La Cour suprême du Népal a ordonné le 21 décembre la libération de Charles Sobhraj, responsable d'une vingtaine de meurtres en Asie, principalement en Thaïlande, dans les années 1970. Il devrait être renvoyé en France sous peu
Le tueur en série français Charles Sobhraj devrait sortir dans les jours qui viennent de sa prison de Katmandou après presque 20 ans de détention, la justice du Népal ayant estimé mercredi qu'il devait être libéré pour raisons de santé.
La plus haute juridiction du pays dans lequel le tueur en série purgeait depuis 2003 une peine de réclusion à perpétuité pour le meurtre de deux touristes nord-américains, a estimé que ce dernier, âgé aujourd’hui de 78 ans, devait être libéré pour raisons de santé.
Mercredi, les juges de la Cour suprême Sapana Pradhan Malla et Til Prasad Shrestha ont ordonné que Sobhraj soit libéré et expulsé du Népal, après 19 ans de prison.
Retour au pays sous 15 jours
"La cour a ordonné que, s'il n'y a pas d'autre raison de le maintenir en prison, il soit libéré et renvoyé dans son pays dans les 15 jours", a déclaré le porte-parole de la Cour suprême, Bimal Paudel.
Les condamnés à perpétuité au Népal purgent généralement 20 ans de prison.
"Il avait déjà purgé 95% de sa peine de prison et aurait dû être libéré plus tôt encore en raison de son âge", a déclaré l'avocat de Sobhraj, Ram Bandhu Sharma, ajoutant que son client pourrait sortir de prison d'ici jeudi.
Au moins dix-huit meurtres ont été attribués jusqu’ici à Charles Sobhraj, commis en Thaïlande, au Népal et en Inde, sur le fameux “Hippie Trail” (chemin des hippies) asiatique, entre 1975 et 1976.
Mini-série sur Netflix
Se faisant passer pour un négociant en pierres précieuses, il se liait d'amitié avec ses victimes, essentiellement des jeunes routards, avant de les empoisonner pour les voler. Ce modus operandi lui a valu d’être surnommé "Le Serpent".
Le parcours macabre de Charles Sobhraj a fait l’objet de plusieurs livres et d’une mini-série à grand succès intitulée "Le Serpent", diffusée sur Netflix en avril 2021. En prison, il faisait de l'argent en monneyant des interviews.
Né le 6 avril 1944 à Saïgon (Ho Chi Minh Ville) d’un père indien et d’une mère vietnamienne, Charles Sobhraj a grandi en France où il a obtenu la nationalité française.
Il a commencé à parcourir le monde au début des années 1970. Le premier meurtre qui lui est attribué a été commis en 1975 sur une jeune touriste américaine retrouvée sur une plage de Pattaya. La plupart de ses victimes étaient généralement étranglées, battues ou brûlées.
Démasqué par une expatriée française en Thaïlande
L’entreprise diabolique du "Serpent" a été enraillée grâce à la ténacité d’un fonctionnaire de l’ambassade des Pays-Bas à Bangkok, Herman Knippenberg, et à la bravoure d’une jeune expatriée française en Thaïlande, Nadine Gires, alors voisine de Sobhraj, qui a aidé le diplomate néerlandais à réunir des preuves contre le tueur en série.
Grâce au dossier monté par Herman Knippenberg avec le concours de Nadine Gires, la Thaïlande a émis un mandat d'arrêt contre Sobhraj pour plusieurs meurtres dont celui de six femmes retrouvées sur la plage à Pattaya, ce qui lui avait valu un premier surnom du "tueur au bikini".
Mais il a réussi à s’échapper peu après son arrestation en corrompant un policier, et c’est en Inde qu’il a d’abord été emprisonné, condamné à 21 ans de réclusion pour meurtre.
Il s’évadera de sa prison au milieu des années 1980, mais sera de nouveau arrêté et renvoyé derrière les barreaux jusqu'en 1997.
Après sa libération, Charles Sobhraj retourne en France, mais en 2003, il est arrêté dans un casino de Katmandou, lors d’un voyage au Népal, où il se sait pourtant recherché. La justice népalaise le reconnait coupable du meurtre d’une jeune touriste américaine, Connie Jo Bronzich, dont le corps avait été retrouvé dans un champ de blé près de la capitale népalaise.
Sobhraj niera avoir tué l'Américaine, et ses avocats déclareront que l'accusation portée contre lui est fondée sur des suppositions.
En 2014, il sera également reconnu coupable du meurtre de l'ami canadien de Connie Jo Bronzich, Laurent Carrière, ce qui lui vaudra une condamnation à perpétuité.