

Prix du meilleur album àAngoulême cette année, Notes pour une histoire de guerre de Gipi relate le quotidien de trois adolescents pendant un conflit qui pourrait avoir lieu ànos portes. Ce bel album signe l'arrivée en France du travail d'un dessinateur déjàreconnu en Italie
Gipi : un narrateur hors pair qui sait construire un récit solide et captivant
Il n'est pas si fréquent que la bande dessinée italienne parvienne jusqu'ànous. Elle le fait aujourd'hui au plus haut niveau, avec les parutions, chez différents éditeurs, des ?uvres de Gipi. Ainsi, Les innocents est publiépar Vertige Graphic, Le local est disponible chez Gallimard, tandis qu'Actes Sud, récemment arrivédans le monde de la BD, obtient son premier Prix du Meilleur Album àAngoulême avec le magnifique Notes pour une histoire de guerre.
Il s'agit de l'histoire de trois adolescents qui tentent tant bien que mal de se débrouiller entre deux bombardements de villages. Leur pays, dont on ignore le nom, nous est très proche. L'ex-Yougoslavie peut être, mais pourquoi pas la France ou l'Italie ?
En rupture de famille, ils traînent la campagne et rencontre Felix, un truand charismatique, profiteur de guerre, qui les enrôle et les envoie racketter en ville.
Grisaille nuancée
Notes pour une histoire de guerre n'est pas un album de genre, avec figures militaires et violences spectaculaires. Toute sa force tient au contraire àla grande proximitédu conflit qu'il décrit et àl'évidence quotidienne de sa façon de le raconter.
Pt'it Kalibre, Christian et Julien, le narrateur, ne sont, àdes degrés différents, que de petites frappes qui suivent le cours des évènements. Ils ne viennent pas tous les trois du même milieu et ont des personnalités assez différentes. On les suit au plus près pendant une période bousculée de leur vie.
S'il tient le romanesque àdistance, Gipi n'en est pas moins un narrateur hors pair qui sait construire un récit solide et captivant. Son trait, dont le souci principal n'est pas de faire joli, impose subtilement la duretéd'une ambiance trempée de lavis aux gris nuancés. La traduction des albums de cet auteur quarantenaire en pleine possession de ses moyens est une heureuse initiative, fort justement récompensée.
Jean Marc JACOB. (LPJ) 27 mars 2006
Notes pour une histoire de guerre (Actes Sud BD) 114 pages ? 22€
Le local (Gallimard ? collection Bayou) ? 112 pages ? 30 €
Les innocents (Vertige Graphic) ? 34 pages ? 9€
Egalement en librairie - BD

Lui aussi lauréat d'Angoulême en 2004, Manu Larcenet revient avec le troisième volume du Combat ordinaire, une série personnelle et introspective oùl'auteur met ànu le quotidien et les névroses d'un alter ego photographe. Il vient cette fois de perdre son père et doit faire face au désir d'enfant de sa compagne. Une belle chronique contemporaine, qui peine toutefois àse renouveler et est un peu àl'étroit dans son format.
? Lupus ? T4 ? Frederik Peeters (Atrabile) : Suite et fin des aventures contemplatives et spatiales de Lupus oùnos héros terminent leur huis clos dans une station orbitale balnéaire désaffectée. Si l'album est un peu abrupt dans sa dernière partie, les personnages, les dessins noir et blanc, les cadrages et les gros plans silencieux de Peeters sont toujours aussi magnétiques.
? Forever ma s?ur ? Florence Dupréla Tour (Michel Lagarde) : Avec Forever ma s?ur, il faut saluer la naissance des éditions Michel Lagarde qui présentent quatre premiers petits volumes soignés, dont ce titre espiègle de Florence Dupréla Tour. Elle raconte l'adolescence de deux s?urs jumelles, drôles et fans de jeux de rôle, bourgeoises aspirant àse délurer. Un graphisme parfois un peu trop lâchémais un sympathique album de souvenirs. (LPJ ? 27 mars 2006)






































