Pattaya devrait accueillir des touristes étrangers sans quarantaine à partir du 1er novembre, mais les espoirs d’une réelle reprise se portent sur 2022. D’ici-là, la ville mise sur le tourisme local.
Après un report d’un mois, la Thaïlande devrait ouvrir sans quarantaine obligatoire à partir du premier novembre cinq nouvelles provinces aux voyageurs de l’étranger vaccinés contre le Covid-19, a réaffirmé un porte-parole du gouvernement, samedi.
Il s’agit de Bangkok, Chiang Mai (districts de Muang, Mae Rim, Mae Taeng et Doi Tao), Prachuap Khiri Khan (district de Hua Hin), Phetchaburi (district de Cha-am) et Chon Buri (districts de Pattaya, Bang Lamung et Sattahip).
Dans la célèbre station balnéaire de Pattaya, on y voit bien entendu le signe positif d’un nouveau pas vers la réouverture du pays, après l’ouverture en juillet de Phuket et de Samui.
Pour autant, les atermoiements successifs des autorités et les conditions d’entrée et de séjour, encore inconnues à ce jour, font craindre une haute saison touristique 2021 relativement atone, repoussant à l’année prochaine les espoirs d’une réelle reprise avec des flux consistants de voyageurs étrangers.
"Encore une saison sans véritables voyageurs étrangers"
Pour le président de l’Association des hôtels de la région Est, Phisut Sae-Khu, le report de la réouverture de Pattaya au 1er novembre a affecté la confiance des voyageurs, et il s’attend à ce que les touristes étrangers programment leurs vacances ailleurs qu’en Thaïlande cette année.
“Cela signifie que Pattaya passera probablement encore une saison touristique sans véritables voyageurs étrangers. Les seuls qui viendront seront les Thaïlandais et les expatriés”, confiait Phisut Sae-Khu au média anglophone local PattayaMail.
Sur l’ensemble du pays, l’Office du tourisme thaïlandais (TAT) s’attend à accueillir seulement 100.000 visiteurs étrangers cette année. Loin des 40 millions de touristes annuels avant le Covid-19.
En 2019, la ville de Pattaya enregistrait à elle seule entre 800.000 et 1 million de visiteurs par mois en haute saison.
Incertitudes officielles
“Les autorités nous font perdre espoir”, commente Christophe Germez propriétaire du restaurant Natan’s situé à quelques pas de la plage de Jomtien. “Nous avons l’impression qu’ils changent d’avis tous les jours en proposant de nouvelles formules pour venir en Thaïlande. Je suis un peu désespéré!”, ajoute celui qui a ouvert son restaurant en 2008.
Pour Gérard Porcon, propriétaire des résidences de services pour sénior Mandara, le gouvernement mise tellement sur Phuket que les autres villes comme Pattaya sont mises de côté. “Nous n’avons toujours pas d’information concrète pour venir à Pattaya. La quarantaine pour les touristes vaccinées devrait être supprimée. La clientèle de Pattaya, ce sont surtout des gens modestes, les conditions pour venir ont un coût, et si en plus il faut rester quelques jours dans un hôtel pour faire une quarantaine, ça refroidit les gens”, précise le septuagénaire.
Avant le Covid-19, Le Mandara avait dès le mois de septembre 80% de ses chambres réservées pour la haute saison, de novembre à février. Cette année, il confie ne pas atteindre les 10%. “Nos clients, des seniors, ont généralement besoin d’assistance ou de soins infirmiers, ils ne peuvent pas effectuer de quarantaine dans un hôtel sans une assistance et, à l’heure actuelle, cette assistance n’est pas autorisée”, déplore Gérard Porcon.
Outre le flou sur les conditions pour venir à Pattaya, un certain nombre de restrictions encore en place peuvent rebuter les voyageurs : couvre-feu à 22 heures, fermeture des bars et interdiction de vente d’alcool dans les restaurants.
“L’interdiction de vente d’alcool est terrible pour les restaurateurs et cela installe de nouvelles habitudes", regrette Christophe Germez. "On voit que les gens dînent de plus en plus chez eux, organisent des dîners avec des amis à la maison. Je garde l’espoir que nos habitués vont revenir pour nous soutenir, mais là en termes de couverts, je fais 80% de moins qu’avant le Covid”, dit-il.
Marasme économique et social à Pattaya
Rues désertes, hôtels et restaurants fermés, boutiques à vendre ou à louer, le centre autrefois animé de Pattaya, en particulier la nuit, ressemble désormais à une ville fantôme, comme la plupart des sites touristiques qui étaient quasi-entièrement tournés vers les étrangers.
La mise sous cloche du pays fin mars 2020 a brutalement asséché la manne étrangère, et la situation a empiré depuis le mois d’avril, avec une troisième épidémie de Sars-CoV-2 bien plus forte que les précédentes, qui a également bloqué le peu qu’apportait le tourisme domestique.
La crise sanitaire s’est transformée pour une partie du pays en véritable marasme économique et social rappelant la crise financière de 1997-98 avec des millions de personnes sans emploi et sans aucune source de revenus.
Pour venir en aide aux plus démunis, diverses actions de solidarité organisées par des locaux et des résidents étrangers se sont mises en place dès 2020 alors que les aides de la part des autorités sont insuffisantes.
Le Suisse Olivier Gachoud a initié dès le mois d’avril 2020 des distributions de repas à Pattaya sur ses fonds propres ainsi qu’en faisant appel à la générosité de donateurs. Au total, avec l’aide d’expatriés et de Thaïlandais, plus de 50.000 repas ont été distribués pour plus de 1.250.000 bahts. Cette entraide devait prendre fin le 1er novembre, mais le futur est trop incertain, explique Jean-Pierre Barbier, coordinateur des opérations de distribution.
“Nous avons encore besoin de sponsors, car la situation pour les Thaïlandais qui vivaient grâce au tourisme est catastrophique et ce n’est pas parce qu’ils annoncent la réouverture de la ville que le tourisme va redémarrer tout de suite. M. Gachoud a donné beaucoup d’argent, malheureusement ce ne peut être pour une durée infinie”, souligne le Français qui réside à Pattaya depuis 2003.
Le tourisme domestique à la rescousse
Mais si une reprise du tourisme international de masse semble encore lointaine, le tourisme domestique devrait apporter un certain réconfort.
Avec les derniers assouplissements de mesures sanitaires, Pattaya et les stations balnéaires voisines de Ban Saen ou Koh Larn voient en effet depuis le mois de septembre une augmentation du tourisme domestique pendant les week-ends, principalement des Bangkokois qui ont étouffé pendant de longues semaines sous les restrictions.
Lors du long week-end du 24 au 26 septembre, entre 5.000 et 7.000 vacanciers ont embarqué à bord des ferries pour se rendre sur l’île de Koh Larn.
Pour séduire et attirer les touristes locaux, la municipalité de Pattaya prévoit d’organiser plus d’événements avec des festivités étendues pour Loy Kratong le 19 novembre, un festival de feux d’artifice les 26 et 27 novembre et bien entendu son décompte du Nouvel An.
Le gouvernement thaïlandais a également prévu de lancer prochainement une campagne incitative similaire à celle initiée l’an dernier, "Tiaw Doay Karn" (Voyageons ensemble), permettant aux Thaïlandais de bénéficier de 50% de rabais dans les hôtels et les restaurants.