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Expulsés, leurs maisons brulées, des Karens de Kaeng Krachan luttent

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Ian GRATTON
Écrit par S.G. et P.Q
Publié le 14 juin 2018, mis à jour le 5 septembre 2019

50.000 bahts de compensation chacun, c’est ce qu’ont obtenu mardi six Karen qui réclamaient le droit de retourner sur leur terre natale après une expulsion musclée qui s’était soldée en 2011 par l’incendie de leurs habitations situées dans le parc national de Kaeng Krachan, à l’Ouest de Bangkok. 

Six membres de la minorité Karen demandaient le droit de retourner sur leurs terres, mais c’est une compensation financière qu’ils ont reçus. Mardi, la Cour administrative suprême thaïlandaise leur a donné gain de cause en leur octroyant 50.000 bahts à chacun. 

Devenu le parc national de Kaeng Krachan en 1981, Ban Bangkloi Bon, l’endroit où été installé la communauté depuis plus de 100 ans, était la cible des autorités. Après plusieurs tentatives d’expulsion, les autorités du parc, dirigée à l'époque par Chaiwat Limlikitaksorn, ont accentué leur répression en 2011 en brûlant 90 maisons et les réserves de blés du groupe de Karen, rappelle le Bangkok Post

Depuis, six d’entre eux se battent devant la justice du royaume pour retrouver le droit d’habiter ces terres et être dédommagés du préjudice moral qu’ils ont subi. Ko-i Mimi, 106 ans, leader spirituel et parmi les plaignants, est né et a toujours vécu à Ban Bangkloi Bon, dans la province de Petchaburi. Aujourd’hui, il réclame le droit de retrouver sa terre natale avant de mourir, explique The Nation

Même si une compensation leur a été accordée, les Karens de ce village entendent donc avant tout obtenir le droit de revenir sur les terres sur lesquelles ils ont toujours vécu. Le combat juridique n’est donc pas fini, comme le souligne The Nation, les Karen cherchant désormais à prouver leur présence sur le sol de Ban Bangkloi Bon avant que l’endroit ne soit certifié parc national. 

Situé dans la province de Petchaburi, à trois heures de voiture de Bangkok, Kaeng Krachan est le parc naturel le plus vaste de Thaïlande, couvrant 2.915 kilomètres carrés. Il se situe au partage des eaux des fleuves Petchaburi et PranBuri, et abrite une faune et une flore d'une grande variété.

Proposé plusieurs fois par les autorités thaïlandaises à l’Unesco pour un classement au patrimoine mondiale, l’organisation onusienne a jusqu’ici rejeté la candidature pour différents motifs la plupart imputés à des disputes parfois violentes générées par la présence du parc national et à la façon dont les autorités du parc gèrent la protection de l’espace comme le rappelle un édito du Bangkok Post en 2016 dont l'auteur surnommait Kaeng Krachan "Chaos Park".

Outre les évictions musclées, le parc national de Kaeng Krachan et son directeur de l’époque, Chaiwat Limlikitaksorn, ont également fait parler d’eux ces dernières années avec la disparition d’un jeune activiste Karen, Porlajee Rakchongcharoen. Connu sous le nom de Billy, le jeune homme a été vu pour la dernière fois dans les bureaux du parc après avoir été arrêté par les gardes. L’enquête sur cette disparition a été abandonnée en janvier 2017 sans que le Bureau des Enquêtes Spéciales (DSI) n'ait pu déterminer ce qu’il est advenu du jeune Karen. L’ONG Human Right Watch (HRW) a depuis demandé au gouvernement la réouverture des investigations. 

Dans son communiqué, HRW regrette par ailleurs que, malgré les nombreuses allégations de violences et autres malversations imputées à Chaiwat Limlikitaksorn, ce dernier a été promu.

Publié le 14 juin 2018, mis à jour le 5 septembre 2019

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