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INTERVIEW – Paul Dumont, Président des Conseillers du Commerce Extérieur Français de Thaïlande

Écrit par Lepetitjournal Bangkok
Publié le 2 novembre 2009, mis à jour le 2 novembre 2009

La Thaïlande traverse certes une double crise, mais le paysage des affaires n'est pas aussi noir qu'il ne paraît. C'est en tout cas le message que font remonter vers Paris les Conseillers du Commerce Extérieurs Français (CCE). Le président de la section Thaïlande, Paul Dumont, nous parle des CCE et de leur perception de la situation dans le royaume

Paul Dumont Président &CEO de Francom Asia et Président de la Section Thaïlande des Conseillers du Commerce Extérieur (CCEF) (Photo Pierre QUEFFELEC)

Lepetitjournal.com : Quel est le rôle des Conseillers du Commerce Extérieur ?
Paul Dumont : Les Conseillers du Commerce extérieur (CCE) existent déjà depuis 111 ans. A l'origine, cette institution était faite pour lutter contre le protectionnisme, mais maintenant il s'agit davantage de donner le goût de l'international aux Français et notamment aux jeunes. Nous sommes 29 [CCE] en Thaïlande, nommés par les pouvoirs publics pour 3 ans, 400 en Asie et, au plan international, cela représente 4.000 personnes dans plus de 100 sections. Nous sommes tous des "bénévoles payants", dans la mesure où, pour faire partie de l'association, on paie une cotisation.
Souvent, on dit que les CCE représentent essentiellement les grands groupes mais ce n'est pas tout à fait vrai puisqu'à Bangkok, si la moitié des conseillers proviennent effectivement de groupes comme Bouygues, Carrefour, Alstom ou EDF, le reste de la section ce sont aussi des personnes qui dirigent des PME.
Nous avons trois missions principales, la première est de conseiller les pouvoirs publics, soit, au plan local, la mission économique (Service Economique de l'Ambassade de France) et l'ambassade pour tout ce qui a trait au commerce extérieur de la France, qui d'ailleurs pourrait aller mieux. On se réunit en moyenne une fois par mois avec la mission économique et l'ambassadeur. Chacun fait, dans son domaine respectif, le tour de son secteur d'activité. Nous le faisons aussi au niveau régional : tous les 18 et 24 mois, on se réunit entre CCE d'Asie du Sud-Est.
Nous sommes des gens de terrain, donc, nous sommes [aussi] censés aider les entrepreneurs français qui s'intéressent au marché thaïlandais, qui le prospectent avant de s'y implanter. Il nous arrive très régulièrement, moi et mes collègues, de recevoir [de tels entrepreneurs]. Et comme nous représentons des secteurs très différents, on peut les renvoyer vers [les bonnes personnes].
Et puis l'on s'intéresse aussi aux jeunes, notamment aux Volontariat International en Entreprise (VIE), puisque cela fait partie aujourd'hui d'une politique structurée du secrétariat d'état au Commerce extérieur. C'est donc la raison pour laquelle depuis deux ans, avec la mission économique et en association la Chambre de Commerce, on a créé en 2008 le premier grand prix VIE Thaïlande (lire aussi à ce sujet notre article du 29 juillet 2008 VIE : un engagement d'avenir pour les jeunes diplômés).

