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La Banque de Thaïlande inquiète de la fragilité accrue de l’économie

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Reuters

Lors d’une réunion mardi, la Banque de Thaïlande a mis en évidence un certain nombre de points de faiblesse de l’économie et du système financier thaïlandais sur lesquels la 3e épidémie a tapé fort

Le système financier thaïlandais a été rendu plus vulnérable par les chocs provoqués par la troisième épidémie de coronavirus et un certain nombre de risques économiques importants persistent, révélait mercredi un compte rendu de réunion de la banque de Thaïlande (BoT).

La dernière épidémie de Sars-Cov2 survenue en Thaïlande début en avril est de loin la plus importante à ce jour dans le royaume, avec plus de 88.000 cas positifs et 584 morts du Covid-19. Elle a entrainé trois fois plus d’infections que les deux premières réunies et six fois plus de décès.

Le 5 mai, le comité de politique monétaire a laissé le taux directeur inchangé au niveau record de 0,50%, cela pour la huitième fois consécutive, afin de soutenir une économie qui, déjà atone avant l’apparition du coronavirus, a été trainée par la pandémie et des mesures sanitaires strictes dans une récession sans précédent depuis la grande crise financière asiatique de la fin des années 90.

Le maintien du taux vise à conserver une certaine marge de manœuvre à utiliser au moment le plus opportun, explique la minute.

Croissance thaïlandaise sous les 2%

Les perspectives de reprise de l'économie thaïlandaise vont inévitablement être repoussées compte tenu de l'impact de la dernière épidémie survenue à un moment où beaucoup pensaient être au bout de leurs peines et s’apprêtaient à voir enfin la lumière au bout du tunnel.

Les dernières prévisions économiques pour 2021 de la banque centrale prédisaient fin mars une croissance à 3%, mais il est fort probable que ce taux soit revu à la baisse lors de sa prochaine réunion le 23 juin.

Le Conseil national de développement économique et social (NESDC), cette semaine, a revu à la baisse ses prévisions de croissance à 1,5%-2,5% contre 2,5% à 3,5%, et l'Université de la Chambre de commerce thaïlandaise prédisait déjà fin avril une croissance sous la barre des 2% cette année après une contraction de plus de 6% l'an dernier.

"Bombe à retardement"

"La troisième vague d'épidémie a accru les disparités en termes de reprise économique d’un secteur à l’autre, rendant le marché du travail beaucoup plus vulnérable", indique la minute de la banque centrale qui ajoute qu’après plus d’un an de vache maigre, nombres de ménages et d’entreprises, surtout les PME et plus encore celles dans le tourisme, sont arrivées au bout de leur capacité d’accéder à des prêts, et se trouvent dans une situation financière des plus précaires en l'absence prolongée de revenus.

"La situation financière des ménages thaïlandais s’est fragilisée, comme en témoigne le fort déséquilibre entre leur niveau d'endettement et leurs revenus, un ratio relativement élevé par rapport à d'autres pays", souligne la BoT.

A propos du niveau de l’endettement des ménages thaïlandais, le Bangkok Post parlait en début de semaine de "bombe à retardement", soulignant une part préoccupante de "mauvaises" dettes.

Vaccination et mesures de relance

Sur le court terme, le comité de politique monétaire de la banque centrale thaïlandaise estime que la clé de la reprise économique pour le royaume réside dans l’accélération de l'achat et la distribution de vaccin anti-Covid, et la mise en œuvre par le gouvernement de mesures ciblées et effectives au moment le plus opportun pour accélérer la relance.

Mardi, le cabinet a approuvé un nouvel emprunt de 700 milliards de bahts (18,2 milliards d’euros) pour atténuer l'impact de l'épidémie, alors que son emprunt initial de 1.000 milliards de bahts est presque épuisé.

L'emprunt de 1.000 milliards de bahts (26,05 milliards d’euros) contracté l’an dernier par le gouvernement pour atténuer l'impact de la crise du Covid-19 a été quasi entièrement utilisé.

Ce nouvel emprunt de 700 milliards devrait permettre d’ajouter 1,5 point de croissance à la Thaïlande, a déclaré le ministère thaïlandais des Finances dans un communiqué.

En revanche, cela va inévitablement alourdir la dette publique du pays pour la faire passer à 58,56% du produit intérieur brut fin septembre, contre 54,28% en mars. Un ratio qui se tient toujours en sous de sa limite des 60%, a souligné le ministère.

Se préparer pour une nouvelle économie post-Covid

Le Comité estime que la crise du Covid-19 est en train de chambouler la structure de l'économie thaïlandaise et l’ordre d’importance des moteurs de croissance sur le long terme. Le compte-rendu note par exemple que la reprise sera inégale d’un secteur à l’autre, en particulier pour le secteur du tourisme qui a sans aucun doute été le plus durement touché.

Il met également en évidence les inégalités de revenus déjà abyssales qui vont très probablement s’accroitre encore, avec un certain nombre de travailleurs qui pourraient connaitre de longues périodes de chômage, ainsi que la situation financière de nombreux ménages qui ne va faire qu’empirer. 

"De tels facteurs appellent de nouveau la nécessité de mettre en place des politiques de réformes structurelles pour élever le potentiel de croissance à long terme de l’économie thaïlandaise", souligne le comité.

"Créer les conditions favorables pour permettre aux entreprises d’ajuster leur modèle économique ainsi que qu’élever le niveau de formation et reconvertir la main-d'œuvre pour l'adapter à l'environnement post-COVID-19 et favoriser une reprise économique durable avec de meilleures perspectives de revenus sur le long terme".

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