L'économie de la Thaïlande se redresse et son système financier reste stable dans son ensemble, mais la dette des ménages et l’inégalité de la reprise présentent des risques, selon la banque centrale.
Le produit intérieur brut (PIB) de la Thaïlande a augmenté de 0,9% comme prévu en décembre, malgré les craintes liées au variant Omicron, a indiqué la Banque de Thaïlande (BOT) qui prévoyait une croissance de 0,7% pour 2021.
L'économie thaïlandaise évolue progressivement dans la bonne direction, a déclaré samedi la directrice de la communication de la BOT, Chayawadee Chai-Anant.
Les exportations, l’un des moteurs de l’économie, se portent bien tandis que le réchauffement de la confiance des entreprises et les mesures d'incitations fiscales mises en place en octobre ont incité le secteur privé à investir davantage dans les machines, les équipements et les infrastructures, a-t-elle indiqué.
Le ministre thaïlandais du Commerce estime que les exportations en 2021 devraient afficher une croissance de 16% et qu’elles pourraient atteindre 3 à 4 % en 2022. Il s’attend par ailleurs à ce que les créations d’entreprises en 2021 augmentent de près de 14%, comme le rappelle le Bangkok Post.
L'ouverture au tourisme, élément crucial de la reprise
La Banque de Thaïlande a toutefois souligné l’importance pour la Thaïlande de continuer à s'ouvrir aux touristes étrangers et de prolonger les programmes de relance afin de relever le pouvoir d’achat des consommateurs et remonter le moral des ménages, alors que le prix des denrées alimentaires a augmenté temporairement en raison des inondations, et que la facture énergétique reste élevée en raison de la flambée des prix du pétrole.
Le royaume avait ouvert ses frontières sans quarantaine aux voyageurs de plus de 60 pays en novembre, mais les autorités sanitaires ont décidé le 21 décembre de revenir en arrière pour au moins deux semaines, en raison des craintes vis-à-vis du nouveau variant du Sars-CoV-2, Omicron. Le comité chargé de gérer la situation du Covid-19 (CCSA) doit se réunir ce mardi pour réévaluer la situation et se prononcer de nouveau sur la question.
Cette décision de rétablir la quarantaine obligatoire pour les voyageurs de l’étranger a été prise en réponse au vent de panique provoqué dans le monde par les annonces alarmistes d’institutions telles que l’Organisation Mondiale de la Santé sur le risque Omicron, le nouveau variant du Sars-CoV-2, ajoutant à l’incertitude quant à la reprise économique dans le royaume, ne serait-ce que sur le premier trimestre 2022.
La Banque centrale, fin décembre, a d’ailleurs revu à la baisse ses prévisions de croissance pour 2022, estimant désormais que le PIB thaïlandais devrait atteindre les 3,4% de croissance cette année contre 3,9% auparavant. Le ministère thaïlandais des Finances ainsi que la Banque Mondiale tablent toutefois respectivement sur 4% et 3,9%.
Endettement record des ménages, un facteur de risque
La reprise économique demeure inégale, en particulier dans les secteurs liés au tourisme, s’est inquiété vendredi le directeur de la BoT, Don Nakornthab, soulignant qu'un autre risque majeur pour l’économie du pays est le fort endettement des ménages qui a continué d'augmenter au troisième trimestre.
Le montant de la dette des ménages s'élevait en effet à 14.350 milliards de bahts (380 milliards d’euros) fin septembre, contre 14.280 milliards fin juin, soit 89,3 % du produit intérieur brut (PIB) - le ratio dette/PIB, parmi les plus élevés d'Asie, reste toutefois inchangé par rapport au trimestre précédent.
Il s’agit du plus fort taux d'endettement des ménages pour le royaume depuis que la banque centrale a commencé à en faire le suivi en 2003.
Le système financier thaïlandais "reste stable"
Alors que la crise causée par la panique sanitaire mondiale a mis sur le carreaux des dizaines de milliers d'entreprises, de petits commerces et d'activités indépendantes, nombres de ménages thaïlandais on du mal à boucler leurs fins de mois et ne peuvent donc plus assurer le remboursement de leurs crédits.
Le gouvernement a distribué pour plusieurs centaines de milliards de bahts d’aides afin d’atténuer l'impact de l'épidémie, et a promis de poursuivre son effort en 2022, mais force et de constater que cela ne suffit pas à compenser les dommages causées par la crise.
Le fardeau croissant de la dette constitue un risque majeur pour la consommation privée qui compte pour la moitié du PIB de la Thaïlande, et menace également de nuire aux revenus des prêteurs eux-mêmes qui pourraient voir croitre le nombre de leurs débiteurs insolvables.
Cependant, la BOT a déclaré dans un communiqué que les banques commerciales et autres institutions financières sont pour l'heure suffisamment solides pour faire face à l'incertitude, disposant de liquidités nécessaires pour soutenir le crédit et la reprise.