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Zabou Breitman nous parle de son métier de réalisatrice

Zabou Breitman NZ film festivalZabou Breitman NZ film festival

Le French Film Festival débute ce soir à Auckland dans le contexte que l'on connait. Du grand classique au film contemporain, mais aussi de la Comédie, de l’Amour, du Drama… L'occasion, pour tous les amoureux de cinéma, de se remettre à rêver tout en se changeant un peu les idées. Si Zabou Breitman, invitée d’honneur de cette nouvelle édition ne fera finalement pas le déplacement, Le Petit Journal Auckland a eu la chance toutefois de pouvoir évoquer avec elle son métier de réalisatrice à travers notamment son long métrage d’animation « Les Hirondelles de Kaboul », une œuvre singulière et touchante.

Adapté du roman du même nom de Yasmina Khadra, "Les Hirondelles de Kaboul" (2002), ce film d’animation, co-réalisé par Zabou et Eléa Gobbé-Mévellec, raconte l’oppression des Talibans sous la perspective d’une résistance artistique.

Cette œuvre adopte de une approche innovante l'animation en tournant l’ensemble du scénario avec des acteurs en costume avant de peindre à l’aquarelle la version animée. Ces décisions techniques et créatives ont permis d’atteindre un niveau d’intimité souvent absent des films d’animation, avec l’inclusion des rythmes et improvisations des acteurs dans le montage final.

Le Petit Journal Auckland : L’icône National du cinéma Néo-Zélandais, Taika Waititi a gagné cette année un oscar pour la meilleure adaptation pour son film Jojo Rabbit. (C’est sa mère qui lui fait découvrir ce livre.) Racontez-nous votre rencontre avec ce livre « Les Hirondelles de Kaboul », son histoire, ses personnages ?

Zabou Breitman : Un producteur est venu me trouver avec une première adaptation des Hirondelles de Kaboul. J’ai lu cette adaptation avant le livre, puis ai refait l’adaptation d’après le travail que j’envisageais à partir du dessin et du style d’illustration que j’avais choisie.

Que représente pour vous le travail d’adaptation ?

C’est difficile de le dire ainsi, mais la trahison s’impose dans une adaptation, en tout cas du respect mal placé peut ne rien sortir d’autre qu’une copie pâle et fade. C’est donc un mélange inextricable entre l'oeuvre d’un auteur et notre nous intime.

L’adaptation n’en finit pas là puisque c’est une histoire animée, racontée à travers le dessin. Comment se passe le travail avec votre co-réalisatrice Eléa Gobbé-Mévellec d'une part et la mise en scène, la direction d’acteurs d'autre part ?

L’écriture ne s'achève réellement qu’avec ceux qui diront les mots et leur manière, leur voix, leurs hésitations, leur rythme. J’ai fait ce travail de mon côté, la direction et le choix des acteurs, mais aussi le processus de travail qui fut particulier, puisque j’ai demandé à ce que les acteurs « jouent » sans texte, en costumes toutes les scènes, comme pour un film ou une pièce, dans un studio d’enregistrement.

La bande son a précédé l’animation. Les animateurs ont dû « entrer » dans les acteurs, car leurs mouvements étant filmés ils ont pu se repérer à une subtilité de mouvement, loin de gestes plus conventionnels. Elea a du reporter à tous les animateurs de respecter ce « système » tout en gardant une animation extrêmement artisanale en 2D image par image. Son travail d’archives et de documents a été considérable.

 

zabou breitman hirondelle de kaboul
L'auteure Eléa Gobbé-Mévellec et la réalisatrice Zabou Breitman

 

Une histoire écrite par un auteur Algérien, qui se passe à Kaboul, adaptée en France et projetée jusqu’ici en Nouvelle Zélande, c’est ça aussi la magie du cinéma ? Cette possibilité de faire voyager une histoire dans une salle obscure ?

N’oublions pas que l’histoire est bien écrite en français! Je n’ai pas traduit ça! Au contraire j’ai tenu à ce qu’il y ait du Farsi dans les bruits de foule, ou les discussions en arrière plan, en demandant à des acteurs afghan de s’en charger.

Les hirondelles de Kaboul, est une tragédie humaine dans la quête de la liberté mais également un récit plein d’espoir, d’amour. Est-ce, ce message d’espérance que vous souhaitez transmettre ?

Toujours. En ça ce n’est pas une tragédie au sens premier. Oui j’ai besoin qu’une porte s’ouvre à la fin, j’ai besoin de croire que la culture sauve les peuples, et  si j’avoue avoir « trahi » la fin, différente du livre, je n’ai pas trahi Yasmina Khadra dont c’est aussi la conviction profonde.

 

Hirondelles de kaboul auckland

 

French Film Festival 2020
Du 12 mars au 5 avril 2020 dans 16 villes de Nouvelle-Zélande
+ d'infos : frenchfilmfestival.co.nz

 

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