires thaïlandais. En 2018, nous avons célébré notre 20ème anniversaire. 

La STCC s’efforce de soutenir ses membres dans les domaines liées au commerce et aux investissements ainsi qu’à la promotion des échanges commerciaux entre la Suisse et la Thaïlande. Grâce à nos efforts en étroite collaboration avec le gouvernement thaïlandais, la STCC a aidé la Thaïlande à obtenir des investissements substantiels de la part de sociétés suisses. La STCC s’engage également en termes de responsabilité sociale et soutient la communauté suisse en organisant des événements de réseautage, des séminaires et des visites d’entreprises dans le but de partager les connaissances et d’échanger sur les aspects commerciaux et sociaux dans le milieu des affaires en Thaïlande. 

La Thaïlande est en effet le deuxième partenaire commercial de la Suisse au sein de l’ASEAN, après Singapour. En 2017, le volume des échanges bilatéraux représentait 8 milliards de dollars américains. La Suisse, elle, est le dixième partenaire commercial de la Thaïlande en termes d’importation et à la douzième place en termes d’investissements nets cumulés. 

Qui sont les membres de la STCC ?

Nous avons environ 160 membres, dont 120 membres de sociétés, 20 membres individuels et 20 membres associés ou honoraires. Les sociétés suisses emploient environ 55.000 personnes en Thaïlande et 10% des entreprises membres sont des grandes multinationales suisses telles que Nestlé, Novartis, Roche, Swatch Group, ABB, DKSH. Le reste, ce sont des petites et moyennes entreprises. C’est un mélange équilibré. Certaines de ces sociétés ont établi des relations de longue date avec la Thaïlande, comme Nestlé dont l’histoire remonte à 1893 ou le groupe DKSH qui a été fondé en 1906 sur les rives du fleuve Chao Phraya. 

Quels sont les principaux secteurs d’investissements ?

Parmi les principaux secteurs d’investissements, l’attention se tourne surtout vers la santé et les sciences de la vie, le tourisme et l’hôtellerie, les biens de consommation, les technologies de pointe, les TIC (technologies de l’information et de la communication), l’électronique et l’horlogerie. 

Les principaux produits importés de Suisse sont les pierres précieuses et les bijoux, les produits pharmaceutiques, les machines, les montres, les produits chimiques et les dispositifs médicaux. Etant donné que le secteur des services reste limité pour les investisseurs étrangers, tels que l'assurance, la banque et les services financiers, peu d'entreprises suisses sont représentées dans ces secteurs.

Quels liens unissent les deux pays ? 

La Suisse et la Thaïlande entretiennent des relations privilégiées depuis longtemps. Le roi Bhumibol Audulyadej (Rama IX) et son frère aîné, le roi Ananda Mahidol (Rama XIII) ont passé leur enfance en Suisse et ont étudié à Lausanne pendant 18 ans. Au cours de ces deux dernières années, suite à plusieurs initiatives mettant en valeur cette partie de l’histoire de la royauté thaïlandaise en Suisse, le nombre de touristes venus du royaume a augmenté de manière substantielle. En 2017, environ 100.000 Thaïlandais ont accumulé environ 220.000 nuitées en Suisse.

Quels sont les secteurs d’investissement thaïlandais en Suisse ?

La valeur des investissements thaïlandais en Suisse augmente chaque année. Parmi les entreprises thaïlandaises présentes en Suisse on retrouve le Crown Property Bureau (hôtels Kempinski), les industries sidérurgiques de Sahaviriya, S & P Syndicate Plc (restaurants), le groupe Cosmo (composants de montres), Delta Electronics, etc.

Quels conseils donneriez-vous à ceux qui souhaitent investir en Thaïlande ?

Lorsque vous êtes dans les affaires ou que vous souhaitez vous lancer, vous devez posséder une expertise et connaître les comportements du marché local et des consommateurs. Vous devez également prendre en compte les exigences légales, en particulier si vous envisagez d’investir dans des secteurs réglementés comme les services en Thaïlande. L’économie thaïlandaise est très compétitive et entrepreneuriale. Pour l’investisseur et les entrepreneurs étrangers, il est difficile d’obtenir des financements tels que des prêts bancaires pour construire votre usine ou augmenter votre capacité de production. D’un autre côté, les coûts opérationnels tels que les bureaux et le personnel sont raisonnables. 

Nous voyons beaucoup de jeunes entrepreneurs se lancer en Thaïlande qui échouent faute de financement adéquat ou par manque d’expertise du marché local. Selon moi, pour réussir, le mental et l’attitude sont essentiels. En Thaïlande, cela signifie qu’il vous faut trouver le bon partenaire commercial, la première personne que vous engagez pour la vente ou la comptabilité est cruciale et donc délicate à trouver. Ensuite, votre entreprise doit pouvoir se définir en une ligne et ne doit pas nécessiter une levée de fond importante. Ici, la culture compte énormément, les employés thaïlandais peuvent vous être très loyaux si vous les traitez avec gentillesse. Enfin, visez vos objectifs et restez simple, la complexité est l’ennemi de l’exécution. 
 

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