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Coalition du changement officialisée en Thaïlande le jour anniversaire du coup d’Etat

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LPJ Bangkok.com (archives)

Une coalition menée par le parti progressiste thaïlandais Move Forward a signé lundi un accord sur les orientations du gouvernement qu’elle entend former sans mention de la loi de lèse-majesté

Une alliance de huit partis menée par le parti progressiste thaïlandais Move Forward a signé lundi un accord ambitieux énonçant un programme de travail en 23 points sur lesquels les partis ont promis de travailler ensemble s’ils parviennent à faire élire leur candidat au poste de Premier ministre et former un gouvernement.

Parmi les sujets listés figurent des projets tels que rédiger une nouvelle Constitution, mettre fin aux monopoles ou encore autoriser le mariage homosexuel. Mais aucune mention n’est faite du projet d’amendement de la loi de lèse-majesté, cher au Move Forward et qui constitue un point de blocage absolu aux yeux de la plupart de ses alliés.

Les deux principaux partis d'opposition, Move Forward et Pheu Thai, ont dominé le scrutin de la semaine dernière mettant au jour le désaveu populaire vis-à-vis des partis conservateurs de l’establishment militaro-royaliste qui contrôle le gouvernement depuis le coup d'État de 2014.

Terrain d'entente

Ils espèrent pouvoir former un gouvernement de coalition avec les six autres partis qui ont tous signé l'accord sur les objectifs.

"Le but de ce protocole d'accord est de rassembler des agendas communs que nous convenons de faire passer au gouvernement et au Parlement. Il s'agit de notre responsabilité collective", a déclaré Pita Limjaroenrat, le chef de Move Forward, lors d'une conférence de presse donnée à l'issue de cette journée de négociations.

Celui qui est candidat au poste de Premier ministre au nom de cette coalition a souligné que "tous les partis peuvent proposer leurs propres politiques mais ils ne doivent pas violer cet accord à travers les ministères" .

Cette signature a eu lieu le jour anniversaire du dernier coup d'État militaire. Le putsch mené en 2014 par le Premier ministre sortant, Prayuth Chan-O-Cha, contre le gouvernement élu de Yingluck Shinawatra, du Pheu Thai, avait marqué le début d'une longue période de neuf années de gouvernance pro-militaire à laquelle les vainqueurs du scrutin du 14 mai dernier entendent bien mettre fin.

Journée hautement symbolique pour le camp de la démocratie

Move Forward est apparu comme le vainqueur surprise de ces élections. Le parti fondé l’année même du coup d’Etat a remporté le plus grand nombre de sièges à la chambre basse avec le soutien de nombreux jeunes électeurs enthousiasmés par un programme en rupture avec les intérêts de certains grands groupes et institutions conservatrices, dont notamment le projet d’amendement de la sacro-sainte loi de lèse-majesté qui punit toute insulte perçue envers la monarchie par de longues peines de prison.

Mais les autres membres de l'alliance ont fermement exprimé leurs réserves sur ce dernier point. Le pacte signé lundi n'incluait d'ailleurs pas de proposition de réforme de la loi de diffamation royale. Il soulignait en revanche le statut du pays "en tant que démocratie sous le régime de la monarchie constitutionnelle, et le statut inviolable du monarque".

Pita Limjaroenrat a déclaré lundi que, sur cette question de l’amendement de la loi de lèse-majesté, son parti serait seul, mais que les efforts se poursuivraient pour faire en sorte que cette loi pénale ne soit plus instrumentalisée à des fins politiques ou autres. Parmi les changements envisagés, Move Forward souhaite d’ailleurs entre autres faire que seul le bureau du Palais royal puisse porter plainte pour lèse-majesté. Aujourd’hui, n’importe quel citoyen thaïlandais éligible peut déposer une plainte.

Rassurer les sénateurs sur le projet de reforme de la loi de lèse-majesté

Pita Limjaroenrat a déclaré lundi qu'il chercherait à rassurer les sénateurs, dont la coalition a besoin du soutien pour le faire élire Premier ministre et former un gouvernement, sur les intentions de son parti vis-à-vis de cette loi perçue par beaucoup d’entre eux comme une protection légitime et intouchable de la royauté.

"Nous avons une équipe pour expliquer comment l'amender afin qu'elle ne puisse pas être utilisée comme un outil politique (...) cela apaisera l'inquiétude des sénateurs", a-t-il déclaré aux journalistes.

Un militant royaliste a déposé lundi une plainte contre Move Forward auprès de la commission électorale pour ses projets de modification de la loi, arguant que cela constituait une nuisance pour la monarchie.

Le programme de Move Forward préservé pour une bonne partie

Quoiqu’il en soit, l'accord de la coalition inclue la plupart des politiques phares de Move Forward, telles que la décentralisation du pouvoir et du budget et "l'annulation des monopoles et le soutien d'une juste concurrence dans tous les secteurs".

Il vise également l'armée, appelant à mettre fin au service militaire obligatoire et à réformer les forces armées ainsi que le système judiciaire et la fonction publique.

L'armée thaïlandaise a organisé 13 coups d'État depuis la fin de la monarchie absolue en 1932 et la confrontation entre les généraux et les politiciens et les militants civils est source d’une instabilité récurrente depuis plusieurs décennies.

L'alliance de partis s’est également engagée à mener des réformes dans des domaines tels que les allocations sociales et l'éducation, à œuvrer en direction d’une politique étrangère équilibrée et à poursuivre l’adoption d’une loi sur l'usage du cannabis, que la Thaïlande a dépénalisé l'année dernière avant d’avoir posé un cadre légal adéquat, suscitant une certaine confusion.

La coalition de huit partis totalise à ce jour 313 sièges à la chambre basse qui en compte 500 en tout. Mais une loi adoptée par la junte militaire avant les élections de 2019 prévoit que 250 sénateurs nommés par ses soins votent aussi pour élire le Premier ministre. Cela signifie que la coalition de Pita Limjaroenrat a besoin du soutien de 376 membres du Parlement. Sachant qu’il sera difficile de convaincre les membres du Sénat mis en place par le pouvoir conservateur.

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