Édition internationale

Thaksin Shinawatra attendu à Bangkok pour comparaître devant la justice

L'ex-Premier ministre Thaksin Shinawatra, qui vit à l’étranger depuis 2008 pour échapper à la justice de son pays, est attendu mardi à Bangkok où la police l’attendra pour l’amener devant le tribunal

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Comme lors de son retour d’exil en 2008 après un coup d’Etat, un important comité d’accueil attendra Thaksin Shinawatra le 22 août à l’aéroport Don Muang. Photo d’archives Frédéric Belge
Écrit par La rédaction de Bangkok
Publié le 22 août 2023

La police thaïlandaise a confirmé lundi que l'ancien Premier ministre déchu par un coup d’Etat en 2006 arriverait en Thaïlande mardi matin par avion privé.

Thaksin Shinawatra encourt des peines de prison pour trois affaires dans lesquelles il a été condamné par contumace par la Cour suprême.

Outre la police, un important comité d’accueil composé de sa famille, d’une foule de partisans et de nombreux journalistes doit l’attendre à l'aéroport de Don Mueang, où son jet privé en partance de Singapour doit atterrir vers 9 heures du matin.

Un important dispositif policier a été mis en place pour l’accueillir et l’escorter depuis l’aéroport ainsi que sur le parcours vers le tribunal où sont attendus des centaines de ses supporters, dont beaucoup ont fait le déplacement à Bangkok depuis la province, selon la presse locale.

Les policiers devraient d’abord conduire Thaksin Shinawatra au quartier général de la Division 2 de la police métropolitaine de Bangkok pour enregistrer son arrivée avant de le présenter devant la Cour suprême où il doit entendre les jugements dans les trois affaires pour lesquelles il a été reconnu coupable. Il devrait ensuite être transféré à la maison d'arrêt de Bangkok.

Dans un pays connu pour ses nombreux coups d'Etat, Thaksin Shinawatra est le seul homme politique thaïlandais à avoir été élu Premier ministre une deuxième fois (en 2005) après avoir achevé un mandat. Mais cet ancien policier devenu magnat des télécommunications s’est laissé croire à l’époque qu’il pouvait gouverner sans le soutien des élites traditionnelles. Et son attitude jugée désinvolte, voire arrogante parfois, vis-à-vis de l’establishment, lui a attiré les foudres de ce dernier. À partir de 2005, ce personnage dénoncé par ses ennemis comme corrompu et irrespectueux de la couronne, a été confronté à des grandes manifestations de rue pendant plusieurs mois avant de se faire évincer par un coup d’Etat militaire en septembre 2006, puis d'être condamné par la justice. Son parti, le Thai Rak Thai, a été dissous en 2007 par la Cour constitutionnelle, ainsi que la réincarnation de ce dernier, le Palang Prachachon, en 2008. Son parti se nomme aujourd'hui le Pheu Thai.

Entre 2001 et 2019, les partis de Thaksin ont remporté toutes les élections législatives. Mais cette année, c’est un nouveau parti anti-establishment, le Move Forward, qui s’est imposé devant le Pheu Thai. Ce parti largement soutenu par une jeunesse thaïlandaise en quête de grands changements de société est perçu comme une menace encore plus grande pour l’establishment militaro-royaliste.

Et ce dernier, qui a tenu le pouvoir pendant neuf ans dont 5 avec une junte militaire, a modifié en 2017 la Constitution pour pouvoir contrôler la formation du gouvernement à l’issue des élections.

Cela lui a permis d’écarter le candidat du parti vainqueur, Pita Limjaroenrat, qui n’a pas réussi à se faire élire en juillet par les représentants des deux chambres du Parlement dont un tiers a été nommé par les putschistes. Cela au profit du parti Pheu Thai arrivé deuxième lors du scrutin législatif du 14 mai dernier. Contrairement à ses promesses de campagne, le Pheu Thai a mené ces dernières semaines des tractations avec les partis des anciens putschistes pour s’assurer leur soutien lors de la prochaine séance de vote pour élire le Premier ministre.

Or, le retour de Thaksin intervient le même jour où le Parlement se réunit pour élire le Premier ministre, alimentant les spéculations quant à un possible pacte entre ces partis pour permettre à l’ancien Premier ministre de bénéficier d’une certaine mansuétude voire d’une amnistie, une fois son parti au pouvoir.

Le Move Forward a fait savoir qu’il ne soutiendrait pas le Pheu Thai, son ancien partenaire de coalition, lors du vote mardi, soulignant que le peuple thaïlandais, à travers le scrtin du 14 mai, avait clairement exprimé son désir d'en finir avec la période militaro-royaliste.

Le 14 mai, le Move Forward et le Pheu Thai, considérés jusque-là comme des parti anti-establishment, ont rassemblé à eux seuls 66% des voix, infligeant une humiliante défaite à ceux qui s’étaient imposés au pouvoir par un putsch neuf ans plus tôt.

Dimanche, un sondage NIDA révélait d'ailleurs que deux tiers des Thaïlandais étaient opposés à la présence de militaires dans la coalition réunie par le parti Pheu Thai.

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