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A Bangkok, le Wat Pho refuse les étrangers, invoquant le risque Covid

Wat Pho coronavirusWat Pho coronavirus
Jean-Louis Duzert

"Seulement les Thaïlandais. Pour le moment, pas ouvert aux étrangers" peut-on lire sur une inscription à l’entrée du fameux Wat Pho connu pour son immense Bouddha couché aux pieds incrustés de nacre.

Selon le journal Khaosod English, il s’agirait d’une initiative venant du temple, même si le journal en langue anglaise confirme que des responsables de la ville de Bangkok et du ministère du Tourisme en ont confirmé la légalité.

Pour justifier sa démarche, le temple invoque le risque lié au Covid-19, selon le journal en langue anglaise. Et cela a suscité un certain émoi sur les réseaux sociaux, notamment parmi les étrangers résidant en Thaïlande qui ne comprennent pas en quoi ne pas être Thaïlandais présente un risque particulier de propagation d’un virus quand quasiment aucun étranger ne peut entrer dans le royaume depuis plusieurs mois et que toute personne de retour au pays est automatiquement soumise à une quarantaine obligatoire de 14 jours.

Tout près du Wat Pho, le Grand Palais et le Wat Arun sont ouverts à tous.

La Thaïlande a enregistré un nombre relativement faible d’infections au Covid-19 depuis janvier qui ont entrainé 58 décès. Sur les 3.125 cas totalisés jusqu’ici, 2.788 concernent des Thaïlandais, soit 89% de l’ensemble. Le royaume n’a pas enregistré de cas d’infection local depuis le 25 mai, et les seuls cas d’infections importées proviennent de Thaïlandais rapatriés.

Si certains se sont empressés de taxer la démarche du Wat Pho de raciste, rien n’indique une ségrégation typiquement raciale, mais plutôt nationaliste, tout au plus xénophobe, puisqu’il est manifestement question des "étrangers" au sens de "non-Thaïlandais" sans aucune référence à une quelconque race.

Mais les esprits occidentaux ont été échauffés il y a quelques mois par une série de déclarations à l’emporte-pièce en mars par le ministre de la Santé à l’encontre des "farangs", terme populaire désignant les étrangers, le plus communément les Caucasiens, et qui peut prendre une connotation péjorative selon le contexte de son emploi et la prononciation du mot.

Le ministre, Anutin Charnvirakul, avait conspué dans des termes vulgaires les farangs qui ne portaient pas le masque au début de l’épidémie de Covid-19, alors que les autorités thaïlandaises avaient appelé toute la population à le porter systématiquement dans l’espace public, offrant même des distributions gratuites. Le ministre avait même menacé de signaler voire déporter les farangs qui refusaient de s’exécuter. 

Il avait réitéré quelques semaines plus tard, lors d'une visite dans la ville de Chiang Mai, se plaignant dans deux tweets que les farangs représentaient une plus grande menace de propagation du virus que les Asiatiques car beaucoup sont mal habillés et ne se lavent jamais.

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Publié le 12 juin 2020, mis à jour le 12 juin 2020

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