La fermeture du temple de Preah Vihear il y a trois mois, au début de la crise frontalière entre le Cambodge et la Thaïlande a sérieusement affecté l'économie locale. Mais l'aggravation des tensions entre les deux pays fait maintenant peser des inquiétudes sur leurs relations économiques
La plupart des vendeurs de souvenirs installés autour de Preah Vihear se sont mis à vendre des tee-shirts militaires (Photo Emmanuelle MICHEL)
111.728 visiteurs entre octobre 2007 et juin 2008. Zéro depuis fin juin. Les statistiques d'entrée dans le parc national thaïlandais qui donne accès au temple de Preah Vihear parlent d'elles-mêmes. La fermeture du site archéologique à cause des tensions frontalières avec le Cambodge est un coup dur pour le secteur touristique de la province de Si Sa Ket, dont Preah Vihear constitue l'attraction majeure. Premiers touchés, les vendeurs de souvenirs autrefois installés sur l'escalier menant aux ruines. Il y a deux mois, ils ont dû déménager pour s'installer sur un parking à une dizaine de kilomètres, juste avant le point de contrôle militaire qui barre désormais l'accès au site
La plupart se sont mis à vendre des tee-shirts militaires, beaucoup plus dans l'air du temps. "Nous avons encore quelques clients locaux, mais je gagne deux fois moins d'argent qu'auparavant", précise l'une des marchandes. Autour d'elle, les petits restaurants n'ont plus pour clients que les soldats et les journalistes couvrant les événements. A une trentaine de kilomètres, dans la ville frontière de Kantharalak, Sukchada Ronri, propriétaire d'une supérette concède que les affaires tournent au ralenti : "La situation économique globale est mauvaise, et ces tensions sont une source d'inquiétude supplémentaire. Je connais des gens qui n'arrivent plus à joindre les deux bouts".
Des hommes d'affaires thaïlandais ont fui le Cambodge
Depuis le clash de mercredi dernier, qui a fait deux morts chez les soldats cambodgiens et plusieurs blessés chez les Thaïlandais, l'inquiétude se propage le long de la frontière, bien loin de Preah Vihear. Le lendemain de l'incident, le volume de marchandises thaïlandaises passant la frontière entre Aranyaprathet et Poipet (Cambodge), avait ainsi chuté de 30%. Les agences de voyage thaïlandaises proposant des excursions aux temples d'Angkor sont touchées par les annulations de touristes étrangers qui pensent que la frontière avec le Cambodge est fermée. Elle est en fait toujours ouverte à Aranyaprathet, avec des contrôles plus renforcés. Les joueurs thaïlandais fréquentant les casinos cambodgiens auraient quant à eux commencé à se rabattre sur les établissements birmans.
En dehors des seules zones frontalières, les liens économiques entre la Thaïlande et le Cambodge pourraient pâtir des tensions à Preah Vihear. Des hommes d'affaires se trouvaient parmi les quelques 400 Thaïlandais qui ont fui le Cambodge la semaine dernière, craignant une répétition des émeutes anti-thaïlandaises de 2003. "Si le conflit continue ou s'étend, il entraînera d'énormes pertes économiques pour les deux côtés", a mis en garde Niyom Wairatpanij, le président de la Chambre de commerce thaïlandaise. En 2008, la balance commerciale de la Thaïlande avec le Cambodge est excédentaire de 26 milliards de bahts (760 millions de dollars), en hausse de 52% par rapport à 2007.
Emmanuelle MICHEL (http://www.lepetitjournal.com/bangkok.html) mardi 21 octobre 2008
Des discussions Somchai-Hun Sen annoncées pour cette semaine
Le Premier ministre thaïlandais Somchai Wongsawat devrait rencontrer son homologue cambodgien Hun Sen en fin de semaine à Pékin, en marge du sommet Europe-Asie, pour tenter de trouver une solution à la dispute frontalière. Somchai prévoit de quitter Bangkok ce jeudi, pour le sommet qui se tiendra vendredi et samedi. A la suite de l'incident du 15 octobre, la Thaïlande et le Cambodge ont annoncé la mise en place de patrouilles communes pour apaiser les tensions, mais cette décision n'a pas encore été appliquée. Une rencontre des responsables militaires des deux pays, qui devait avoir lieu aujourd'hui à Siem Reap au Cambodge, a finalement été repoussée à la fin de la semaine. E.M. (LPJ - 21/10/2008)
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