Lepetitjournal.com : Que diriez-vous sur la situation économique thaïlandaise et sur les entrepreneurs français ?
Paul Dumont : Nous avons eu une réunion des CCE d'Asie du Sud-Est les 5 et 6 octobre à Singapour. Pendant ces deux jours, nous avons eu l'occasion de comparer la situation des uns et des autres. De ce point de vue là je suis revenu un peu rasséréné.
Parce que quand on regarde la Thaïlande par rapport aux autres pays de la région en termes de cadre juridique et réglementaire, d'infrastructures, de modalité de paiement - le risque pays en général -, hormis Singapour, où tout est parfait, la Thaïlande sort plutôt en tête du peloton.
Il y a aussi le plan de relance de 29 milliards d'euros. En gros, ce plan, c'est sur trois ans ce que la France a fait en 2009. Ce ne sont pas les mêmes économies, donc c'est très significatif. Et je crois que c'est le plan de relance le plus important de la région. Cela devrait donc avoir des effets positifs.
Et puis [cette réunion] nous permet aussi de nous rencontrer avec les autres conseillers de la région, de voir que finalement en Thaïlande non seulement la communauté d'affaires française est stable, mais même plutôt en augmentation. (...) Il y a semble-t-il des entreprises qui s'intéressent à la Thaïlande et vont s'y implanter. Nous avons vu aussi que la part de marché de la France sur les 6 premiers mois de l'année reste certes modeste aux alentours de 1%, mais s'est plutôt raffermie. De ce point de vue là, par rapport à d'autres pays comme l'Indonésie, les Philippines et la Malaisie, on voit que la Thaïlande, malgré le risque politique, s'en sort plutôt bien.

Lepetitjournal.com : N'y a-t-il pas une certaine méconnaissance de ces aspects positifs ?
Paul Dumont : Si, complètement, mais c'est un peu la faute des médias internationaux. Je comprends pourquoi on est obligé de simplifier, mais ces histoires de chemises jaunes et de chemises rouges c'est trop simplificateur. Bon, la Thaïlande a un problème de succession à régler et qu'elle règlera mais je pense qu'il ne faut pas exagérer le risque politique. C'est ce dont nous avons discuté à Singapour et cela semble faire l'objet d'un consensus. [Les CCE de Thaïlande] se réunissent tous les mois, et l'on fait y compris pendant les évènements de décembre et d'avril. Est-ce que cela nous a empêché de travailler ? Pas véritablement. Les manifestations à Bangkok sont circonscrites à une petite zone, du côté de la maison du gouvernement, cela ne nous touche donc pas vraiment. Mais les médias ont tendance à grossir le trait : quand on parle de guerre civile latente, on en est quand même très très loin.

Lepetitjournal.com : Les CCE peuvent-ils avoir un impact sur ce "problème"de communication ?
Paul Dumont : Oui, car nous faisons remonter des informations vers les pouvoirs publics, c'est-à-dire l'ambassade et le gouvernement. Puis certains d'entre nous ont des contacts avec les médias français. Moi-même, lorsque j'entends quelque chose que je trouve outrancier sur la Thaïlande, je prends contact avec la radio ou la chaîne de télé concernée en France et il m'est arrivé de répondre à quelques interviews. Certes, la Thaïlande est touchée par la crise, un peu comme tous les pays, en plus elle ajoute un conflit politique qui dure maintenant depuis quatre ans et demi, mais on peut quand même faire du business en Thaïlande. Et lors d'une interview, j'ai dit "aujourd'hui je continue de signer des contrats, en Thaïlande". Nous faisons remonter une information plus terrain, plus micro-économique, et cela montre que tout n'est pas perdu. A Singapour, lorsque l'on écoute les exposés des uns et des autres sur leurs pays respectifs, il ressort que laThaïlande est un vrai marché. C'est un pays qui est à plusieurs titres comparable à la France puisqu'on a la même population, la même superficie avec certes des degrés de développement différents, mais c'est un vrai marché. Contacter Paul Dumont par courriel
Propos recueillis par Quentin WEINSANTO (http://www.lepetitjournal.com/bangkok.html) lundi 2 novembre 2009

Le commerce avec la Thaïlande en quelques chiffres
? La Thaïlande est un pays comparable à la France, tant par sa superficie (514.000 km2) que par sa population (65,5 millions d'habitants)
? Plus de 10.000 Français résident en Thaïlande, travaillant dans de multiples secteurs de l'industrie et des services.
? On compte en Thaïlande environ 350 entreprises françaises, dont 60 grands groupes et près de 300 PME, qui emploient plus de 70.000 personnes
? Les échanges commerciaux bilatéraux entre la France et la Thaïlande ont représenté plus de 3 milliards d'Euros en 2008
? Il y a plus de 3.000 entreprises françaises qui exportent vers la Thaïlande

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Publié le 2 novembre 2009, mis à jour le 2 novembre 2009

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