Malgré des déclarations rassurantes des autorités dimanche soir, la marée noire qui s'est formée le 27 juillet au large de la province de Rayong, a souillé une plage de l'île touristique de Koh Samet.
Environ 300 militaires et villageois s'attelaient, lundi 29 juillet, au nettoyage de la plage d'Ao Phrao située sur l'île touristique de Koh Samet (Golfe de Thaïlande) touchée depuis la fin du weekend par une marée noire. Samedi, suite à une brèche sur un oléoduc, quelque 50.000 litres de pétrole brut ont été relâchés en mer, à environ 20 kilomètres au large des côtes de la province de Rayong.
"Ça recouvre environ 300 mètres de plage. C'est beaucoup", a déploré Soomet Saitong, responsable du parc national de Khao Laem Ya, qui comprend l'île de Samet. Certains visiteurs ont écourté leurs vacances sur l'île, populaire auprès des résidents de Bangkok qui viennent y passer leurs week-ends. "Il y a des taches de pétrole juste devant la plage. Les clients commencent à partir", a indiqué un employé de l'hôtel Ao Phrao.
Christophe Galian, un expatrié français, joint au téléphone par lepetitjournal.com le 29 juillet au soir, a évoqué quant à lui, un déploiement "impressionnant" des équipes de nettoyage et il lui semblait que la pollution était assez "contenue et localisée" à un endroit de l'île. Lundi, la plage de Ao Phrao et le parc national ont été fermés au public, le temps que la situation se rétablisse.
PTT Global Chemical, filiale du géant public PTT, avait indiqué dimanche que dix navires étaient engagés dans le nettoyage et s'était dit confiante dans sa capacité à maîtriser le sinistre. D'ailleurs, dans la soirée du 28 juillet, PTT et la marine thaïlandaise avaient même déclaré que tout danger était écarté. Les faits leur ont donné tort.
Dénonçant une "énorme fuite", Greenpeace a de son côté appelé la Thaïlande lundi à mettre un terme à
l'exploitation pétrolière dans le Golfe. "Le golfe de Thaïlande, garde-manger du pays, est depuis longtemps sous la menace de marées noires le long des voies de transport, aux points de chargement et déchargement des pétroliers ou en raison des centaines d'opérations de forages", a souligné Ply Pirom, membre de l'organisation, estimant que les eaux thaïlandaises avaient été victimes de plus de 200 déversements de pétrole en 30 ans.Les défenseurs de l'environnement se sont pour leur part inquiétés de l'impact du pétrole mais aussi des produits chimiques utilisés pour le disperser. "Les principaux dommages seront causés aux coraux et à la chaîne alimentaire des poissons", a souligné Srisuwan Janya, président de l'ONG Stop Global Warming Association.??"C'est la marée noire la plus importante dans la province", a de son côté estimé Puchong Saritdeechaikul, directeur du Centre de conservation des ressources marines et côtières, qui dépend du gouvernement. "C'est la première fois que cela se produit sur l'île de Samet".
Un député de l'opposition : "PTT a caché la vérité"
Lundi soir, un responsable de la société PTT n'excluait pas que d'autres plages du littoral puissent être, dans un futur proche, souillées par les hydrocarbures. Les professionnels de la pêche de la région entendent demander un dédommagement à PTT pour le préjudice subi. Le groupe incriminé a présenté officiellement ses excuses le 29 juillet pour les dommages occasionnés et a admis, par la voix d'un de ses principaux responsables, sa responsabilité dans cette catastrophe.
Dans le Bangkok Post, le député démocrate de la province de Rayong ne décolérait pas pour autant. Pour Satit Pituthecha, "PTT a caché la vérité" sur l'ampleur du désastre écologique. L'élu dit que l'incident va être très préjudiciable pour l'environnement et l'économie touristique locale. Il affirme que si seuls 50.000 litres de pétrole avaient été relâchés, alors les premières opérations de nettoyage auraient suffi à circonscrire la marée noire. Le fait que la nappe touche la côte est la preuve, selon lui, que la quantité déversée en mer est bien plus importante qu'annoncée. Satit a aussi blâmé "l'inaction" du gouvernement dans ce dossier, "incapable de prendre la mesure du problème."
LB avec AFP mardi 30 juillet 2013