AirAsia Group, l'une des cinq principales entreprises clientes de l’export européen, va cesser de prendre livraison des avions Airbus cette année et va réexaminer les commandes restantes, alors que la crise du coronavirus accroit la pression sur le transporteur malaisien.
Ce commentaire mercredi, émanant de la plus grande compagnie aérienne à bas prix d'Asie, est la dernière illustration des ravages provoqués par la pandémie de coronavirus qui freine encore davantage une demande d'avions de ligne dans le Sud-Est asiatique qui souffrait déjà d’une surcapacité.
Après des années d'expansion, AirAsia prévoit de finir 2020 avec une flotte de 242 appareils, soit un de moins que l'année dernière, a déclaré le président exécutif Kamarudin Meranun dans un communiqué.
Le transporteur malaisien est l'un des plus gros clients d'Airbus, avec 349 avions A321neo et 13 A320neo à livrer à la compagnie principale. La valeur de l’ensemble s’élèverait à environ 46 milliards de dollars au prix courant, bien que, dans la pratique, les compagnies aériennes obtiennent des remises supérieures à 50% pour des commandes aussi importantes, selon des sources du secteur.
AirAsia a commandé un total de plus de 660 avions Airbus depuis que la compagnie, partie d'une petite flotte de Boeing, a décidé de changer de stratégie il y a plus de 15 ans.
Mais dans un mouvement inhabituel, des sources du secteur ont déclaré à Airfinance Journal et à Reuters qu'Airbus avait récemment mis six avions aux enchères après avoir renoncé à ce qu'AirAsia en prenne la livraison.
Le gel des livraisons reflète l’immobilisation massive des avions AirAsia en raison des quarantaines et des restrictions de voyage, estiment des analystes.
Relations refroidies
Tout cela survient aussi alors que les relations semblent se sont beaucoup refroidies après que la compagnie aérienne s’est vue traînée dans un long scandale de corruption impliquant Airbus avant d'être blanchie par les enquêteurs locaux.
Plusieurs sources proches du dossier ont déclaré que la gestion de cette affaire a détérioré les relations entre AirAsia et son fournisseur exclusif.
"C'est la fin de la relation privilégiée entre Airbus et AirAsia", a expliqué l’une de ces sources.
Le PDG Fernandes n'a pas pu être contactée pour réagir et AirAsia n'a pas répondu aux demandes de Reuters. Airbus a pour sa part déclaré ne pas commenter les discussions avec les différentes compagnies aériennes.
Mercredi, Airbus a annoncé une perte de 8 milliards d'euros au premier trimestre, dont une amende record de 3,6 milliards d'euros pour régler les enquêtes multinationales de corruption.
AirAsia a déclaré avoir repris mercredi ses vols intérieurs en Malaisie et espérait en faire de même en Thaïlande, aux Philippines et en Indonésie en mai, sous réserve de l'approbation des autorités.
Tony Fernandes avait déclaré ce mois-ci que la compagnie aérienne était en pourparlers avec le gouvernement malaisien pour un prêt afin de l'aider à sortir de la crise.
Des sources ont également dit qu'AirAsia faisait partie des candidats à un accord avec Malaysia Airlines, le gouvernement recherchant un partenaire stratégique pour le transporteur national.
En Thaïlande, huit compagnies régulières et low-cost locales dont deux appartenant à AirAsia ont sollicité le gouvernement la semaine dernière pour obtenir des prêts a taux réduits pour une valeur totale de 25 milliards de bahts (710,22 millions d’euros) pour survivre à la situation du coronavirus selon le dirigeant d'une compagnie aérienne.
Il s’agit de Bangkok Airways, Thai AirAsia, Thai AirAsia X, Thai Lion Air, Thai Vietjet Air, Thai Smile, NokScoot et Nok Airlines.