L'Alsacien Marc Delval parcoure les routes du monde depuis 2004. C'est à vélo que ce sexagénaire à décidé de traverser les continents. A ce jour, il compte déjà 95.000 kilomètres au compteur de son deux-roues et ne compte pas s'arrêter en si bon chemin. LePetitJournal a rencontré cet homme à l'énergie encore intacte
Tout part d'une série télévisée lorsqu'à l'âge de 12 ans, Marc Delval se prend de passion pour la saga "Globe-Trotteurs" [qui met en scène, entre autre, le comédien français Yves Rénier, NDLR]. A partir de là l'idée d'un tour du monde ne le quitte plus. Néanmoins le temps passe, la vie fait son chemin, l'homme s'enfonce dans une routine confortable et pantouflarde. Mais à 47 ans, au détour d'un miroir il se rend compte qu'il ne supporte plus de voir sa vie s'immobiliser inexorablement. Et ses 106 kilos en sont un symbole qu'il faut casser. Il décide alors de se prendre en main. Il se met alors à la course à pied dans les rues de sa région avant de concourir, deux ans plus tard, pour le Marathon de Paris puis le triathlon de Nice et le Ironman, par définition "homme de fer". Toujours plus loin, Marc enchaîne les compétitions de sport mêlant course, natation et vélo, activité qui deviendra son grand amour.
Son rêve de gosse se transforme alors en réalité. Marc Delval l'a décidé, il traversera le monde à dos de bicyclette.
"Le vélo est un excellent moyen d'être acteur de son voyage et pas seulement spectateur. Il permet d'aborder la population simplement et d'établir un contact privilégié", écrit-il dans sa communication e-mail avec ses amis et soutiens. Il est important de préciser toutefois que Marc ne parle pas l'anglais !
C'est parti pour la grande aventure!
Qu'on se le dise, un voyage autour du monde ça se prépare. Et Marc l'a bien compris. Tour des consulats, renseignements au préalable et autres démarches administratives, pour l'alsacien, "le voyage c'est 80% dans la tête". Et pas question de jeter l'argent par les fenêtres, il s'est d'ailleurs fixé un budget de 350 euros par mois "manger et dormir voilà où je dépense mes sous".
Ce tour du monde, l'Alsacien à l'accent bien prononcé, le fait par étapes. En 2002 et en trois mois, il relie les Caraïbes, Cuba et la Martinique comme un test avant les choses sérieuses. Tout commence réellement en 2004 quand il enfourche son vélo à la recherche de sensations nouvelles. Son voyage débute alors par le Canada, attiré depuis toujours par les paysages. Il ambitionnait d'ailleurs, plus jeune, de visiter l'Alaska, Ushuaïa ou encore le Kirghizistan, toujours pour la beauté des lieux. Malgré le poids des sacoches qu'il trimbale, 60 kilos au total, et les difficultés rencontrées, notamment en montagne, le voyage ne s'arrête pas là. En 2006, il traverse le Mexique, à pied cette fois, le sac sur le dos. L'année suivante, remonté en selle, il rejoint Pékin après être parti de Hong-Kong. Puis la côte-est des États-Unis. En 2010, il monte jusqu'au cap Nord en Norvège, fait son pèlerinage de Malaga à Bayonne, dormant dans des auberges de jeunesse ou chez l'habitant, sous sa tente ou un abri de fortune. Ses histoires, qu'il aime raconter, remplissent vingt classeurs, et ce n'est pas seulement pour son propre plaisir "les gens me disent que je réalise leur rêve".
Cap sur l'Asie du Sud-Est
Celui qui ne dépasse pas les 80kms de route par jour par principe, rejoint ensuite l'Asie du Sud-Est, toujours bien accompagné de celui qu'il considère comme sa voiture, sa maison, mais aussi sa femme. Il visite le Vietnam, où il est chaleureusement accueilli, le Cambodge, puis la Thaïlande. "Contrairement à la frontière exotique lao-cambodgienne ici on ne me demande pas de payer 2 dollars pour l'encre ou le tampon. Mais quel choc de passer en Thaïlande ! Les pickups tout neufs sont légions, la route est nickelle". Telles sont les premières impressions du sexagénaire. Un passage qui lui donne l'impression de revenir à la civilisation et il l'avoue "ça ne me plaît pas!".
Il débute par le parc national de Khao Yai où il passe 4 jours dans la jungle et 3 jours de bivouac, avant de rejoindre la Province de Saraburi et le Wat Phra Phutthabat Ratchaworamahawihan et son empreinte de pas de Bouddha qu'il trouve "un peu trop grosse" à son goût. S'ensuit Lopburi, qu'il qualifie "d'inimaginable". La ville où les singes sont rois lui a d'ailleurs causé quelques désagréments "de nombreux singes se sont précipités sur mon vélo pendant mes prises de vues, résultat au retour, stickers arrachés, compteur HS et protection des cornes du vélo déchiquetées". Mais ces légers soucis ne lui empêchent pas de continuer son périple. Il roule jusqu'à Ayutthaya, Suphanburi ou encore Kanchanaburi. Au total, ce n'est pas moins d'une dizaine de villes qu'il traverse avant de rejoindre Bangkok où il a posé ses valises dans une petite guest-house proche de Khao San Road.
"Par rapport aux pays précédents, la Thaïlande fait beaucoup plus civilisé, mais les gens sont très sympa", dit-il.
Après Bangkok, Marc est descendu plein sud, vers Phuket ou il a passé une journée entière à arroser à tout-va avec les locaux. "C'était incroyable, j'ai passé la journée, de 9h du matin à 7h le soir à jouer avec les gens, j'en avais des courbatures au bras, à force d'arroser !". Puis ce fut les iles de Krabi, Trang et Satun. "Je n'avais pas prévu d'aller dans les iles, mais j'ai roulé plus vite que d'habitude [faisant parfois plus de 150 kilomètres par jour soit deux fois la limite qu'il s'est fixé] gagnant 4-5 jours d'avance sur mon planning. J'y retrouve un peu l'esprit des autres pays [de la région]. Ici, on me dit plus souvent bonjour qu'ailleurs en Thaïlande. On m'a dit que c'était là un avant-goût de la Malaisie".
La suite ? Elle est déjà bien planifiée. Marc quittera le pays du sourire le 25 avril pour rejoindre la Malaisie par bateau depuis Satun. "Je serais resté une semaine de plus dans les iles", nous a-t-il dit mercredi via Skype, "mais mon visa se termine le 26?"
Marc a prévu de consacrer un peu plus d'un mois à la Malaisie, avant d'aller à Singapour ou il se rendra pour répondre à l'invitation d'amis résidents dans la cité état rencontrés au Laos. Ce sera ensuite l'Indonésie, avant de s'envoler depuis Bali pour l'Australie, la Nouvelle-Zélande et la Polynésie française. Son périple devrait s'achever pas l'Ouest américain.
Au final il aura atteint, une fois la ligne d'arrivée franchie, pas moins de 110.000 km, traversé 33 pays d'Europe et pas moins de 66 pays à travers le monde.
Un périple extraordinaire qui devrait s'achever courant du mois de juillet 2015 à Vancouver, là où tout à commencé. L'après ? Il ne l'a pas encore envisagé mais ce sera à Blodelsheim, sa ville d'origine.
Par Laura BUDULIG jeudi 24 avril 2014