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3 QUESTIONS - Jean-Marie Pithon, CCE : faire reconnaître les entreprises françaises de droit local

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Jean-Marie Pithon, vice-Président de la section Thaïlande des CCE, est aussi le directeur et fondateur de Dextra Co.Ltd, une PME de droit thaïlandais (photo courtoisie Dextra Co. Ltd)
Écrit par La rédaction de Bangkok
Publié le 9 novembre 2009, mis à jour le 8 novembre 2019

Faire reconnaître le poids des entreprises françaises de droit étranger : c'était l'objectif des conseillers du commerce extérieur français (CCEF) des pays de la région, réunis le mois dernier à Singapour. Jean-Marie Pithon, vice-Président de la section Thaïlande des CCE, revient sur cette initiative qui tend à la création d'un vrai réseau

Lepetitjournal.com : Quel est le problème que vous avez souhaité soulever lors du forum ?
Jean-Marie Pithon : L'administration économique est principalement intéressée aux entreprises françaises en France et au commerce extérieur, c'est-à-dire à ce qui est exporté de France. Cependant, du fait de la mondialisation, de plus en plus d'entreprises sont créées par des Français à l'étranger : elles seraient 150.000 dans le monde. C'est un réseau puissant mais sous-utilisé. Lors du forum, nous avons souhaité mieux décrire la réalité de ces entreprises et en quoi elles méritent que la France s'y intéresse aussi. Nous voulons les recenser, mieux les connaître pour mieux les utiliser, et ainsi contribuer à développer la richesse de la France. C'est le thème du livre blanc que nous avons fait transmettre au ministre du Commerce extérieur pour alimenter sa réflexion.

Lepetitjournal.com : En quoi ces entreprises contribuent-elles à créer de la valeur ajoutée pour la France ?
Jean-Marie Pithon : D'abord, ces entreprises tirent le commerce extérieur. Elles sont des têtes de pont pour les exportateurs français, qui peuvent les prendre comme agents ou distributeurs locaux. Ensuite, elles embauchent des Français. Par exemple dans le cas de Dextra Co. Ltd, nous en employons 25. Donc ces entreprises payent aussi des cotisations sociales, des retraites et de l'épargne en France. Ces flux monétaires sont captés par la balance des paiements mais ne sont pas identifiés. Créer un réseau, à l'image de ce que font les Allemands, les Japonais ou les Coréens, faciliterait l'implantation des PME françaises à l'étranger. Hors de France, les français ont plutôt tendance à se faire concurrence qu'à s'allier, ce qui limite nos chances dans la compétition internationale. Essayons de travailler en équipe ! A terme, ces entreprises françaises de droit étranger pourraient aussi, pourquoi pas, toucher des aides notamment lorsqu'elles embauchent un Français et contribuent ainsi à la diminution du chômage.

Lepetitjournal.com : Pourquoi l'administration économique française n'utilise-t-elle pas ce réseau ?
Jean-Marie Pithon : Les obstacles sont surtout administratifs : l'administration ne sait pas comment travailler avec ces entreprises de droit étranger aux niveaux comptable, fiscal et légal. Prenez l'exemple des Volontaires internationaux en entreprises (VIE) : en raison de ces difficultés d'ordre technique, les entreprises françaises de droit étranger ne peuvent pas en embaucher. Ainsi, nous nous privons d'un débouché pour l'emploi. Avant le forum, nous avons réalisé une enquête: 82 entreprises de la région Asean y ont répondu et 60% ont accepté de déclarer leur chiffre d'affaire. Globalement ce chiffre d'affaire, partiel donc, s'élève déjà à 320 millions d'euros. Ces compagnies embauchent aussi 7.900 employés, parmi lesquels 343 français. Nous voulons donc attirer l'attention de l'administration sur le fait que ces entreprises françaises existent et qu'il faut apprendre à les connaître. Ce sera un processus long, mais je pense que l'idée fait petit à petit son chemin. Nous sommes aussi en butte à des problèmes culturels : les Français sont assez nombrilistes et ne s'intéressent pas trop à ce qui se passe hors de France, même quand il s'agit de compatriotes...
Propos recueillis par Marie NORMAND (http://www.lepetitjournal.com/bangkok.html) lundi 9 novembre 2009

Lire aussi notre interview du Président de la section Thaïlande des CCEF, Paul Dumont

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